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Histoire du christianisme

“Les lois de laïcité sont injustes d’abord parce qu’elles sont contraires aux droits formels de Dieu”

“Les lois de laïcité sont injustes d’abord parce qu’elles sont contraires aux droits formels de Dieu”

Dans un article publié sur Res Novae, l’abbé Barthe évoque la déclaration épiscopale « sur les lois dites de laïcité et les mesures à prendre pour les combattre » du 10 mars 1925 :

[S]ur le point de la laïcité, elle attaquait de fait la matrice de la Révolution :

« Les lois de laïcité sont injustes d’abord parce qu’elles sont contraires aux droits formels de Dieu. Elles procèdent de l’athéisme et y conduisent dans l’ordre individuel, familial, social, politique, national, international. Elles supposent la méconnaissance totale de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de son Évangile. Elles tendent à substituer au vrai Dieu des idoles (la liberté, la solidarité, l’humanité, la science, etc.) ; à déchristianiser toutes les vies et toutes les institutions. Ceux qui en ont inauguré le règne, ceux qui l’ont affermi, étendu, imposé, n’ont pas eu d’autre but. De ce fait, elles sont l’œuvre de l’impiété, qui est l’expression de la plus coupable des injustices, comme la religion catholique est l’expression de la plus haute justice. »

Et d’énumérer quatre ensembles législatifs de laïcisation :

  • la loi scolaire qui « enlève aux parents la liberté qui leur appartient » en même temps qu’elle trompe l’intelligence des enfants, pervertit leur volonté, fausse leur conscience ;
  • la loi de Séparation, qui dépouille l’Église des biens qui étaient nécessaires à son ministère, « sans compter qu’elle entraîne la rupture officielle, publique, scandaleuse de la société avec l’Eglise, la religion et Dieu » ;
  • la loi du divorce qui « autorise juridiquement l’adultère » ;
  • et l’ensemble des dispositions qui laïcisent les hôpitaux et privent les malades de consolations spirituelles en les exposant à mourir sans sacrement.

Venait alors le cœur du propos : c’est non seulement un droit mais un devoir de leur désobéir.

« Les lois de laïcité ne sont pas des lois. Elles n’ont de loi que le nom, un nom usurpé ; elles ne sont que des corruptions de la loi, des violences plutôt que des lois, dit Saint Thomas[3] […]. Après avoir ruiné les principes essentiels sur lesquels repose la société, elles sont ennemis de la vraie religion qui nous ordonne de reconnaître et d’adorer, dans tous les domaines, Dieu et son Christ, d’adhérer à leur enseignement, de nous soumettre à leurs commandements, de sauver à tout prix nos âmes, il ne nous est pas permis de leur obéir, nous avons le droit et le devoir de les combattre et d’en exiger, par tous les moyens honnêtes, l’abrogation. »

Les prélats français, libérés des liens concordataires, fort du sacrifice des prêtres, religieux et séminaristes durant la guerre, et non encore bridés par la condamnation de l’Action française, étaient clairement combattifs, presque subversifs.

Deux tactiques sont possibles expliquaient-ils. « La première consisterait à ne pas heurter de front les législateurs laïcs ; à essayer de les apaiser et d’obtenir qu’après avoir appliqué leurs lois dans un esprit de modération, ils finissent par les laisser tomber en désuétude. » Mais elle présente, continuait-elle, des inconvénients graves :

  1. « Elle laisse les lois debout. À supposer qu’un ministère ou plusieurs ministères n’en usent qu’avec bienveillance, ou cessent d’en user contre les catholiques, il dépendra d’un nouveau gouvernement de les tirer de l’oubli ». Les effets du laïcisme sont atténués provisoirement, mais le principe subsiste. « On dira qu’une attitude de conciliation nous a valu quelques faveurs particulières. Petits avantages quand on songe à l’immense courant d’erreur qui envahit les âmes et les entraîne à l’apostasie ! »
  2. « Les plus malfaisantes de ces lois continuent à agir, quelles que soient les intentions des ministères successifs. »
  3. « Cette politique encourage nos adversaires, qui, comptant sur notre résignation et notre passivité, se livrent chaque jour à de nouveaux attentats contre l’Église. »

C’est donc une deuxième tactique qui était prônée, « plus militante et plus énergique ». Elle voulait que « sur tous les terrains, dans toutes les régions du pays, on déclare ouvertement et unanimement la guerre au laïcisme et à ses principes jusqu’à l’abolition des lois iniques qui en émanent », avec « toutes les armes légitimes », énumérées ici encore en trois points, comme dans un bon sermon :

  1. Action sur l’opinion par une propagande persévérante, notamment par des journaux et conférences, et aussi par des « manifestations extérieures ».
  2. Action sur les législateurs, essentiellement en ne votant que pour des hommes politiques adversaires de la laïcité. La déclaration, se référant à l’avis d’« hommes graves », réfutait la tactique du « moindre mal » en matière de vote, consistant, à défaut d’un bon candidat, de voter pour le moins mauvais.
  3. Action sur le gouvernement : imiter les manifestants qui « se rendent en masse aux portes des mairies, des préfectures, des ministères », envoient aux gouvernants des protestations, délégations, ultimatums, déclenchent des grèves.

Une préparation des voies de l’encyclique Quas primas

La déclaration de l’ACA [Assemblée des Cardinaux et Archevêques, qui deviendra la CEF en 1964] suscita des tempêtes à la Chambre des députés. Herriot interpellé par un député du Cartel des Gauches, sur l’attitude que comptait prendre le gouvernement, répondit de manière très mesurée, mais dénonça, notamment comme source idéologique du texte épiscopal, la doctrine du Séminaire français de Rome, où se recrutait largement les évêques de France (Herriot visait le P. Henri Le Floch, spiritain, son supérieur, une des hautes figures du catholicisme intégral). Et surtout il dénonçait l’aspect le plus subversif du texte des évêques : « La déclaration des archevêques et des cardinaux dit non pas qu’il faut réformer la loi, mais qu’il faut la violer. » […]

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