Dans un rapport sur l’alimentation du nouveau-né, l’Académie de médecine milite pour un allongement du congé maternité postnatal (4 mois minimum voire 6) pour que les bébés nourris exclusivement par leur maman aient le temps de tirer tout le bénéfice de ce lait aux vertus protectrices reconnues. Il existe en effet
"une discordance entre les deux mois et demi postnataux actuels d’arrêt de travail et les six mois préconisés par l’OMS (Organisation mondiale de la santé)".
Après un long règne sans partage du biberon, l’allaitement fait un retour en grâce chez les jeunes mamans depuis une petite dizaine d’années. Le professeur Bernard Salle, pédiatre en néonatalogie à Lyon, se fait l'avocat de ces femmes :
"Mais comment leur en vouloir ? Elles n’ont généralement reçu aucun conseil, personne n’est là pour les aider… En outre, à peine ont-elles trouvé le bon rythme qu’elles doivent déjà songer à arrêter pour reprendre le travail, seulement deux mois et demi après l’accouchement."
La France peine à dépasser le seuil des 15 % de femmes allaitantes six semaines après l’accouchement, tandis que dans les pays du nord de l’Europe, plus de 80 % des nourrissons sont encore exclusivement nourris au sein à l’âge de 6 mois.
claire
Comme disait dans les années 50 le Dr Pinard (ça ne s’invente pas!), professeur de pédiatrie : “le lait de la mère appartient à l’enfant”.On pourrait rajouter aujourd’hui “et tout ce qui est donné et reçu avec” : construction psychique, liens fondamentaux, équilibre affectif, douceur, patience, confinace, altérité, responsabilité, transmission.
Le sevrage est un lent apprentissage de la liberté et de l’impossibilité de toute-puissance, de chosification de l’autre, on y acquiert le juste écart intergénérationnel et donc les bases de l’identité. Sans exagérer du tout, je pense que l’allaitement maternel est tant pour la mère que pour l’enfant, un acte très fort au plan anthropologique, il pose les grands fondamentaux humains. Un biberon donné par des personnes variables n’apporte pas autant. Mais, quand on ne peut pas faire autrement, il vaut mieux que ce soit toujours la mère qui le donne.