Jean-Pierre Maugendre constate l'ambiance de fin de règne :
"Les enfants de mai 68 ont la gueule de bois !
Pourtant ils ont aujourd'hui entre leurs mains tous les pouvoirs. Il
y a quarante-cinq ans, un monôme d'étudiants boutonneux imposait de
nouveaux paradigmes à une France étriquée et réduite, modeste hexagone
sans gloire malgré les rodomontades de son Guide. Une civilisation
plusieurs fois millénaire, fille d'Athènes, Rome et Jérusalem ployait
sous les assauts d'une jeunesse désireuse d'enfin « jouir sans entrave ».
Les épousailles, fort peu mystiques, du libertarisme moral et de la
finance apatride ont produit les fruits que chacun peut observer : Dominique Strauss-Kahn, à la fois président du FMI, candidat du PS à l'élection présidentielle française et amateur de « parties fines », Jérôme Cahuzac
ministre socialiste du budget, pourfendeur de la fraude fiscale et…
fraudeur en délicatesse avec le fisc, le pouvoir exécutif détenu par un
homme qui ne s'est jamais
marié, a eu quatre enfants de sa compagne de trente ans pendant qu'il
en concevait un autre avec sa maîtresse d'alors avant d'en imposer une
nouvelle encore à l'Élysée. Pingouin peut-être, chaud lapin sûrement.
[…]L'immense majorité des médias soutient sans états d'âme le
Gouvernement dans ses mensonges sur les nombres des manifestants,
renchérissant sur la « radicalisation » des opposants… À ce propos,
combien de policiers ont été blessés depuis le début des manifestations
il y a six mois ? À ma connaissance, pas un seul ! La gauche hurle au
« complot fasciste », multiplie les interpellations et les gardes à vue
pour « délit de bonne gueule », gaze les femmes et les enfants comme si
une manifestation de dix mères de famille avec leurs poussettes était le
prodrome d'une nouvelle marche sur Rome !Le pouvoir en place ne contrôle plus que l'appareil d'État et ses
relais médiatiques, ou l'inverse. Ce qui reste de classe ouvrière vote
Front National. Les entrepreneurs qui assurent la prospérité, relative,
de notre pays découvrent à l'occasion du strip-tease patrimonial de nos
ministres que pas un seul n'a souhaité investir de manière significative
dans des actions qui financent le développement des entreprises. Les
héritiers de mai 68 ne peuvent plus se déplacer sans être protégés par
des pelotons de gendarmes mobiles ou des compagnies de CRS.
Heureusement, le ridicule ne tue plus.Si l'autorité légitime est celle qui, en
fait, assure le bien commun d'une manière durable dans l'ordre et dans
la paix, il faut bien convenir que les autorités politiques en place
répondent de moins en moins à cette définition. L'autorité morale de
l'État laisse de plus en plus la place à la simple contrainte. Le
gouvernement de droit est en train de devenir un gouvernement de fait,
une dictature totalitaire au service d'oligarchies aussi minoritaires
que sectaires. […]Une jeunesse s'est levée qui n'hésite pas à
remettre en cause l'esprit de mai 68 et à vivre des valeurs de la loi
naturelle et de l'Évangile. Pierre Bergé,
milliardaire et homosexuel, copropriétaire du Monde et donc arbitre des
élégances intellectuelles, incarne à la caricature une gauche qui
meurt, sans enfant, crispée sur ses avoirs, alors que se dresse contre
cette vieillesse du monde (il a 82 ans) une jeunesse qui parle, elle,
d'être et non d'avoir. Les « veilleurs » veillent et, dans le silence de
leurs cœurs, résonnent à leurs oreilles les seuls mots qui donnent un
sens à une vie : honneur, patrie, fidélité, famille, amour, dévouement,
valeur, autorité, travail… C'est autre chose qu'un discours de fin de
banquet républicain !
Inconsciemment unis dans une même compassion pour la France, ces jeunes
aux parcours différents font voler en éclat les cloisons, voire les
barrières, que leurs parents avaient bâties entre eux. Au-delà de leurs
différences, ils se sentent unis sur l'essentiel, habités des mêmes
idéaux. Une communauté d'agir se crée, porteuse d'espérance pour notre
patrie, même si les vieux crocodiles, les professionnels de la
politique, droite et gauche confondues, unis par les mêmes complicités
maçonniques, ont organisé au Sénat, comme aux meilleurs temps du
bolchevisme, le vote à main levée le 12 avril de la loi dénaturant le
mariage.Cette insurrection bénéficie de l'allant de la jeunesse et de la
force de la vérité, mais elle doit aussi, pour porter tout le fruit
espéré, s'astreindre à une connaissance approfondie de cette vérité. La
conscience n'est pas la lumière, elle est l'œil qui regarde la lumière.
Cette jeunesse généreuse, ardente et courageuse, profondément marquée
par les charismes différents de Jean-Paul II et de Benoît XVI, mérite de
trouver et de rencontrer les pasteurs spirituels, les maîtres
intellectuels, les chefs temporels qui étancheront sa soif d'absolu dans
la radicalité de l'Évangile et la fidélité à sa loi d'amour et de
vérité. « C'est la fièvre de la jeunesse
qui maintient le reste du monde à la température normale. Quand la
jeunesse se refroidit, le reste du monde claque des dents. » (Georges Bernanos, Les grands cimetières sous la lune.)"