Cet entretien avec Danièle Jourdain Menninger, inspectrice générale des Affaires sociales, pourrait nous réjouir :
"Depuis 2001, la situation s’est beaucoup améliorée : l’IVG est désormais considérée comme un acte de soins à part entière. Mais il reste extrêmement fragile. Dans ce contexte de très fortes tensions budgétaires, qui entraînent des réorganisations hospitalières, c’est le premier service menacé, la variable d’ajustement […].
Se pose aussi le problème de la démographie médicale : avant, les médecins assuraient des vacations pour les IVG, par conviction. Mais quand ils prennent leur retraite, leurs remplaçants (quand ils sont remplacés!) ne prennent pas le relais : cela n’a jamais été une activité valorisante, ni valorisée, dans la carrière d’un médecin. Dans notre rapport, nous préconisions que les internes en médecine fassent l’un de leurs stages dans un centre IVG, comme il le font en pédiatrie ou en cardiologie. Il y a enfin le problème des cliniques, qui se désintéressent de cette activité, dont la tarification est insuffisante.
[…] l’IVG médicamenteuse se développe assez peu en ville. Les médecins en cabinet ont peu d’intérêt et de motivation à la pratiquer, car l’acte est trop faiblement tarifé. Dans certains services hospitaliers, comme en Alsace ou en Corse, l’IVG médicamenteuse représente 95% des interventions. Cela restreint énormément la liberté de choix des femmes. Or il faut savoir que ce type d’intervention peut être très douloureux, et n’est pas recommandé au delà de 9 semaines d’aménorrhée. Certaines femmes ne le supportent pas."
En attendant, il ne faut pas oublier qu'il y a plus de 200 000 avortements par an.