Dans son éditorial de Ouest-France, Jeanne Emmanuelle Hutin s'élève contre l'atteinte à la liberté scolaire :
"Rappelons ce qu'elles ont vu passer en peu de temps : la théorie du genre et le militantisme d'associations tentant d'influencer les programmes scolaires ; la suppression du latin et du grec et, pour la rentrée prochaine, l'introduction de l'arabe dès les petites classes parmi les langues vivantes. […] Ajoutons, la suppression quasi totale des classes européennes et les nouveaux programmes scolaires… Tout cela donne à beaucoup l'impression d'une marche forcée vers une société multiculturelle. Les familles le vivent d'autant plus mal que cela se fait en catimini, sans débat véritable, au fil des lois et des décrets. Mais surtout, elles s'inquiètent de voir que la conscience de leurs enfants est le lieu de cette bataille. Or, l'État se doit de respecter les consciences. Il ne peut instrumentaliser l'Éducation pour les orienter.
Alors comment s'étonner que le projet de soumettre l'ouverture d'écoles hors-contrat à une autorisation de l'État ne provoque la levée de bouclier de ceux qui sont attachés à la liberté des familles de choisir le mode d'éducation de leurs enfants ? Le motif invoqué de cette réforme est la lutte contre la radicalisation. Si elle est nécessaire, elle ne peut se faire à « n'importe quel prix et certainement pas à celui de la liberté d'enseignement. Le système actuel de déclaration, pleinement appliqué, et si besoin renforcé, répond d'ores et déjà aux exigences légitimes de contrôle par l'État. Il n'y a donc pas lieu de réformer dans l'empressement et par un biais inapproprié des questions aussi importantes », écrivait le cardinal Jean-Pierre Ricard, président du Conseil pour l'enseignement catholique.
« C'est une atteinte fondamentale à la liberté constitutionnelle d'enseigner », écrivait Guillaume Drago, professeur de droit à Assas. C'est aussi une perte pour le pays. Car, de Montessori à Espérance Banlieue, ces écoles proposent souvent des pédagogies alternatives qui permettent d'importantes avancées en ce domaine, rappellent des députés de l'Ouest.
Qu'adviendra-t-il ? Plus l'État semblera prendre, à travers l'école, le monopole de la formation des jeunes consciences, plus les familles iront ailleurs. Leur liberté n'est-elle pas de transmettre à leurs enfants les repères pour se conduire et avancer dans la vie ? Les régimes ayant tenté de se substituer aux familles portaient tous la marque du totalitarisme non de la Démocratie. Il faut donc faire preuve de discernement pour résoudre les problèmes d'aujourd'hui sans empiéter sur laliberté des familles."