Comme la grosse presse raconte n’importe quoi sur le décret (Executive Order) du Président Donald Trump, signé le vendredi 27 janvier, Daniel Hamiche a décidé d'apporter quelques éléments :
- Le décret ne le dit pas. Je l’ai lu. Vous pouvez aussi le lire : c’est ici. Il n’y a pas de discrimination religieuse.
- Le décret ne donne pas davantage la liste précise des pays dont les ressortissants sont interdits d’entrée aux États-Unis pendants toute la durée de ce moratoire (en principe 90 jours).
- 7 pays à population majoritairement musulmane sont supposés être visés, selon la presse, par ce décret. Il convient donc de rappeler que 43 autres pays à majorité musulmane ne le sont pas (en tout cas pas encore) : leurs ressortissants peuvent donc entrer aux États-Unis aux conditions ordinaires.
- Ces 7 pays “scandaleusement discriminés” – attention second degré… – par Trump, ne sont pas sortis de son chapeau pointu. Ils sont tirés d’une liste des « pays particulièrement préoccupant[s] » (Countries of Particular Concern, CPCs) établie par le département d’État du gouvernement Obama, car ces CPCs violent les droits de l’homme, les droits à la liberté de conscience et de religion ! Cette liste est mise à jour chaque année. Le décret de Trump la mentionne à sa section 3.
- Obama, lui-même, n’avait éprouvé aucune gêne à décréter un moratoire de 6 mois bloquant l’admission des réfugiés irakiens aux États-Unis, en 2011. A-t-on constaté alors un tollé général, des manifestations dans les rues, dans les aéroports ?
- Les musulmans de pays non majoritairement musulman – Union européenne, Amérique du Sud, etc. –, ne sont pas interdits de séjour aux États-Unis.
- Les musulmans originaires de ces 7 pays, et qui disposent déjà d’un titre de séjour ou d’une Carte verte (Green Card), les autorisant à travailler aux États-Unis, n’en seront pas chassés.
- Ceux des politiciens, de droite ou de gauche, en France ou ailleurs, qui prétendent que ce « Muslim Ban » aura pour effet d’attiser la haine des musulmans, sont en fait ceux qui l’attisent en dénonçant un « Muslim Ban » qui n’existe pas.
- Il y a eu, malheureusement, des cafouillages dans les premières applications de ce décret du fait de certaines de ses interprétations par l’administration fédérale – peuplée de beaucoup d’adversaires politiques de Trump –, faute, sans doute, d’y avoir été préparée à l’avance. Cela remet en cause, éventuellement, le timing de ce décret mais pas sa nécessité – laquelle, et on ne nous le dit pas, est soutenue par une majorité de citoyens des États-Unis.