De Mgr Macaire, archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France, dans un texte publié début avril :
Les enfants gâtés qui ont fait Mai 68 ont dirigé le monde depuis 50 ans (y compris dans le clergé et dans l’Eglise). Sous prétexte que les anciens avaient engendré deux guerres mondiales et toutes sortes d’abominations, ils se sont donné le droit de juger et de condamner leur héritage. Mais ont-ils fait mieux ? Possédant un pouvoir démesuré sur la société, sur les esprits et sur l’environnement, ils ont poussé à fond leur conception de la liberté : libertarisme politique, libertinage moral, libéralisme économique… Ils ont promis un monde épanoui grâce au « tout est permis »… comme au bal masqué de la Compagnie Créole ! Ils ont réussi à transformer la société en un vidé immense et permanent : au carnaval comme au chanté Nwel ; à la mi-Carême comme à Pâques ; au tour des yoles comme à la rentrée ; dans les médias comme aux enterrements, et même à la messe, c’est un « soukwé sa » sans fin.
L’heure est au bilan… Le monde (en réalité, « l’Occident ») se croit plus riche, plus libre, plus savant que jamais. Ce n’est pas entièrement faux, mais, malgré des repentances affichées, il est plus impérialiste que jamais. Pourtant, loin de générer les temps heureux, pacifiques, et prospères promis, l’idéologie dominante a produit désespérance, désillusion, gaspillage, clivages, drogues, violences, débauche, suicides, angoisse, sentiment de malédiction… bref, une grande déception ! Le bonheur et la joie de vivre ne sont pas au rendez-vous des petits enfants de la génération qui avait 20 ans en 68. Cela est particulièrement vrai chez nous aux Antilles : depuis 50 ans, on a construit des villas, des routes, des équipements, des lieux de loisirs et de consommation pour tous. Malgré ça, le pays se vide. Même les jeunes qui ont globalement réussi, sont sans cesse inquiets pour leur travail, leur maison, leur couple, leurs enfants (quand ils ont tout cela !) et sentent la fragilité de ces soi-disant éléments du bonheur.
Ainsi donc, depuis quelques mois, des fumées se dissipent. Le virus du Covid19, la guerre en Ukraine et les crises successives sont venues gifler les idoles faites de mains d’hommes. Tout s’est révélé « vanité et poursuite de vent » (Ecl 1,14). Les œuvres de l’esprit humain, quand elles ne craignent pas Dieu, se révèlent être de terribles maîtres. En faisant disparaître le Bon Dieu, ses serviteurs, sa liturgie et même Son Nom, notre société fondée sur l’humanisme, la science, la politique et l’économie s’est fourvoyée. Loin de libérer l’Homme, elle l’a aveuglé, asservi, puis envouté.
J’ai trouvé sur Youtube la vidéo d’un homme qui racontait « Mon grand-père marchait 16km, mon père en faisait 8, moi je roule en Cadillac, mon fils est en Mercedes et mon petit-fils sera en Ferrari… mais mon arrière-petit-fils marchera de nouveau ». Pourquoi ? Parce que les temps difficiles font des hommes forts, les hommes forts créent des temps faciles, les temps faciles font des hommes faibles et les hommes faibles créent des temps difficiles ». Je crois que les temps difficiles sont revenus… C’est quelque part une bonne nouvelle : nos petits-fils marcheront de nouveau, ils seront plus pauvres, mais ils seront plus dignes que leurs pères !
Il y aura les guerriers dans le monde et les martyrs dans l’Eglise […]