Devant des milliers de fidèles réunis dans la plus grande basilique des Etats-Unis, le Sanctuaire national de l’Immaculée Conception à Washington – et des cardinaux, des évêques, des prêtres – l’abbé Paul Scalia a prononcé l’homélie à l’occasion des funérailles de son père, le juge Antonin Scalia, qui laisse un grand vide à la Cour suprême des Etats-Unis. Barack Obama était absent. On peut voir une vidéo complète de l’homélie ici.
Comme le juge Scalia, habitué de la messe traditionnelle, l’abbé Scalia est connu pour son attachement à la dignité de la liturgie, et il est lui-même connu pour avoir célébré à l’occasion selon la forme extraordinaire du rite latin. Il est prêtre diocésain à Arlington, en Virginie.
« Nous sommes réunis ici à cause d’un seul homme. Un homme que beaucoup d’entre nous connaissons personnellement, que beaucoup d’autres ne connaissent que de réputation, un homme aimé par un grand nombre, raillé par d’autres, un homme connu pour de grandes controverses, et pour sa grande compassion. Cet homme, évidemment, c’est Jésus de Nazareth.
C’est Lui que nous proclamons : Jésus-Christ, Fils du Père, né de la Vierge Marie, crucifié, enseveli, ressuscité, assis à la droite du Père. C’est à cause de Lui, à cause de sa vie de sa mort et de sa résurrection que nous ne pleurons pas comme ceux qui n’ont pas d’espérance, mais en toute confiance nous recommandons Antonin Scalia à la miséricorde de Dieu.
L’écriture proclame : Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et pour toujours. Et cela fixe un bon cadre à nos pensées et à nos prières ici, aujourd’hui. En effet, nous regardons dans trois directions : vers hier, en action de grâce, vers aujourd’hui, dans un esprit de supplique, et vers l’éternité, avec espérance.
Nous regardons vers Jésus-Christ hier, c’est-à-dire vers le passé, en action de grâces pour les bénédictions de Dieu a déversées sur Papa. Au cours de cette dernière semaine, beaucoup ont dit tout ce que Papa a fait pour eux, mais ici, aujourd’hui, nous proclamons ce que Dieu a fait pour Papa ; comment Il l’a béni. Nous rendons grâce d’abord, pour la mort expiatoire et pour la résurrection de Jésus-Christ qui donne la vie. Notre Seigneur n’est pas seulement mort et ressuscité pour nous tous, mais pour chacun d’entre nous. Et en ce moment nous regardons vers cet “hier” de sa mort et de sa résurrection, et nous rendons grâces, car Il est mort et ressuscité pour Papa. Nous rendons grâces encore parce que Jésus l’a amené à une nouvelle vie dans le baptême, l’a nourri par l’Eucharistie, et l’a guéri au confessionnal. Nous rendons grâce de ce que Jésus lui ait accordé cinquante-cinq années de mariage avec la femme qu’il aimait –une femme qui était à sa hauteur à chaque pas, et qui pouvait même lui demander des comptes.
Dieu a béni Papa en lui donnant une foi catholique profonde – la conviction que la présence et la puissance du Christ continuent à se répandre dans le monde d’aujourd’hui à travers son Corps, l’Eglise. Il aimait la clarté et la cohérence de l’enseignement de l’Eglise. Il tenait les cérémonies de l’Eglise pour un trésor, spécialement la beauté de son culte antique. Il avait confiance en la puissance des sacrements en tant que moyen du salut – en tant qu’œuvre du Christ en lui pour son salut.
Il est vrai qu’une fois, un samedi après-midi, il m’a grondé pour avoir entendu des confessions cet après-midi-là, ce jour-là. Et j’espère qu’il y a quelque consolation (s’il y a des hommes de loi présents) à savoir que le col romain n’a été en rien une protection contre ses critiques. Le problème ce soir-là n’était pas que j’avais entendu des confessions, mais qu’il s’était trouvé faire la queue devant mon confessionnal. Il en est vite parti. Comme il l’a dit plus tard : “Diantre – je ne vais quand même pas me confesser à toi !” Ce sentiment était réciproque.
Dieu a béni Papa, on le sait bien, en lui donnant l’amour de son pays. Il savait bien combien délicate avait été la fondation de notre nation. Et il voyait dans cette fondation, comme les fondateurs le voyaient eux-mêmes, une bénédiction. Une bénédiction qui est tôt perdue lorsque la foi est bannie de la sphère publique, ou lorsque nous refusons de l’y amener. Il comprenait donc qu’il n’y a pas d’opposition entre l’amour de Dieu et l’amour de son pays, entre la foi d’un homme et le service public qu’il peut rendre. Papa comprenait que plus il approfondissait sa foi catholique, meilleur il devenait comme citoyen et comme serviteur public. Dieu l’a béni en lui donnant le désir d’être un bon serviteur du pays, parce qu’il était d’abord un bon serviteur de Dieu. [Lire la suite]