Dans Le Monde, Luc Bronner estime que les nouvelles émeutes diffèrent de celles de 2005 :
"La première différence, fondamentale, tient à la chronologie. En 2005, les événements survenus à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) avaient été le point de départ, clairement identifié, d’un mouvement national. […] En 2007, […] Villiers-le-Bel ne constitue pas un point de départ, mais une étape dans une longue dégradation. Car l’erreur, à trop s’interroger sur les risques de reproduction des émeutes de 2005, serait d’oublier l’accumulation d’événements graves intervenus depuis un an dans les quartiers sensibles […] : agressions de policiers aux Tarterêts (Essonne) et aux Mureaux […] incendies de bus […] violences urbaines de Cergy […] agressions de pompiers et de policiers, incendies de bâtiments publics […] violences dans un quartier d’Aulnay-sous-Bois […] l’émeute de la gare du Nord, en mars, même si elle a eu lieu dans Paris.
Ces incidents témoignent – deuxième différence majeure avec 2005 – d’un changement de cibles. Comme en 2005, les émeutiers visent toujours des locaux publics et privés […] et continuent de brûler des voitures […]. Mais ils s’en prennent, plus fréquemment, aux forces de l’ordre, comme le montre le nombre très élevé de policiers blessés en deux nuits à Villiers-le-Bel (plus d’une centaine). En 2005 […] le ministère de l’intérieur avait recensé 5 143 actes de violences collectives à l’encontre des services de sécurité, de secours et de santé. En 2006 […] il a comptabilisé un peu plus de 5 600 faits, soit près de 10% de hausse. […]
La troisième différence essentielle est l’intention affichée […] de blesser grièvement, voire de tuer des policiers ou des pompiers. De ce point de vue, l’événement le plus grave de ces derniers mois est probablement la découverte, à Aulnay-sous-Bois, le 3 novembre, d’une bouteille de gaz sur laquelle avaient été scotchées des boîtes de clous. […] L’usage d’armes, à Villiers-le-Bel, s’inscrit dans cette logique […].
Villiers-le-Bel n’est donc pas un tournant, mais un révélateur d’une tendance plus ancienne. […] Le plus grave est que tous les acteurs politiques assistent à cette dérive sans savoir quoi faire. […] 2007 n’est pas 2005, sauf sur un point : les pouvoirs publics ne savent toujours pas comment réagir."