L'annonce du plan de sauvetage de la Grèce ne réjouit pas vraiment Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités :
"D’abord, parce que l’annonce de ce deuxième plan de sauvetage, équivalent au premier, n’est pas vraiment rassurante. Si, en moins d’un an et demi, 110 milliards d’euros se sont évaporés, pourquoi en irait-il autrement des 110 nouveaux milliards ? Les Grecs ont inventé, voici plus de 25 siècles, le tonneau des Danaïdes. Ils nous montrent qu’ils savent encore ce que c’est ! Ensuite, parce qu’aucun des profiteurs n’est mis à contribution. En particulier, les banques, qui se sont copieusement enrichies par la spéculation sur le désastre de la drachme, ne sont même pas invitées à se porter caution du remboursement par l’État grec de ces prêts colossaux. Mieux encore, si j’ose dire : certaines banques prestigieuses, dont Goldman Sachs, ont été accusées d’avoir aidé l’État grec à dissimuler la situation calamiteuse de ses finances publiques. Goldman Sachs aurait reçu de la Grèce, selon le « New York Times », la bagatelle de 300 millions d’euros en un peu moins de dix ans pour ses compétences dans ce joli métier. Eh bien ! croyez-le ou non, cela ne semble pas intéresser les autorités de régulation internationales ou européennes…
De façon générale, ce qui règne, dans cette affaire, c’est la plus stupéfiante irresponsabilité. Ni les politiques, ni les médias, ni les agences de notation, ni les banques, ni les institutions européennes, ni les institutions financières internationales ne paraissent estimer porter la moindre responsabilité dans cette banqueroute. Les seuls à porter le chapeau, ce sont les citoyens grecs. Et, eux, ils vont payer une note salée, avec amendes et intérêts de retards !
Cela explique aussi la troisième raison de mon manque d’enthousiasme devant la prétendue « résolution de la crise grecque »: la situation sociale est explosive. Faute d’avoir mis en place un système économique sain, où l’épargne est récompensée, où les libertés économiques vont de pair avec les responsabilités, où le mensonge rapporte des années de prison et non des millions d’euros, la Grèce renoue avec la rhétorique de l’extrême gauche – en attendant que le reste de l’Europe lui emboîte le pas. Voici à peine 20 ans, la moitié de l’Europe a été libérée du joug soviétique. Mais, pour beaucoup, cette libération s’est traduite par une nouvelle oppression: celle de financiers corrompus qui, en partenariat avec les oligarchies politiques, ont spolié des millions de personnes… […] Il faut encore aborder un dernier point, évoqué officiellement pour la première fois à ma connaissance. Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe, a en effet annoncé : « La souveraineté de la Grèce sera énormément restreinte. » Dans ce jeu sinistre où les peuples se font plumer, nous avons donc des oligarchies qui balancent des quantités anormalement importantes de monnaie sur le marché. En réaction, l’endettement des États et des particuliers augmente… pour le plus grand profit de ces oligarchies. Et, une fois la faillite survenue, les contribuables sont « invités » à refinancer lesdites oligarchies… qui, en remerciement, leur confisquent le peu de souveraineté qui leur restait. Il est difficile d’être plus cynique !"