A la place de Lahire, Dunois et Xaintrailles, Nicolas Sarkozy a estimé que la Pucelle d'Orléans avait
«sa place dans notre mémoire collective à côté de Victor Hugo, à côté du général De Gaulle, à côté de Jean Moulin, à côté d’Aimé Césaire, à côté des résistantes déportées à Ravensbrück».
Renaissance catholique analyse cette étrange filiation et remarque :
"Certains pourraient être surpris qu’un président de la République dit de droite cite majoritairement des personnalités de gauche, dans la prétendue continuité de Jeanne d’Arc. Le général De Gaulle est un cas à part : étant la France à lui tout seul, il est à la fois la gauche et la droite.
Ce serait ne pas comprendre que la vraie ligne de fracture entre la gauche et la droite n’est pas où certains le croient. Il serait plus juste de chercher une ligne de partage entre tenants de la Révolution et adversaires de celle-ci. À cet égard, la distinction la plus simple et la plus immédiatement compréhensible par tous n’est-elle pas entre ceux qui se reconnaissent dans la parole de l’Écriture « La vérité vous libèrera » (Jn, VIII, 32) et ceux qui chantent le chœur des esclaves du Nabucco de Verdi, « Liberté, tu es la seule vérité » ? Les autres distinctions peuvent être des différences de degré mais pas de nature, ce qui explique l’absence de gêne de Nicolas Sarkozy à citer des personnalités dont il sait bien qu’elles sont, en fait, plus proches de lui qu’elles ne le sont de Jeanne, « récupérée par l’extrême-droite ».
De plus la continuité est à la mode. Notre époque sans repères se cherche des racines. Jacques Chirac nous avait déjà expliqué qu’elles étaient autant musulmanes que chrétiennes ; Nicolas Sarkozy, lui, estime que « Jeanne incarne les racines chrétiennes de la France, ce qui ne fait en aucun cas injure à la laïcité dans laquelle nous croyons tant ». La laïcité, à la française, serait ainsi dans la continuité de la chrétienté. La démonstration reste à faire ! Ce qui est certain c’est que, dans ce discours, pas une fois ne sont cités les mots Dieu, Christ ou Jésus. On ne plaisante pas avec la laïcité, mais on se condamne également à ne rien comprendre à la mission johannique."