Abdennour Bidar, agrégé et docteur en philosophie, chargé de mission à l'Éducation Nationale (Annie Laurent avait déjà souligné ses intéressantes déclarations en 2012), écrit dans Le Figarovox :
"[…] Il ne suffit plus de dire «ne faisons pas l'amalgame entre islam et islamisme». Comme je l'ai écrit dans ma Lettre ouverte au monde musulman, les musulmans du monde entier doivent passer du réflexe de l'autodéfense à la responsabilité de l'autocritique. Car comme le dit le proverbe français, «le ver est dans le fruit»: ce n'est pas seulement le terrorisme djihadiste qui nous envoie de mauvais signaux en provenance de cette civilisation et culture musulmane, mais l'état général de celle-ci. Voilà en effet une culture tout entière qui est menacée par la régression vers l'obscurantisme, le dogmatisme, le néo-conservatisme, le rigorisme incapable de s'adapter au présent et aux différents contextes de société… et qui, c'est le comble, parle parfois de liberté de conscience pour réclamer le droit de donner libre cours à sa radicalité, ou pour faire valoir publiquement ses «principes éternels», sa «loi divine intangible et indiscutable», comme si quelque chose pouvait et devait échapper aussi bien à la marche de l'histoire et à la volonté des hommes!
[…] Dès aujourd'hui, il faut que du côté musulman les voix de la transformation soient beaucoup plus nombreuses et puissantes – et que même nous entendions dans ce concert la voix de plus de théologiens ou d'imams, bien qu'en tant que philosophe je suis toujours très prudent avec les «clercs éclairés»: même ouvert d'esprit jusqu'à un certain point, le savant ou le chef religieux restent des «maîtres de religion» attachés au noyau du dogme, et face auxquels toute conscience doit garder farouchement sa vigilance et sa liberté. […]"