Le colloque des 12 et 13 octobre « Catholiques en action » s’est interrogé sur la reconstruction de « communautés de destin ». Guillaume de Prémare, directeur général de l’association Ichtus, répond aux questions de France Catholique :
Six mois après votre Appel pour un nouveau catholicisme social, vous concluez les travaux par un colloque : « Catholiques en action ». Dans quel but ?
L’objectif est de proposer aux personnes de bien comprendre les questions sociales, de bien comprendre pourquoi elles sont liées aux questions dites « sociétales », puisqu’il s’est tenu une semaine après la marche anti-PMA. Pour comprendre que tout est lié, qu’il y a une globalité d’un problème de déconstruction : du lien social, anthropologique et culturel, qui crée une forme de dissociété. Il y a cette question des fractures françaises, analysées par Jérôme Fourquet dans L’Archipel français. Il y a les fractures culturelles, géographiques, sociologiques, anthropologiques, et familiales. Il y a des fractures aussi dans le monde du travail, avec la perte de sens du travail lui-même. Et on voit bien que dans tout ce contexte, il est de plus en plus difficile de faire une société, de faire une communauté, de faire un peuple. Donc il y a un travail très important à fournir pour reconstruire les communautés solidaires.
Les Gilets jaunes, La Manif pour tous… Croyez-vous à un réinvestissement des catholiques sur ces champs sociaux et politiques ?
Les catholiques doivent comprendre cette révolte de la France profonde, oubliée, laborieuse. Ce terrain d’action est extrêmement important aujourd’hui. Nous sommes affrontés à une marche du monde : si on parle de bioéthique, on va vers Le Meilleur des mondes d’Huxley, donc il faut y résister, et c’est la même logique de ce monde global, de cette mondialisation sauvage, techno-marchande, qui crée aussi les fracturations sociales. Il y a un lien entre tout cela, et il est important que les catholiques soient présents sur ces différents champs d’action.
Le sens du sacré peut-il encore parler à nos compatriotes, qui font face à des préoccupations matérielles, comme boucler une fin de mois difficile ?
La question spirituelle ne peut pas être évacuée. Il faut comprendre que les problèmes politiques auxquels nous sommes confrontés sont aussi spirituels, en ce sens où cette modernité, ce matérialisme triomphant, prive l’Homme d’une part essentielle de lui-même, de sa soif d’absolu, de sacré, de sa soif de Dieu. Il faut donc que cette action civique, politique, de terrain, soit aussi une occasion de témoigner de la présence de Dieu dans l’histoire des hommes. La France a besoin de Dieu, les gens ont besoin du Bon Dieu.