Extrait d'un entretien avec le cardinal Walter Brandmüller dans "Bild am sonntag", traduit par Benoît-et-moi :
"[…] Les idéologues qui veulent changer les gens et la société, commencent par la famille et sa destruction. C'était la même chose avec Marx et Lénine. Les familles sont les cellules primordiales de toute communauté. Voilà pourquoi elles sont aussi si vulnérables. Il ne faudrait pas en faire l'objet d'expérimentations. Je ne parle pas de la dernière folie des ovules congelés ! Un incroyable combat s'est déclenché au sujet de la famille et aucun ne l'a défendue autant que l'Eglise. C'est ce que les Papes Paul VI et Jean Paul II, depuis des décennies, ont prophétiquement mis en lumière. […]
L'Eglise catholique s'est trouvée en conflit avec Henri VIII au sujet de l'indissolubilité du mariage, ce qui a conduit en 1535 au schisme de l'Eglise anglicane. Est-ce que cela en valait le prix?
La question est mal posée. Aucun pape ni aucun concile ne peuvent passer au dessus des mots de Jésus sur le mariage. «Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas». La fidélité à la parole de Dieu était plus importante pour le Pape Clément VII que les menaces politiques du souverain anglais. L'Eglise n'a aucun titre pour modifier les sacrements. L'apôtre Paul dit que nous ne sommes que des administrateurs et que l'administrateur doit être fidèle. L'Eglise est une fondation, et la volonté du fondateur est tout ce qui compte.
Est ce que nous comprenons mieux la parole de Dieu avec les théologiens d'aujourd'hui ou avec ceux d'avant?
La parole de Dieu est inépuisable en forme et contenu. Il y a donc probablement une avancée dans la connaissance. Mais il n'est pas concevable que des découvertes plus récentes contredisent ce qui a été préalablement connu. Deux plus deux fait quatre. La vérité ne change pas, et l'Esprit de Dieu ne se contredit pas.
Une Eglise en bonne santé a-t-elle vraiment besoin d'une telle controverse?
Un certain ferment d'inquiétude fait du bien à toute communauté. Même les conservateurs ont besoin d'une surface de friction pour craquer leurs allumettes. L'erreur a son importance pour faire progresser la connaissance. […]
Qu'est-ce qui est conservateur, Eminence?
En culture et en religion, conservateur n'a pas le même sens qu'en politique. Les relations sociales ou les formes de gouvernement comme par exemple la monarchie à conserver quelles que soient les circonstance, ce n'est pas conservateur. C'est pareil dans la vie. Le lézard peut perdre sa queue afin de sauver sa vie. Les vrais conservateurs le comprennent, qui écartent ce qui est de seconde importance afin de garder l'essentiel. Garder les choses sans valeur n'est pas conservateur. Ce n'est pas conservateur de garder des cendres, disait Jean XXIII, mais de surveiller la braise. Chez le dentiste il est conservateur de garder la racine et de ne pas extraire la dent. Nous avons besoin d'aliments en conserve: de la conservation du sang, des aliments en conserve. Les pompiers aussi sont conservateurs, quand ils arrivent à temps !"