Après le revirement de Nicolas Sarkozy, Le Salon Beige interroge le député Jean-Frédéric Poisson, candidat à la primaire LR en novembre prochain :
Après avoir affirmé lors d'un meeting organisé par Sens commun en 2015 qu'il abrogerait la loi Taubira, Nicolas Sarkozy revient sur cet engagement das son livre.Vous attendiez-vous à ce revirement ?
Ce n'est pas un revirement, c'est un véritable reniement ! Ce n'est pas très surprenant, car il y a aujourd'hui un manque général de courage et de volonté politique sur ce sujet comme sur beaucoup d'autres.
Mais je pense qu'il commet une grave erreur. Les Français sont las des responsables politiques qui leur mentent, qui les trahissent. Ils sont fatigués des reniements et de l'opportunisme politique !
Nicolas Sarkozy invoque notamment "l'impossibilité de démarier les gens." Il n'a jamais été question de cela. Ce n'est pas à lui, ancien Président de la République, que je vais apprendre qu'une loi peut tout à fait être abrogée sans effets rétroactifs ! Il est question de ne plus marier dans le futur, et de ne plus donner le droit à l'adoption, pas de revenir sur ce qui a déjà été fait, et il le sait très bien. Il est juste question d'assurer à chaque enfant le droit d'être élevé par un père et une mère, ce qui devrait relever du bon sens.
Pour ma part, je considère que permettre la reconstruction du mariage et de la filiation passe notamment et nécessairement par l’abrogation de la loi Taubira ouvrant le mariage aux personnes de même sexe. C'est un choix de société, un choix de volonté politique.
Oui, la question du mariage, de la filiation et de la protection de l’enfant doivent revenir dans le débat public. De manière pacifiée mais sans concessions.
Non, le mariage pour tous n'est pas le sens de l’histoire. Il n’y pas de « sens de l’histoire », mais des enfants et une société à protéger.
Non, il n’y a pas d’obstacle juridique sérieux à une révision de la loi Taubira. Cette révision, je la porterai avec détermination tout au long de cette campagne des primaires, comme je l’ai fait jusqu’à présent. Et je serai le seul candidat à le faire.
L'union civile, portée par Hervé Mariton, peut-elle être une solution ?
Je ne peux accepter de compromission avec l'alliance civile, qui aura, à terme, les mêmes conséquences que le mariage : l’ouverture de l’adoption, de la PMA et de la GPA. La Cour Européenne des Droits de l’Homme aura vite fait de crier à la discrimination face à ce contrat qui donne « presque tous les droits » sauf celui de la filiation, et d’exiger que celle-ci soit inclue dans ce pacte. En la défendant, non seulement nous n’aurons rien gagné, mais nous aurons soutenu l’idée qu’il y a une discrimination envers les couples homosexuels et qu’ils doivent avoir toujours plus de droits ! Implicitement, avec l’alliance civile, nous approuvons le postulat de base du Parti Socialiste : il faut répondre aux revendications de toutes les minorités, il faut toujours ouvrir de nouveaux droits, il faut encadrer toutes les situations… Avec ce raisonnement, nous allons droit dans le mur.
C'est pourquoi je considère que l'abrogation est la seule voie, et elle est possible. Il ne s'agit pas de juger ni de condamner qui que ce soit : il s'agit de se battre pour préserver les fondements de notre société et donner à chaque enfant abandonné la possibilité d'être élevé par un père et une mère.
Pensez-vous que pour gagner l'élection présidentielle, il soit indispensable de porter l'abrogation de la loi Taubira ?
Oui, je le pense, même si bien d'autres sujets doivent également être traités avec courage et fermeté ! La Manif pour Tous a rassemblé des centaines de milliers de personnes dans les rues, il ne faut pas l'oublier…
En tout cas, je pense que les Français attendent de leurs responsables politiques qu'ils ne changent pas d'avis au gré du vent. Les Français attendent de la constance, des convictions, pas de l'opportunisme politique.
C’est vrai sur cette question, mais aussi sur l’Europe, l’autorité de l’Etat, et la liberté laissé aux forces vives de notre pays (entreprise, établissement scolaire, collectivités territoriales…).
Les Français attendent de la droite qu’elle soit à droite, pas au centre !