George Friedman, fondateur et PDG de Stratfor, société privée américaine qui œuvre dans le domaine du renseignement, fondée en 1996, était invité le 4 février dernier du The Chicago Council. Il explique comment Washington peut conserver sa domination sur la planète. Partisan d'une géopolitique cynique, selon l'adage "diviser pour régner", il explique :
"La politique que je recommande est celle adoptée par Ronald Reagan envers l’Iran et l’Irak : il a financé les deux côtés pour qu’ils se battent entre eux afin de ne pas nous combattre. C’était cynique, et ce n’était certainement pas moral, mais ça a marché. Et c’est le point essentiel. Les Etats-Unis ne peuvent pas occuper l’Eurasie : dès le moment où les premières bottes touchent le sol, la différence démographique est telle que nous sommes totalement en infériorité numérique. Nous pouvons vaincre une armée, nous ne pouvons pas occuper l’Irak. L’idée que 130 000 hommes puissent occuper un pays de 25 millions… eh bien, le ratio policiers/civils à New York est supérieur à celui déployé en Irak. Donc nous n’avons pas la capacité d’aller partout mais nous avons la capacité de, premièrement, soutenir diverses puissances rivales afin qu’elles se concentrent sur elles-mêmes, en leur procurant le soutien politique, quelques soutiens économiques, un soutien militaire, des conseillers et, en dernière option, faire comme avec le Japon, je veux dire au Vietnam, en Irak et en Afghanistan, par des mesures de désorganisation. L’objectif des mesures de désorganisation n’est pas de vaincre l’ennemi mais de le déstabiliser.
"C’est ce que nous avons fait dans chacune de ces guerres : en Afghanistan, par exemple, nous avons fait perdre son équilibre à Al Qaïda. Notre problème, car nous sommes jeunes et stupides, est que, après avoir déstabilisé l’ennemi, au lieu de nous dire « C’est bon, le travail est fait, rentrons chez nous », nous nous disons : « Ce fut si facile ! Pourquoi ne pas y construire une démocratie ?! » Et c’est à ce moment que la démence nous frappe. La solution est que les Etats-Unis ne peuvent pas constamment intervenir dans toute l’Eurasie. Ils doivent intervenir de manière sélective et très rarement ; cela doit être fait en dernier recours. L’intervention militaire ne peut pas être la première mesure à appliquer. Et en envoyant les troupes américaines, nous devons bien comprendre en quoi consiste notre tâche, nous limiter à elle et ne pas développer toutes sortes de fantasmes psychotiques. Donc j’espère que nous avons retenu la leçon cette fois : il faut du temps aux enfants pour apprendre les leçons. […]
Alors, comment cela va-t-il se jouer ? Eh bien, les Etats-Unis ont déjà joué cartes sur table : c’est la ligne de la Baltique à la mer Noire. Quant aux Russes, leurs cartes ont toujours été sur table : ils doivent avoir au moins une Ukraine neutre, pas une Ukraine pro-occidentale. La Biélorussie est une autre question. Maintenant, celui qui peut me dire ce que les Allemands vont faire me dira ce que seront les vingt prochaines années de l’histoire. Mais, malheureusement, les Allemands n’ont pas pris leur décision. Et c’est toujours le problème récurrent de l’Allemagne, avec son économie très puissante, sa géopolitique très fragile, et qui ne sait jamais trop comment concilier les deux. Depuis 1871, la question de l’Europe a été la question allemande. Comme la question allemande ressurgit, c’est bien la question que nous devons régler, et nous ne savons pas comment l’aborder, nous ne savons pas ce qu’ils vont faire."
Voici son intervention sous-titrée :
Atlas
Il faut relire ce que disait Nikolaas van Rensburg pour comprendre ses paroles hautement prophétiques !
https://effondrements.wordpress.com/2012/08/08/nikolaas-van-rensburg-le-plus-celebre-voyant-dafrique-du-sud/
“Le futur qui nous reste à découvrir parle de flux grandissants d’étrangers en Europe… Les USA devront affronter en Europe les islamistes intégristes…. La violence raciale dans le monde entier explosera. Un terrible conflit en Afrique empirera alors que la guerre civile et une misère incroyable apparaitront en Europe après un formidable clash économique. Arrivera alors au printemps, une troisième guerre mondiale avec l’Allemagne, l’Angleterre et l’Amérique se battant côte à côte contre la Russie. . Les armées utiliseront de terribles rayons électriques qui sèmeront la mort et la destruction.Mais la Russie annihilera rapidement les troupes anglaises et américaines… Israël et la Syrie connaîtront durant cette période de terribles combats où seront employées des armes de destructions massives telles que des bombes nucléaires…. Les Allemands rétabliront peu à peu l’ordre en Europe, devenant, sous l’autorité d’un homme fort et juste, la première puissance mondiale.”
