Henri Hude, qui vient de publier un nouvel ouvrage – Préparer l'avenir. Nouvelle philosophie du décideur – est interrogé par Famille chrétienne. Extraits :
"Le pacte social passé en 1945 – la croissance finançant l’État providence – est caduc. L’État ne peut plus payer les dettes sociales et financières. Nous n’éviterons pas une remise à plat des traités, une redéfinition du contrat social. Cela exige une autorité politique hors du commun que l’élu n’a peut-être pas, sauf à se transcender… […]
Quelles sont les vertus nécessaires au nouveau chef de l’État ?
Les qualités ordinaires des grands leaders ne suffisent plus. Le libéralisme idéologique est en train de nous reconduire à l’"état de nature". La société devient ingouvernable, un système où il est impossible de réformer les abus de tous contre tous. Les qualités requises pour un président sont désormais les qualités fondatrices d’une société, celles qui font sortir de l’état de nature. Et fondent la civilisation.
[…] De plus, la culture dominante anéantit l’autorité, parce qu’elle met l’arbitraire de l’individu à la place de la loi morale. Mais s’il n’y a pas de loi morale, l’individu n’a pas non plus de devoir. Le pouvoir civil s’impose donc brutalement, ou alors il n’est plus supporté et perd tout pouvoir.
N’est-ce pas le propre de l’idéologie ?
L’idéologie nous emprisonne dans une analyse en termes de droite et de gauche, avec, de chaque côté, des modérés et des extrêmes. Or il n’y a pas deux dimensions en politique, mais trois, parce que la justice compte trois dimensions : 1/ celle de la solidarité entre concitoyens et de la protection des plus faibles ; 2/ celle de la liberté des contrats et des échanges privés ; 3/ le respect du devoir civique et patriotique. C’est sur la première qu’insistent le plus les partis populaires et les classes populaires. Les milieux d’affaires et la bourgeoisie mettent l’accent sur la seconde. La haute administration, ou l’aristocratie selon les époques, seront plus sensibles à la troisième.
Comment cela s’applique-t-il en particulier pour la France ?
La raison de la crise française, c’est une contradiction intenable : d’un côté, l’acceptation d’un extrémisme libéral dans la pensée, dans la vie privée et dans la politique économique au niveau mondial ; de l’autre, un État français et une économie nationale gérés de façon unilatéralement socialiste. […]
Question : Et la droite nationale derrière Marine Le Pen ?
Si on se veut national, on se doit d’être juste, car la nation est un lieu de justice. C’est pour cela que sont nées les nations dans les temps modernes, et la justice disparaît quand l’État devient impuissant et que la nation s’efface. Mais la nation est aussi un individu collectif, qui existe dans une société internationale, où notre patrie a des devoirs envers les autres. Il y a donc contradiction entre, d’un côté, la volonté de lutter contre l’injustice de l’individualisme libéral ; et, d’un autre côté, un nationalisme fermé à l’idée de la justice internationale et du bien commun universel."
Daquin
Non, il n’y a pas contradiction à moins se soumettre à des structures et forces supranationales
et l’ONU s’est plusieurs fois discrédité dand des affaires nous concernant
bob
je crois que monsieur Hude gagnerai à lire Maurras. Ce n’est pas la culture dominante qui “met l’arbitraire de l’individu à la place de la loi morale”, mais c’est l’idée (fausse) de pacte sociale en elle-même.
Le pacte sociale repose sur l’idée suivante: la société existe grâce à un pacte entre hommes égaux. Le grand Charles pour montrer la fausseté de cette égalité théorique, utilise pour exemple la vie d’un homme entre 0 et 12 ans. Il met ainsi en évidence le fait qu’à la base d’une société, il est une relation d’ORDRE, et que l’égalité n’existe que dans les belles idées des philosophes.
Pour que règne l’ordre morale, il faut donc reconnaitre que s’il y a société c’est parce qu’il y a ordre. Et cet ordre a été fait par quelqu’Un qui ne nous est pas égal.
La loi morale devant régir la société découle de Sa volonté. C’est ce qui la rend immuable, et supérieure à toutes relations humaines
couli
A propos… François Hollande n’est-il pas athée ?
Noe
“[…]l’acceptation d’un extrémisme libéral dans la pensée, dans la vie privée et dans la politique économique au niveau mondial.”
Quel contresens monumental! Au contraire les comportements n’ont jamais été plus policé, plus réglementé, plus harmonisé et ce au niveau mondial à partir de l’alignement sur les meilleures pratiques décidées par les organismes d’experts transnationaux.
[…]de l’autre, un État français et une économie nationale gérés de façon unilatéralement socialiste.
Le socialisme n’est unilatéral que dans la mesure où il ne concerne que la masse. Les élites elles sont les seules à profiter du libéralisme, au sens de la libre circulation des biens et des services, via les dérivations financières qui permettent de capter une partie de la manne qui circule à travers les canaux bancaires inaccessibles au grand public. Celui-ci s’estime satisfait quand l’Etat lui remet une couche de réglementation qui fonctionne à ses frais, alors qu’il est incapable de comprendre des textes qui comprennent tous les échappatoires réclamés par les “institutionnels”, mais que le quidam est trop incompétent pour détecter.