Petit rappel bienvenu de Jacques de Guillebon :
"Ce jeudi, c’est crêpes. Tout le monde va en manger, au moins tous ceux qui ont quelque progéniture dans leur foyer, ou tout autre gourmand ayant conservé son âme d’enfant. Peu nombreux pourtant qui se soucieront de l’origine de cette tradition. Elle nous ramène, comme il n’est pas rare dans ce pays et dans ce continent, à notre culture chrétienne, c’est-à-dire juive en l’occurrence : la Chandeleur – c’est son nom – est en effet la fête de la Présentation de Jésus au Temple, qui est en même temps le jour de la Purification de la Vierge.
Car le Lévitique édicte : « Lorsqu’une femme deviendra enceinte, et qu’elle enfantera un mâle, elle sera impure pendant sept jours (…) Le huitième jour, l’enfant sera circoncis. Elle restera encore trente-trois jours à se purifier de son sang ; elle ne touchera aucune chose sainte, et elle n’ira point au sanctuaire, jusqu’à ce que les jours de sa purification soient accomplis. » Le 2 février, quarante jours après Noël, commémore ainsi la venue de Marie la jeune mère au Temple, et comme l’année liturgique chrétienne est composée avec une finesse et une intelligence redoutables, ce jour tombe précisément au moment où les antiques païens, par leurs sanglantes Lupercales romaines ou par leur Imbolc celte, célébraient le renouveau des semailles et le début de la fin de l’hiver. Pour les chrétiens, Jésus est la lumière du monde : le jour de sa naissance fixé au solstice hiémal, quand le « sol invictus » prouve bien qu’il l’est en renaissant dans la nuit obscure, résonne avec ce jour de la Chandeleur, où le Sauveur commence d’être présenté au monde. La nuit se dissipe peu à peu, la lueur d’une terre nouvelle perce.
Mais ce jeudi, si c’est crêpes, c’est surtout qu’au Vème siècle, le pape Gélase en fit distribuer gratuitement au peuple romain, en signe de fête. Car la Chandeleur annonce aussi les temps carnavalesques qui eux-mêmes précèdent le Carême. […] Où que le contemporain tourne la tête, il est de toute part acculé à se réjouir avec le chrétien de choses qui le dépassent. J’ignore si c’est dur à vivre."
Tintoun
Très bonne conclusion qui me réconcilie avec une partie des pensées de J de G.
Imbolc
Tout le monde mangera des crêpes sans se soucier du christianisme car la chandeleur est avant tout une fête solaire dont les racines sont païenne : Imbloc.
Tabitha
J’aime bien chez lui cette liberté de ton et cet humour qui tombe bien sur pas mal de sujets consternants.
Nous nous réjouirons donc en nombre en avalant nos crèpes en l’honneur du Fils de Dieu et de sa Mère…..
PK
@ Imbloc
Beaucoup de fêtes païennes ont été christianisées… mais vous retardez juste de 15 à 20 siècles : personne n’aurait la prétention de célébrer un culte païen le jour de la Chandeleur – ou un autre jour – sous prétexte qu’il y avait une fête païenne il y a 2000 ans ce jour-là…
C’est la dernière excuse à la mode des athées…
Faut-il qu’ils soient aux abois !
PG
@ Imbolc
Vous développez là le point de vue typiquement rationaliste des gens de la nouvelle droite : si telle ou telle fête chrétienne existe, c’est qu’elle pré existait dans le paganisme.
La vraie question serait, si vous étiez rationnel au lieu d’être rationaliste : pourquoi cette tradition a été sauvée reprise et continuée par le Christianisme alors que le paganisme a disparu ?
Et surtout, pourquoi ce qui préexistait au christianisme a t il fondé et à partir de quelle révélation première, dont les religions païennes ne seraient qu’un avatar abâtardi, que la venue du Christ a aboli et que l’Eglise a ré-enchanté par l’espérance du Salut, en leur donnant leur sens ultime ?
Mais cela les néo païens ne se le demandent jamais : ils se sont fabriqués une pensée religieuse fondée, non sur le sacré mais sur des rituels folkloriques reconstitués, et ils pensent que des cérémonies artificiellement rejouées selon des rituels talmudiques suffit à créer du sacré.
Pas étonnant qu’ils soient en même temps des adorateurs de l’Etat hégélien : ce qu’ils n’atteignent pas par le sacré, ils tentent de l’imposer par la force de la loi, et ils se pensent ainsi sur-hommes.
L’indigence des moyens témoignent de l’incomplétude intellectuelle de ce courant qui empoisonne la droite française.
Nathanaël
L’empoignade pagano-chrétienne au XXIe siècle est un combat d’arrière-garde. La question a été tranchée en 394, à la Rivière Froide. Tu as vaincu, Galiléen. La sécularisation, le désenchantement contemporains ne ressusciteront pas des rites désuets. Sacrifier au Sol Invictus, c’est comme se déguiser en chevalier le weekend, c’est de l’archéologie.
Cette revendication est d’autant plus inopportune, qu’à bien des égards, la chrétienté a remarquablement intégré la civilisation « païenne » qui lui préexistait. On ne va pas s’étendre ici, mais il n’y a qu’à visiter à Versailles le palais du Très Chrétien ; ou lire, chez l’évêque de Meaux, Hercules rangé à la galerie de l’histoire…
Enfin, se réclamer du « paganisme » n’est pas dialectiquement très habile et révèle la faiblesse du dossier : c’est une terminologie chrétienne, qui n’a donc pas de sens en dehors de ses références.
Relevons à ce sujet l’agaçante habitude des actuelles traductions bibliques d’employer dans saint Paul, ou pire encore les Evangiles, « païens » à la place du latinisme « gentils », qu’on peut rendre encore plus simplement par « nations , directement repris du grec « ethnoi », lui-même issu de l’hébreux « goïm ». On voit mal Jésus-Christ parlant de païens, c’est-à-dire de « non-chrétiens », alors qu’il évoque évidemment ceux qui ne sont pas juifs.
Jean Theis
Au fait que devons-nous comprendre. Jésus est né à Bethléem. Cependant 40 jours après il est à Jérusalem et ensuite retourne à Nazareth.
Entre-temps Il est allé en Egypte jusqu’à la mort d’Hérode.
Parmi les experts qui se sont exprimés ci-dessus, l’un d’eux aurait-il une explication ?
Nathanaël
J. Theis,
une exégèse (Lagrange, par exemple), propose de situer le séjour en Egypte après la présentation au Temple. Le massacre hérodien, attesté par Macrobe, serait donc postérieur à ce dernier événement. Il y est après tout question d’enfants de moins de deux ans.
Rappelons que le schéma narratif évangélique prend souvent la forme d’une compilation d’anecdotes (péricopes) raccordées par des formules de connexion temporelles souvent formelles, qui ne rendent pas très bien compte des durées réelles séparant les épisodes présentés : « alors », « quand Hérode fut mort »…