Robert Marchenoir
Il faudrait savoir. Quand c’est un Américain qui parle, on l’accuse de prôner une politique étrangère cynique. Et quand il s’agit de la France, on prône une politique étrangère “pragmatique”, c’est à dire… cynique.
Donc, nouveau dictionnaire de Flaubert :
– Quand les Etats-Unis défendent leurs intérêts, on appellera cela du cynisme.
– Et quand la Russie défend ses intérêts, on appellera cela du pragmatisme.
Bien entendu, la France doit être “pragmatique”, c’est à dire soutenir la Russie. On se demande bien pourquoi le pragmatisme ne commanderait pas, au contraire, de soutenir les Etats-Unis.
Voire, on peut toujours rêver, de défendre les intérêts de la France, qui ne coïncident certainement pas avec ceux de la Russie.
De même, on passe son temps à accuser les Américains de vouloir imposer à l’étranger des régimes à leur image. Et lorsqu’on tombe sur un Américain qui dit : il aurait fallu quitter l’Afghanistan, et ne pas tenter d’y “établir la démocratie”… eh bien on trouve encore le moyen de l’accuser de cynisme. Il faudrait savoir.
Quant à se préoccuper de ce que va faire l’Allemagne, c’est un peu la base de la politique étrangère : se préoccuper de ce que vont faire les pays étrangers.
On peut, aussi, prétendre que le monde habité s’arrête aux frontières de l’Hexagone, fermer les yeux en se grattant le nombril, et espérer que ce qui se passe à l’étranger ne nous touchera pas.
lève-toi
On dirait la technique de SUN TZU :
Il est surtout célèbre en tant qu’auteur de l’ouvrage de stratégie militaire le plus ancien connu : L’Art de la guerre. L’idée principale de son œuvre est que l’objectif de la guerre est de contraindre l’ennemi à abandonner la lutte, y compris sans combat, grâce à la ruse, l’espionnage et une grande mobilité : il s’agit donc de s’adapter à la stratégie de l’adversaire pour s’assurer la victoire à moindre coût.
PK
Il a raison.
À chaque fois que l’Allemagne a réarmé, l’Europe s’est finalement embrasée… Or, l’Allemagne, pour la première fois depuis 1945, commence à mener une politique étrangère militaire.
Le complexe nazi ne tiendra pas longtemps pour les bloquer… Et une fois décomplexés, les Allemands redeviendront… des Boches.
Sans doute à nos frais… comme d’habitude.
Nos bons rois avaient pris l’habitude de morceler l’Allemagne pour éviter qu’elle ne soit trop puissante. Cette sagesse est partie avec la Révolution. L’Allemagne s’est unifiée et nous a coûté trois guerres dont deux mondiales… Elle a ruiné deux fois la France avec une hémorragie meurtrière en 14 dont on ne s’est jamais remis…
Aujourd’hui, on pérore sur nos amis de 50 ans… oubliant qu’ils font la pluie et le beau temps en Europe économiquement… Et qu’il ne ferait pas beaucoup de temps pour monter une armée impressionnante avec leur puissance économique…
irène
Concernant l’Allemagne, laissez-moi rire, Washington dicte et Berlin exécute ! S’informer sur la fameuse “Kanzlerakte” et vous comprendrez pourquoi l’Allemagne est le plus fervent défenseur du TTIP et des sanctions contre la Russie alors que les deux nuisent notoirement à son économie ! Non, les Allemands ne sont pas “maso” ils ne sont plus souverains depuis 1945.
Alors, M. Friedman, ne me faites pas pleurer, vous savez parfaitement ce que va faire l’Allemagne : ce que votre Administration lui demandera de faire !
SD-Vintage
“Depuis 1871, la question de l’Europe a été la question allemande”
Depuis 1871, la question de l’Europe c’est le nationalisme, et ce n’est pas terminé.