Editorial d’Olivier Frèrejacques dans Liberté politique, qui consacre son dernier numéro à l’Eglise en France, entre faillite et renouveau :
De nombreux diocèses français enregistrent une baisse des revenus issus du Denier de l’Église. Les raisons de ce phénomène sont multiples et identifiables, mais la hiérarchie catholique semble ne pas prendre pleinement la mesure de ce qui pourrait accélérer le déclin de la pratique religieuse.
En 2023, les finances des diocèses français révèlent une situation préoccupante, marquée par une diminution inquiétante du Denier de l’Église, qui constitue leur principale ressource (50 % des 603 millions d’euros de dons collectés en 2023). Le Denier stricto sensu s’élève à 210 millions d’euros, en recul de 1,2 % par rapport à 2022 (212,5 millions) et de 59 millions depuis 2020.
Notre enquête exclusive, publiée dans le dernier numéro de Liberté Politique, révèle que sur 38 diocèses étudiés, 26 enregistrent une baisse notable. Paris, Marseille, Lyon et Toulouse sont particulièrement touchés, avec une diminution atteignant jusqu’à 8,55 % à Toulouse depuis 2019. L’opacité des comptes, à une époque où la transparence est pourtant érigée en valeur cardinale, complique une approche sereine de ce problème.
Agir avant qu’il ne soit trop tard
Loin d’être une fatalité, la situation critique de nombreux diocèses doit inciter la hiérarchie catholique à revoir sa gouvernance et la gestion des affaires matérielles. Pour ce faire, il serait pertinent, d’une part, de s’inspirer des diocèses qui parviennent à maintenir leurs finances, comme ceux d’Île-de-France (hors Paris), et, d’autre part, de confier la gestion financière à des personnes compétentes, tant sur le plan comptable que dans la levée de fonds.
Plutôt que de vouloir sans cesse faire entrer des laïcs dans le cœur de nos églises, il serait probablement judicieux de confier nos finances à des laïcs catholiques compétents. L’Église de France, confrontée au vieillissement de ses fidèles, dispose de jeunes retraités qualifiés et d’entrepreneurs chrétiens prêts à s’engager.
Bien que légitimement préoccupée par la gestion des scandales qui l’ont ébranlée, l’institution ne doit pas négliger ses finances. Les prêtres et religieux en France vivent souvent modestement et ont besoin de moyens pour subvenir à leurs besoins essentiels : se loger, se nourrir, s’habiller. Les prêtres, en particulier, requièrent ces ressources pour dispenser les sacrements, une mission non négociable. Les évêques doivent désormais prendre pleinement conscience du danger qui menace l’institution.
Pour découvrir cette enquête exclusive, commandez le dernier numéro de Liberté Politique (n°104).