Le Père Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient, répond à La Croix sur l'évolution des pays d'Afrique du Nord. Extraits :
"Les chrétiens risquent d’être considérés comme des minorités tolérées, ce qui est inacceptable. L’Empire ottoman les considérait déjà comme les protégés des musulmans. Ce terme est extrêmement méprisant ; les chrétiens doivent être reconnus comme des citoyens de plein droit. De plus, l’accès à un certain nombre de fonctions risque de leur être barré. Il est aberrant que dans ces constitutions soit stipulé que le chef de l’État doit être musulman. C’est absolument contraire à la démocratie. […]
Vouloir faire de la charia la source principale du droit est quelque chose d’assez nouveau dans le monde arabe, y compris en Égypte. Et cette volonté d’islamiser le droit n’est pas acceptable. En ce qui concerne le droit de la famille, le droit civil, il n’y a aucune raison d’appliquer un droit d’origine islamique à des chrétiens. Dans ces pays, la tradition a longtemps été la coexistence d’un droit d’inspiration musulmane pour les musulmans et d’un droit d’inspiration chrétienne pour les chrétiens. Quant à l’influence de la charia en matière pénale, elle pose un grave problème. En Égypte, un homme chrétien vient d’être condamné à la prison pour blasphème. C’est proprement insupportable. […]
Les gouvernements occidentaux doivent prendre position contre ces mesures, de la même manière qu’ils se sont élevés contre la répression des manifestants par le régime de Hosni Moubarak. Je ne suis pas de ceux qui méprisent l’islam, loin de là. Mais voir un chrétien condamné pour blasphème me semble totalement contraire à un minimum de droit de pensée et d’expression. Et je pense qu’il faut réagir maintenant et fortement. Car à terme, ces mesures risquent d’être invoquées abusivement pour affaiblir les chrétiens."