Un entrepreneur de 43 ans, tétraplégique, écrit :
"Mon handicap n’existe que 2h par jour. 30 minutes le soir où j’ai besoin de l’aide d’un tiers pour me coucher, 1h ou 1h30 le matin pour qu’on me lève, douche, habille, et assoie au fauteuil. Depuis 25 ans, la douche quotidienne me mets en paix avec mon corps, me procure le bien-être qui, associé à un habillage impeccable, me donnent confiance en moi pour dérouler des journées chargées où mon handicap disparaît pour laisser place à l’homme en marche. J’ai une voiture aménagée que je conduis et qui m’offre une totale autonomie dans mes déplacements quotidiens.
Il y a quinze jours tout s’est effondré. Santé Service, l’organisme qui me prodigue les soins infirmiers quotidiens, a décidé unilatéralement de m’imposer un “protocole de soins” qui régirait désormais ma vie comme suit :
- 1 seule douche par semaine.
- toilette au lit avec cuvette et gant de toilette.
- lit médicalisé imposé en lieu et place de ma literie.
- tablette roulante d’hôpital.
- couché à 22h, et parfois 21h.
- suppression du levé “prioritaire” le matin en début de tournée, ce qui me vaut d’être régulièrement prêt à seulement 10h45 ou 11h.
Voilà comment de personne avec ses besoins propres à chacun, on devient protocole de soins aveugle et sourd. À l’heure à laquelle j’écris ces lignes, le 13 juin 2011, ma dernière douche date du mercredi 8 juin, je suis au 5e jour sans douche, et la prochaine est programmée vendredi 17 juin. J’ai les cheveux et le cuir chevelu dans un état indécent, collés, gras, et malodorants. Mon corps sent un désagréable mélange de savon et de sueur, ça me démange et me pique, je me sens mal, sale et très inconfortable. […]
Autre victime collatérale, ma mère, dont on a fêté les 82 ans samedi dernier, avec moi étant dans un état d’hygiène (notamment capillaire) totalement indigne. Ma mère qui ne m’avait pas vu ainsi depuis les heures sombres de mon accident, pour ses 82 ans a passé sa journée à se remémorer 27 ans de parcours de son fil et être assommée par la violence du changement de vie qui s’est opéré en 2 semaines. Ma mère, dont je voudrais tant que le jour où elle partira, elle parte en paix rassurée sur l’avenir de son unique enfant. Je n’ai cessé durant ces 25 dernières années de lui montrer que j’avais une vie extraordinaire, aujourd’hui tout ce travail s’effondre, elle sait plus que jamais que tout ceci tient à un fil, et que je reste totalement au bon vouloir de ceux qui devront me lever et me coucher."
Si demain, sa mère demande l'euthanasie pour son fils, il ne faudra pas s'étonner. A croire que Santé Service a partie liée avec l'ADMD… Toutefois, suite à ce post, et les milliers de messages, Santé Service a revu le traitement.