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France : Politique en France

Les devoirs des autorités civiles

Les devoirs des autorités civiles

De Jean-Pierre Maugendre dans l’Appel de Chartres :

« Malheur à celui qui est seul, et qui tombe sans avoir un second pour le relever » (Ecclésiaste, IV, 10) La parole de l’Ecclésiaste nous rappelle une vérité observable par tous : un certain nombre de biens matériels et immatériels, ne sont accessibles à l’homme que dans la mesure où ils lui sont transmis par d’autres hommes. Personne ne peut prétendre être à l’état de l’art dans tous les métiers qui rendent la condition humaine à peu prés vivable. Qui aurait l’audace de prétendre être, à la fois et de manière pertinente : agriculteur, boulanger, cuisinier, maçon, électricien, plombier, tailleur, professeur, médecin, etc.

Il est de la nature de l’homme de vivre en société

C’est pour répondre à ces besoins, divers et variés, qu’il est de la nature de l’homme de vivre en société. Sans omettre une dimension supplémentaire, profondément ancrée au cœur de chacun : le besoin d’aimer et d’être aimé. Pour cela encore faut-il être, au moins deux !

Ainsi disposé, naturellement, à vivre avec ses « amis » (socius en latin) l’être humain organise la vie commune, les sociétés sont des amitiés nous dit Aristote. Cependant cette vie en commun n’est pas qu’une vie sociale, elle est une vie politique : l’homme est un animal politique. Cela signifie que ne pèse pas sur la vie des hommes en société le même déterminisme absolu que celui qui frappe les sociétés animales. Le mode d’organisation d’une fourmilière ou d’une ruche, aujourd’hui, est identique à celui qu’il était il y a des siècles ou des millénaires. Il n’en est pas de même de la société des hommes. Bien peu de points communs unissent, à travers le temps et l’espace, l’Athènes de Périclès, la Chine des Han, l’empire Monomotapa, la France de Louis XIV et celle d’Emmanuel Macron.

Destinés à vivre en société les hommes sont ainsi, et par ce moyen, appelés à parvenir à la plénitude de leur être, conformément à leur vocation. Or toute vie en société exige la mise en place de règles qui définissent les droits et les devoirs de chacun au service du bien commun. Les autorités civiles sont en charge de la mise en place de ces règles et doivent veiller à leur respect pour le bien de tous.

Les règles de la vie en société

Deux règles fondamentales sont alors en prendre en compte.

La neutralité de l’Etat et des autorités civiles est un leurre. Toute organisation de la vie sociale repose sur une conception de l’homme, une anthropologie, plus ou moins en accord, ou en désaccord, avec la réalité de la nature humaine. Il n’est pas anodin que l’homme soit considéré comme un simple amas de cellules, un consommateur, un loup pour l’homme (Hobbes), un homo festivus (Philippe Murray), un dieu tombé qui se souvient des cieux ( Lamartine), etc. ou une créature créée à l’image de Dieu mais blessée par le péché originel. A rebours du relativisme contemporain qui est un totalitarisme (la dictature du relativisme dénoncée par le cardinal Ratzinger) l’Eglise observe puis enseigne qu’il existe une loi naturelle que les autorités civiles doivent respecter car elles sont à son service et non l’inverse. (cf § 2235 CEC) Ainsi, enseigner que la vie commence à la conception est la simple observation d’une réalité irréfutable. L’autorité civile qui autorise la suppression d’une vie humaine innocente, voire promeut cette suppression, nie ce qui constitue sa propre légitimité : le service du bien commun et le respect de la loi naturelle.

L’ensemble des règles édictées, dans une société, doit permettre de conjuguer harmonieusement l’intérêt personnel de chacun avec celui de la communauté. Bien sûr, nous ne sommes pas dans un monde de bisounours et il peut arriver que l’intérêt de la communauté exige, de manière légitime, le sacrifice d’un intérêt particulier. Ainsi en est-il du soldat qui risque sa vie au service de la défense de son pays, ou de l’homme qui s’interpose pour éviter à une personne plus faible une agression. Cependant le sacrifice, régulier et constant, d’intérêts personnels légitimes à un hypothétique intérêt général, souvent sur l’autel de présupposés idéologiques largement discutables, crée un réel sentiment d’injustice, qui n’est pas toujours qu’un sentiment. Ainsi le bien commun de la société exige-t-il que celle-ci se perpétue par la génération naturelle. Pas d’enfants, pas de retraites ! Pas d’enfants, pas de visites dans les EPHAD ! Or la naissance de chaque enfant génère une baisse sensible du niveau de vie des parents qui n’est pas compensée par la modeste revalorisation des retraites liée au fait d’avoir élevé ces enfants. La réalité est qu’une famille qui, par sa progéniture, a assuré l’équilibre du système de retraite et l’avenir du pays, se trouve très largement défavorisée, matériellement, tout au long de son existence par rapport à un ménage sans enfants. En effet la mère de famille n’a généralement pas pu avoir de carrière professionnelle complète et la capacité d’épargne du ménage a été largement obérée par les frais liés à l’éducation des enfants. Est-il juste qu’un homme, ou une femme, qui a fait le choix volontaire de ne pas avoir d’enfants bénéficie d’une retraite payée par les enfants des autres ? A cette question il est généralement répondu par une, paraît-il, nécessaire solidarité. Elle semble s’apparenter à celle de la cigale sollicitant la fourmi afin de bénéficier du fruit de son labeur lorsque la bise fut venue. Si la cigale, qui a chanté tout l’été, et la fourmi, qui s’est affairée pendant ce temps là sont finalement logées à la même enseigne il y a fort à parier que la fourmi va rapidement se décourager et, elle aussi, profiter du bon temps plutôt que de travailler. Si la fourmi n’est pas mise en situation de profiter, paisiblement, du fruit de son travail elle sera démotivée et cessera de travailler ce qui sera dommageable à tout le monde.

Laisser décider celui qui assume les conséquences

La responsabilité des autorités civiles est, en respectant la loi naturelle, de laisser les communautés naturelles et les corps intermédiaires assurer la prospérité de la cité. Pas de tout régenter dans la cité au détriment du principe de subsidiarité qui consiste à laisser chaque échelon de la vie sociale décider et mettre en œuvre ce qui est de son ressort sans interférence de la structure supérieure trop souvent incompétente et essentiellement avide de pouvoir, bref le contraire de ce que l’on enseigne à l’ENA…

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