Dans La Règle de Saint
Benoît : aux sources du droit…, Gérard Guyon, professeur émérite de
l’Université de Bordeaux, montre que Saint Benoît, père de l’Europe, a eu une
influence non négligeable sur le doit et les institutions occidentales.
« Alors
que la civilisation juridique romaine laissait la personne pratiquement isolée
et sans droit devant le pouvoir, l’idée selon laquelle celui-ci devait, au
contraire, être au service de la personne, est inscrite en toutes lettres dans
le texte [de la Règle bénédictine, NDMJ]. Cette conception s’est largement répandue en
Europe, grâce à la multiplication des monastères bénédictins et cisterciens,
dans lesquels l’abbé est à la fois un législateur soucieux de respecter la
lettre de la loi divine et d’exercer sa justice d’une manière non vindicative.
Appliquant sa sanction – comme nous le verrons – en tenant compte des
circonstances et de la personnalité du délinquant. Cette attitude nouvelle est
remarquable. Elle inclut aussi une anthropologie liée à la transcendance,
consciente des exigences de la responsabilité morale. On est loin des
conceptions obscurantistes médiévales si souvent décrites et heureusement
dénoncées par Jean-Marie Carbasse. Au contraire, il s’agit de caractéristiques
juridiques et processuelles considérées comme les plus modernes aujourd’hui et
que tous les Etats ne sont pas encore parvenus à mettre en œuvre. »