L'abbé de Tanoüarn se réjouit de l'élection d'Alain Finkielkraut à l'académie française, malgré les tirs de barrage de la presse de gauche, et rappelle ce qu'il avait écrit à propos du dernier livre du nouvel académicien, L'Identité malheureuse :
"Qu’un penseur aussi prudent qu’Alain Finkielkraut se saisisse aujourd’hui du thème de l’identité, qu’il cite plusieurs fois dans son dernier livre Renaud Camus le prophète du « Grand remplacement », qu’il reprenne la conception « camusienne » du Parti (encore majoritaire) de l’in-nocence (c’est-à-dire de la non-nuisance), qu’il ose parler des nouvelles populations apparues dans les Ecoles de la République et qui modifient profondément l’idée même de la laïcité, tout cela indique que nous sommes à un changement d’époque et que nous ne pouvons plus ne pas voir ce que nous voyons, pour paraphraser notre auteur qui reprend l’expression à Charles Péguy.
Que voyons-nous ? Que les préjugés culturels mis en place dans les années 80 par la Génération Mitterrand craquent de partout.
En premier lieu, l’antiracisme n’est plus ce qu’il était. « L’antiracisme d’autrefois était colour blind [sans préjugés raciaux sur la couleur de la peau]. L’antiracisme contemporain en revanche s’aveugle à tout ce qui n’est pas la couleur de la peau. Ces fidèles cultivent l’obsession de la race au sens physiologique que ce terme n’avait pas chez Claudel. Ils s’enorgueillissent d’avoir obtenu après un long combat la mise hors-la-loi du mot, ils jettent furieusement l’anathème sur ceux qui ont le front de l’employer encore et ils placent dans le même temps l’origine au-dessus de l’originalité et l’épiderme au-dessus de l’excellence ». Bref l’antiracisme des années 80 s’était levé au nom de la lutte contre les préjugés. Aujourd’hui la race différente devient un préjugé (favorable) et un critère (de choix). L’exemple que cite Finkielkraut est celui de la panthéonisation d’Alexandre Dumas. Il ne s’agissait pas dans cette grand messe républicaine, d’honorer l’auteur des Trois Mousquetaires mais de distinguer… un mulâtre, comme si sa couleur de peau avait une importance quelconque. On sent que cet antiracisme qui devient racialiste, cela préoccupe beaucoup Alain Finkielkraut. Et on est bien obligé de constater, dans son dernier livre, une radicalisation de son discours habituel. […]"