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Culture de mort : Avortement

Les sages seront-ils sages?

Les sages seront-ils sages?

De Roland Hureaux, haut fonctionnaire et essayiste, pour le Salon beige:

Comment ne pas se dire que, dans quelques années,  nos enfants ou petits-enfants se demanderont quelle folie a  touché les parlementaires français si, compte tenu de l’état de la démographie du pays, ils en venaient à une décision aussi absurde que de voter l’insertion d’un « droit à l’avortement » dans la constitution ?

Le même genre de question rétrospective que   nous nous posons en pensant à l’aveuglement  qui a prévalu  dans les années trente face  à la montée d’Hitler , quand tout le monde croyait l’amadouer par des concessions.

L’évènement le plus important des trois dernières années, qui n’en ont pas manqué ,  n’est  en effet pas ceux  dont on parle le plus : Ukraine, Proche-Orient, covid , climat,  c’est l’effondrement  de la fécondité  en  France  ( comme de toute l’Europe), aussi soudain qu’imprévu qui s’est produit  en 2022.

Une chute brutale des naissances

Rappelons que notre fécondité  était de 2,03 enfants par femme en 2010, ce qui faisait dire à certains qu’elle allait très bien. Tout juste.

Elle est ensuite tombée à  1,96 en 2017,  puis 1,81 en  2020 , après les mesures antifamiliales prises par le ministre Macron en 2014 ( plafonnement des prestations familiales ,  quasi-suppression du quotient familial ) .

Et puis, brusquement , elle tombe à 1,68 en 2023 , Probablement 1,3 si l’on ne compte pas l’apport des populations immigrées. Ceux qui veulent à toute force constitutionnaliser l’avortement ont bien mal choisi leur moment.

Comment ne pas y voir la confirmation que nous vivons une époque folle ?

Les arguments des  partisans du projet gouvernemental sont connus. Le principal est que l’immense majorité des Français  y serait favorable . Mais les Français ont-ils vraiment compris que refuser l’inscrire le droit à l’avortement dans la constitution ne signifie pas qu’on remette en cause la Loi Veil  ( on sait combien Simone Veil était hostile à l’inscription de cette loi dans la constitution ),  ni même ses développements ultérieurs . On sait aussi quel est le climat d’intimidation qui règne en faveur de   cette modification de la constitution   et dans lequel se déroulent  le débat et probablement les sondages. Intimidation voire hystérie. Le Conseil national des barreaux , dont on ne voit pas en quoi il est concerné,  se fend d’une motion pour demander l’inscription. Seuls les médecins sont en majorité contre,  redoutant légitimement que cette constitutionnalisation ne leur ôte leur droit à l’objection de conscience  et donc une partie de leur dignité,  mais,  intimidés, ils ne s’expriment pas. Le symbole politique l’emporte sur la réalité : personne ne s’interroge plus sur ce qu’est un avortement ni sur  ce qu’il représente dans la société actuelle, suicidaire à bien des égards

Pourquoi ce « droit » et pas d’autres ?

Pas davantage ne s’interroge-t-on sur le sens  qu’il y aurait à inscrire  ce droit  particulier dans la constitution  plutôt que bien  d’autres,  tels  le  droit à  un revenu minimum , le droit au logement , le droit d’aller et de venir sans compter la liberté de la presse si menacée aujourd’hui.

On a même appelé à la rescousse les people , telle la belle Sophie Marceau et autres  constitutionnalistes de rencontre qui ignorent  probablement ces  subtilités.  Ils feraient mieux s’ils veulent défendre les femmes , de s’intéresser à toutes celles qui avortent sous la pression de leurs partenaires, trop lâches poux assumer la paternité , de leur mère ou  de leur employeur. Rappelons que ces pressions souvent odieuses sur des femmes qui voudraient garder leur  enfant ont été dépénalisés par Martine Aubry en 1999 !  Plus que la liberté des femmes, l’avortement exprime bien souvent la lâcheté des hommes.

Nous ne reviendrons pas sur les arguments  plus classiques : en  démocratie normale, la liberté des Assemblées ne saurait être bridée à l’avance par un verrou constitutionnel. Le sait-on ? Ce refus de brider les Assemblées était jadis défendu par la gauche.

N’oublions pas que l’initiative de la constitutionalisation n’est que l’effet d’un intense lobbying international qui veut , dans une vague suicidaire qui touche la planète , que le monde entier suive. Ce lobby attend avec impatience de cocher la case France.

Raison suffisante pour que les décideurs ultimes, les parlementaires, « sages » par excellence,  ne cèdent pas au vent dominant. Loin de les déconsidérer, cette résistance montrera  que , résistants aux emportements, ils continuent de jouer un rôle irremplaçable de « garde-fous » .

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