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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Les déclarations de Mgr Molinas lors des voeux du clergé de Toulon à Mgr Rey

Les déclarations de Mgr Molinas lors des voeux du clergé de Toulon à Mgr Rey

Nous avions relayé, voici quelques semaines, un texte de Jean-Pierre Maugendre sur le départ de Mgr Rey. Dans ce texte, il était prêté à Mgr Molinas, ancien vicaire général et ancien directeur du séminaire du diocèse, des propos assez lestes. Depuis, Jean-Pierre Maugendre a corrigé ainsi:

Mgr Molinas avait noté dans un langage plus châtié que ce qui m’avait été rapporté dans un premier temps : « Nous ne sommes pas des enfants ni des canards sauvages nés de la dernière couvée. Nous sommes des hommes et de surcroît des prêtres (…) Il nous arrive d’aller nous promener dans nos villes, dans nos villages ou encore dans nos campagnes. Il arrive aussi que, ce faisant, nous mettions malheureusement le pied dans une…crotte ! Alors, que faire ? Continuer de marcher au risque d’être incommodé par la mauvaise odeur jusqu’au bout du chemin et de disperser la crotte tout au long de la route ? Non ! Il vaut mieux s’arrêter, nettoyer son pied aussi bien que possible et ensuite seulement reprendre sa marche. Je pense que c’est aujourd’hui une nécessité pour notre diocèse. »

A la demande de Mgr Molinas, je suis heureux de publier le texte complet de l’intervention qu’il avait faite à l’occasion des voeux du clergé à Mgr Rey, le 7 janvier 2025 (ce texte comprend plusieurs séquences successives, indiquées par les “m’adressant” ou “me tournant” qui sont naturellement de Mgr Molinas lui-même).

Guillaume de Thieulloy

 

M’adressant à l’ensemble de l’assemblée :

Vous savez qu’il m’est difficile de ne pas faire allusion, d’une manière ou d’une autre, à mon pays natal, l’Algérie. Aujourd’hui encore vous allez devoir supporter que je vous en parle. Tant pis pour ceux que ça dérangerait. (Rires dans l’assemblée).

Il y a peu, je me suis rendu compte que, plus ou moins consciemment, durant des années après le début de notre exode, je m’interdisais d’être heureux… Pourtant la France, notre mère-patrie comme nous l’appelions, est un beau pays. J’étais souvent séduit par ses paysages, ses villes, ses villages… mais alors même que j’étais sur le point de succomber à son charme, j’avais un mouvement de rejet. L’émigré que j’étais ne pouvait se permettre d’être heureux parce qu’il avait perdu son pays.

Les choses ont commencé à changer avec mon entrée au séminaire. Grâce à l’Eglise et entrainé par la vocation au sacerdoce auquel je me sentais appelé, je commençais à prendre racines. Cet enracinement ne fit plus aucun doute lorsque nommé curé de Barjols dès ma sortie du séminaire, je me retrouvais pasteur d’une petite portion du peuple de Dieu dans ce diocèse. Oui, désormais je me sentais provençal et… Pied-Noir toujours, bien sûr ! (Rires dans l’assemblée)

Il était donc possible de devenir, d’être prêtre provençal sans renier ses origines. En quoi donc l’accueil de vocations ou de prêtres étrangers au diocèse serait nocif ou dangereux ?

On a prétendu que les prêtres de ce diocèse étaient divisés. C’est faux ! Je revois tous ces rassemblements de prêtres œuvrant dans notre diocèse, les journées de formation, la marche annuelle des prêtres initiée par notre évêque Mgr Rey, les pèlerinages des prêtres selon les tranches d’âges et ces rassemblements occasionnés par les ordinations où tous les prêtres quelle que fut leur origine, leur spiritualité ou leur communauté se retrouvaient dans une joie fraternelle fruit de leur sacerdoce commun.

Que nous est-il arrivé ?

Recteur du séminaire j’ai eu à accueillir une première visite fraternelle. Mgr Aveline archevêque de Marseille et Métropolitain de la Province apostolique Provence-Corse-Côte d’Azur resta 24 heures dans notre séminaire. Au terme de sa visite il manifesta oralement sa satisfaction, même si quelques points devaient être repris. Nous eûmes ensuite la visite de Mgr Bataille accompagné du Frère Narcisse, dominicain. Ils sont restés parmi nous une semaine. Là encore les conclusions étaient positives, le frère Narcisse relevant dans son rapport écrit « l’excellence de l’enseignement donné à La Castille ».

Alors quoi ? Pourquoi nous enlève-t-on notre évêque ?

Nous ne sommes pas des enfants ni des canards sauvages nés de la dernière couvée. Nous sommes des hommes et de surcroît des prêtres.

M’adressant à l’ensemble de l’assistance : « Vous me connaissez, vous savez que j’ai un langage direct et imagé ».

Puis, me tournant vers Mgr Touvet : « Monseigneur, en conclusion de votre propos tout à l’heure, vous avez dit : « Maintenant l’Eglise reprend la route. » Oui, bien sûr, et c’est heureux.  Mais, peut-être faut-il tenir compte, tout de même, de ce que nous avons vécu ces trois dernières années.  Il m’est venu à l’esprit une sorte de métaphore. Il nous arrive d’aller nous promener dans nos villes, dans nos villages ou encore dans nos campagnes. Il arrive aussi que, ce faisant, nous mettions malencontreusement le pied dans… une crotte ! Alors, que faire ? Continuer de marcher au risque d’être incommodé par la mauvaise odeur jusqu’au bout du chemin, et de disperser la crotte tout au long de la route ? Non ! Il vaut mieux s’arrêter, nettoyer son pied aussi bien que possible et, ensuite seulement, reprendre sa marche. Je pense que c’est aujourd’hui une nécessité pour notre diocèse.

M’adressant toujours à Mgr Touvet : « Mgr, lors d’un entretien que vous m’aviez accordé peu de temps après votre arrivée dans notre diocèse, je vous ai dit que je vous serai loyal. Je tiendrai ma promesse, dans le vrai sens du terme. Et je ferai tout mon possible pour vous aider dans l’accomplissement de votre mission. »

Puis, me tournant vers Mgr Rey : « Monseigneur, nous sommes tristes de vous voir partir dans de telles conditions. Durant 16 ans j’ai œuvré à vos côtés comme vicaire général.  Je vous remercie pour l’évêque que vous avez été à la tête du diocèse de Fréjus-Toulon. »

Mgr Jean-Yves MOLINAS

Prélat d’honneur de sa sainteté le Pape

Vicaire général émérite

Doyen du Chapitre cathédral

 

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1 commentaire

  1. Ça y est !
    Je viens de comprendre !
    Une ” visite fraternelle : c’est une visite de frères !

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