Ceux qui croyaient que tous les proches de Bruno Gollnisch ou de Marion Maréchal avaient été exclus du RN se trompent. C’est au tour de Pascal Gannat, ancien chef de cabinet de Jean-Marie le Pen, déjà menacé d’exclusion en juillet 2018, de faire les frais de ses positions trop ancrées dans la perspective d’une union des droites et de ses convictions catholiques :
(…) Pascal Gannat, qui y présidait le groupe régional du parti jusqu’en septembre 2017, a reçu la semaine dernière sa lettre d’exclusion du mouvement de Marine Le Pen. En cause, le non-remboursement d’un prêt de 6600 euros contracté auprès du mouvement pour sa campagne des législatives, plusieurs retards de cotisation, comme différentes sorties jugées hostiles au mouvement ainsi qu’à sa présidente. Convoqué à une commission disciplinaire le 24 septembre dernier au siège du parti à Nanterre, l’élu s’est vu notamment reprocher d’avoir tenu au quotidien Le Monde les propos suivants: «[Marine Le Pen] dit, ne vous inquiétez pas, je vais pousser la liste, mais on pousse un véhicule quand il est en panne!»
Une procédure «banale» et «purement interne» défend la direction du parti, mais qui ne va pas sans provoquer des remous au sein du mouvement. L’excommunication de ce cadre historique du Front national des années 80 passe mal au niveau local et relance les rumeurs d’une «chasse aux sorcières» qui serait dirigée selon certains cadres contre la frange la plus catholique et conservatrice du mouvement. Frange à laquelle Pascal Gannat ne s’est jamais caché d’appartenir, en se rendant, notamment, samedi dernier à la Convention de la droite organisée autour de Marion Maréchal. «Les raisons financières ne sont qu’un prétexte à mon exclusion, veut croire l’intéressé. Le parti était au courant de mes difficultés temporaires, j’avais d’ailleurs son accord pour différer ce remboursement. La réalité est que cette décision vient sanctionner mes positions politiques. Je pense mal, donc il faut que je sois puni. Marine Le Pen confond pouvoir et autoritarisme.»
(…) Reste que cette décision d’exclusion du parti est en passe de provoquer une scission du groupe régional RN des Pays de la Loire. Sur les dix élus RN que compte encore l’hémicycle, quatre ont menacé d’en claquer la porte dans le sillage de Gannat. «Les gens de notre groupe sont traumatisés, comme moi, par ce que nous avons traversé depuis deux ans, lâche le réprouvé. Mon éviction n’est que la fin d’un processus qui a commencé sous Florian Philippot. Contrairement à ce qui a été clamé après la présidentielle, rien n’a changé dans le fonctionnement de ce parti.» (…)
Par ses déclarations, Pascal Nicot, conseiller régional et secrétaire départemental du RN, pourrait être également la prochaine victime de ces purges :
Ce samedi 5 octobre, dans un communiqué, Pascal Nicot, conseiller régional et secrétaire départemental du RN dans la Sarthe, abordait à demi-mot la mesure disciplinaire en évoquant sa présence « avec enthousiasme », à la convention nationale de Marion Maréchal-Le Pen, la semaine dernière. Une convention à laquelle participait également Pascal Gannat.
« Cette convention fait suite à l’appel d’Angers que j’avais signé pour que nous construisions ensemble un projet de gouvernement volontariste et cohérent, constituant une alternance crédible au Président Macron » écrit-il avant d’ajouter que ce « rassemblement transpartisan peine à séduire les dirigeants de LR et du RN qui tentent difficilement de rallier les électeurs à leurs partis respectifs ».
Il déplore « cette attitude stérile, accompagnée de pressions, de menaces et parfois d’exclusions » et indique qu’« un nombre important d’élus RN au Conseil Régional des Pays de la Loire partage cette analyse ».
A cinq mois des élections municipales, Pascal Nicot annonce que « des initiatives fortes seront prises dans les prochaines semaines » et promet « l’émergence d’un rassemblement politique ».