Dans une note envoyée au chef de l’Etat, le président du groupe LRM à l’Assemblée, Gilles Le Gendre, l’alerte sur la dégradation de sa relation avec les 303 députés macronistes (contre 314 en début de mandat).
Si le Gendre refuse de commenter, l’un des lecteurs de cette note déclare :
« Le Gendre met en garde sur la nécessité de recréer un lien fort entre le président et le groupe ». « Elle est dans le constat négatif. Il n’y a pas beaucoup de propositions ». « Il n’est pas malsain qu’un “warning” soit lancé ». « Cela a un peu tangué dans le groupe en cette rentrée ».
Le 16 septembre, Emmanuel Macron s’est adressé aux parlementaires de la majorité réunis au ministère des relations avec le Parlement au sujet de l’immigration. Plusieurs députés ont critiqué cette intervention.
« Ce moment a marqué une rupture : avant, les députés ne s’en prenaient jamais au président ».
L’entretien accordé en octobre sur le même sujet à Valeurs actuelles a un peu plus déstabilisé les troupes.
Le 13 novembre, le député du Nord Jennifer de Temmerman a quitté le groupe macroniste pour protester contre un « discours politique à charge contre les migrants ».
Le gouvernement a en tout cas été « battu » à plusieurs reprises ces dernières semaines par sa propre majorité. Ainsi du vote sur un amendement favorisant fiscalement l’huile de palme, rejeté le 15 novembre par les « marcheurs » contre l’avis de l’exécutif ; ou du maintien du prêt à taux zéro, le même jour.
« Ce n’est plus comme lors de la première année du quinquennat où les députés votaient comme un seul homme. La majorité challenge le gouvernement désormais. »
Le député LRM du Rhône Bruno Bonnell ajoute :
« La première année, on a appris la technique de notre métier. La seconde a été une formation à la politique, accélérée grâce aux “gilets jaunes”. Désormais, chaque député se sent légitime à dire ce qu’il pense, y compris s’il n’est pas d’accord ».
Le député de la Somme Barbara Pompili note :
« Il y a un vrai blues dans les rangs. Après avoir été en première ligne face aux “gilets jaunes”, de plus en plus de députés de la majorité vivent mal de ne pas être écoutés par l’exécutif. Certains le disent bruyamment, en partant ou en émettant des critiques ; d’autres viennent de moins en moins à l’Assemblée. »
Un absentéisme croissant aussi bien lors des réunions de groupe que lors des votes dans l’Hémicycle.
Et cela ne va ps s’arranger, avec les élections municipales de mars 2020, qui provoquent des rivalités et des frustrations. Le Monde note que la 2e partie du quinquennat risque d’être compliquée. La réélection aussi.