De Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités :
"S‘il est douteux que nous
soyons politiquement en
démocratie, il est certain
que la « démocratie sociale
» est une vaste rigolade. Les élections syndicales
des salariés de très petites
entreprises (moins de 11 salariés),
qui ont eu lieu, dans l’indifférence
générale, au début du mois de
décembre, en ont administré une
nouvelle preuve.
Si l’on en croit Michel Sapin, qui présidait
à cette grande manifestation de
démocratie sociale, ces élections ont
conforté la légitimité des syndicats. Ce
qui constitue un motif de réjouissance,
puisque, selon notre ministre, « pour
que le dialogue social soit riche, nous
avons besoin dans notre pays de syndicats
forts ».
J’ignore dans quel pays vit M. Sapin.
Mais, dans la France que je connais,
je constate que les syndicats n’ont
aucune légitimité et que, plus ils sont
forts, moins il y a de dialogue social.
C’est sans doute regrettable. Il serait
probablement possible d’améliorer
sensiblement les choses. Mais, enfin,
c’est ainsi.
Et se tromper aussi manifestement
sur le diagnostic n’est certainement
pas la meilleure façon de résoudre le
problème !
À quoi tient l’illégitimité des syndicats
? Principalement au fait que, par
un dispositif absurde, qui date de la
toute-puissance communiste au lendemain
de la Seconde guerre mondiale,
les syndicats qui avaient eu une
« attitude patriotique » ont été considérés
seuls – et par la loi ! – comme
bénéficiant d’une « présomption irréfragable
de représentativité » (qu’en
termes galants ces choses-là sont
dites !).
Concrètement, cela signifiait que la
CGT, pourtant officiellement liée au
PCF qui avait ouvertement appelé à
la désertion et au sabotage, a été
considérée – du fait de son admirable
attitude patriotique ! – comme l’une
des 5 centrales syndicales pouvant
légitimement se présenter aux élections.Depuis quelques années, cette « attitude
patriotique » a été abandonnée.
Mais la loi l’a remplacée par un non
moins grotesque « respect des
valeurs républicaines » – et l’arbitraire
n’est, en la matière, pas moins
large qu’en matière d’attitude patriotique…
Faute de liberté de choix, les salariés
ne font guère d’efforts pour se présenter
ou pour voter ; la participation
aux élections syndicales est donc
extrêmement faible.
D’où l’idée astucieuse d’inviter les
salariés des TPE à voter. Et, hop, d’un
seul coup, c’est un collège de
4 614 653 nouveaux salariés qu’on
récupère pour « conforter » la « légitimité
» des syndicats dits « représentatifs
» !
Le triomphe fut à la hauteur des
espérances. 29,5 % des électeurs ont
opté pour la CGT, loin devant les
19,3 % de la CFDT. Qui nierait sérieusement
que la lutte des classes soit
l’horizon indépassable de la pensée
salariale ?
Las. Chez les salariés des TPE comme
ailleurs, tout le monde se fiche éperdument
de la CGT et des autres.
Le vainqueur cégétiste a, en réalité,
recueilli 136 033 voix, soit 2,9 % des
inscrits !
Autant dire qu’avec un syndicat aussi
joliment « conforté », le dialogue social va être d’une rare richesse. La
démagogie dont nous mourons va
encore s’accentuer.Il n’est pourtant pas bien difficile
d’instaurer un dialogue social de
bonne qualité.
Il faudrait, pour commencer, que l’État
s’en mêle le moins possible. Et, en
premier lieu, qu’il retire cette inepte
« présomption irréfragable de représentativité
». Si un syndicat n’existe
que dans telle entreprise, où est le
problème ? Sera-t-il moins compétent
pour représenter les salariés que ces
syndicats actuels, prétendument
représentatifs, choisis par bien moins
de 5 % des inscrits ?
Il faudrait ensuite cesser de croire
que, systématiquement, les intérêts
des « patrons » et ceux des salariés
sont antagonistes. Le contraire est au
moins aussi souvent vrai.
Et puis, il faudrait que les syndicats
ne soient pas, au sens propre, des
vendus. Il n’est pas tolérable que
60 %, sinon plus, des recettes des
« grands » syndicats proviennent de
l’impôt. D’abord, parce qu’il est pénible
pour le contribuable de payer
pour se faire enquiquiner par des grévistes.
Mais aussi parce qu’un syndicat
vivant de l’argent public ne cherche
évidemment pas l’intérêt des
salariés. On le constate tous les
jours : le jusqu’au-boutisme de ces
fous furieux du grand soir envoie,
chaque jour, des milliers de salariés
faire la queue à Pôle emploi.
Il est temps de cesser de se payer de
mots. Reconnaissons donc enfin que
les syndicats actuels sont illégitimes
et nuisibles, pour la France comme
pour les salariés français, et passons
à autre chose !"
dudul
Il faut avoir tué du “boche” en 39/45 pour avoir le droit de représenter le salarié Français.
Quelle abominable honte que ce pays…
PK
Une dictature en entraîne une autre : après la fable de la démocratie républicaine, on a la farce de la démocratie syndicale.
Ce serait drôle si l’on n’était pas en dictature.
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A ma connaissance, la CGT s’était désolidarisée de la position du PCF en 39-40 et était favorable au réarmement contre l’Allemagne.
oliroy
Comme le disait si bien Coluche. CGT = Cancer Généralisé du Travail. Avec la CGT, tu te tais ou tumeur.