De Guillaume de Thieulloy dans Les 4 vérités à propos de l'élections de Donald Trump :
"[…] En tout cas, la leçon la plus importante à retenir – pour le moment – de cette élection hors norme, c’est que les dirigeants occidentaux sont totalement déconnectés des réalités. À les entendre, Donald Trump ne pouvait pas gagner. Il a déjoué tous les pronostics. Et il les a déjoués, car les « élites » ont délibérément refusé d’entendre la colère des peuples. Des dizaines de journalistes ont travaillé à plein temps pendant des mois pour fouiller dans le passé de Donald Trump. Et tout ce qu’ils ont trouvé fut cette fameuse vidéo d’une conversation privée remontant à des années (conversation effectivement vulgaire et insultante pour les femmes).
Mais, les médias n’avaient pas une heure à consacrer à la compréhension des raisons du vote Trump. Ces raisons sont pourtant simples à comprendre. Les peuples occidentaux rejettent de plus en plus les « élites » branchées, chantres de la « mondialisation heureuse », qui n’est heureuse que pour quelques-uns et catastrophique pour le plus grand nombre. Ils veulent donc reprendre leur destin en main, pour vivre selon leurs traditions et leurs cultures. Cette tendance générale a conduit au Brexit, à l’élection de Trump, et devrait prochainement assurer la victoire d’Hofer en Autriche.
En France, de toute évidence, le FN est le parti qui peut le plus facilement profiter de cette dynamique. Mais, pour cela, il doit, lui aussi, prendre la mesure de la colère des peuples. Et cette colère n’est pas d’abord économique, même si le chômage et le déclassement sont déterminants dans le vote contestataire. Cette colère est profondément une colère identitaire : une colère contre les « élites » qui veulent nous déraciner de force. Il faut tranquillement assumer ce caractère contestataire. Il n’est pas déshonorant de refuser des « élites » aussi antinationales.
Et il faut aussi fédérer les colères, sans se pincer le nez devant telle déclaration ou telle personnalité. Il va de soi que Marine Le Pen n’a pas à assumer les déclarations de tous ses soutiens, mais tacler publiquement lesdits soutiens, comme cela vient d’être fait avec le SIEL, ne permet pas de bâtir une stratégie victorieuse. En tout cas, le cocktail gagnant est aujourd’hui composé de contestation des « élites » hors-sol, de discours identitaire, et d’un solide bon sens (y compris en économie, où le discours du FN peine à rencontrer l’adhésion de la France qui travaille…). Le FN a huit mois pour corriger ce qui pèche dans son discours et approfondir ce qui fonctionne."