Après la chute de la Monarchie le 10 août 1792, de nombreux suspects sont arrêtés : laïcs, prêtres séculiers, religieux, souvent réputés réfractaires, même si ce n’est pas le cas de tous. Environ 350 ecclésiastiques sont ainsi incarcérés, dont plus de la moitié étrangers à la capitale.
Le décret du 26 août proclamait :
« L’Assemblée Nationale, considérant les troubles excités dans le Royaume par des prêtres non assermentés, est (sic) une des premiéres causes du dangers de la patrie (…) décréte qu’il y a urgence ».
Il fallait en finir avec « le fanatisme, la superstition et l’obscurantisme ». Le 2 septembre, Danton avertit que le tocsin donnerait le signal de la « charge sur les ennemis de la patrie ».
Entre le 2 et le 5 septembre, des bandes armées d’hommes et de femmes envahissent les prisons parisiennes pour se livrer à l’exécution collective des détenus au couvent des Carmes, à l’abbaye de Saint-Germain, au séminaire Saint-Firmin, aux prisons de la Force, rue Saint-Antoine.
Le couvent des Carmes, avec son très vaste enclos, est le premier et le plus symbolique théâtre des tueries. Au témoignage de l’abbé Saurin, jésuite rescapé, le contraste est saisissant entre la sérénité qui règne au-dedans, parmi les ecclésiastiques prisonniers, groupés autour de trois évêques, et, au dehors, le hurlement de la foule, les canonnades, les roulements de tambour, et finalement, le 2, vers quatre heures du soir, le tocsin de Saint-Sulpice qui donne le signal aux émeutiers. La tuerie qui a commencé dans le jardin s’achève, après un simulacre de jugement, au pied du petit escalier faisant communiquer la chapelle, où les prisonniers ont d’abord reflué et se sont mutuellement donné l’absolution, et le jardin.
« Je n’ai entendu se plaindre aucun de ceux que j’ai vu massacrés » écrira l’abbé de la Pannonie, blessé et rescapé de la tragédie des Carmes.
Parmi les 3 000 victimes de septembre 1792, 191 personnes mortes pour leur foi ont été béatifiées par Pie XI le 17 octobre 1926 : 3 évêques, 127 prêtres séculiers, 56 religieux et 5 laïcs. Parmi eux, saint Salomon Leclercq, frère des Écoles chrétiennes, a été canonisé en 2016.
86 prêtres étaient membres du clergé parisien. Les quatre laïcs et de nombreux religieux béatifiés appartenaient aussi à l’Église de Paris.
On peut vénérer ces béatifiés dans la crypte ossuaire érigée au XIXe siècle sous l’église Saint-Joseph des Carmes (74 rue de Vaugirard, 6e). L’escalier du martyre marqué d’une plaque Hic ceciderunt (Ici ils tombèrent) est aujourd’hui inclus dans le jardin du séminaire universitaire de l’Institut catholique.
la liste des victimes est consultable ici.