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Pays : Pologne

Les anciens services de renseignement communistes

1. Pologne : le Parlement polonais a supprimé par 375 voix pour et 48 contre le service de renseignement militaire, le seul qui n’avait pas encore fait l’objet d’une réforme de fond depuis la fin du communisme. Le 30 septembre prochain, le Wojskowe Służby Informacyjne (WSI) cessera donc d’exister et cèdera la place à 2 nouvelles structures, l’Agence de renseignement militaire et l’Agence militaire de contre-espionnage. Cette opération permet au gouvernement de moderniser les organes de renseignement et de couper les liens avec les services de renseignement russes, soupçonnés d’avoir toujours leurs ‘entrées’ au WSI.

2. Bulgarie : l’Union européenne demande à la Bulgarie d’ouvrir les dossiers amassés par la Sécurité d’Etat communiste car elle estime que leur consultation permettra de faire la lumière sur l’implication probable d’anciens agents dans des activités criminelles, telles que le trafic d’armes ou de stupéfiants. Elle soupçonne également ces services d’avoir, à la fin de l’ère communiste, procuré à ses officiers et à ses agents des places de choix dans l’appareil politique et les milieux économiques bulgares. Pour sa part, le DSB (Demokrati za Silna Balgaria, Les Démocrates pour une Bulgarie forte) annonce vouloir présenter au parlement une proposition de loi instituant une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur le passé des personnes occupant des positions publiques importantes dans les médias, l’appareil politique et les administrations.

Michel Janva

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1 commentaire

  1. http://www.lexpress.fr/info/france/dossier/hernu/dossier.asp?ida=223295
    Une bien bonne sur le Ministre des Armées de François Mitterrand, Charles Hernu, et ses rapports avec la Bulgarie :
    L’ancien ministre de la Défense a été, au moins pendant dix ans, rémunéré par le KGB et ses satellites
    Palais de l’Elysée, un jour de l’automne 1992. Le patron de la Direction de la surveillance du territoire (DST), le contre-espionnage français, a sollicité en urgence une entrevue avec le président François Mitterrand. Il serre contre lui une serviette contenant l’un des secrets les plus ahurissants de la Ve République.
    Peu de temps auparavant, dans la toute nouvelle atmosphère de coopération qui s’est établie après la chute du mur de Berlin, en 1989, l’un des plus redoutables services spéciaux des pays de l’Est lui a fait parvenir un dossier classé hautement confidentiel, dont L’Express peut aujourd’hui révéler le contenu. Cette liasse de documents ultrasecrets détaille la stupéfiante histoire de la manipulation et du financement d’un homme politique qui a occupé l’une des fonctions les plus sensibles de la République pendant le premier septennat mitterrandien: Charles Hernu, très voyant ministre de la Défense de 1981 à 1985, mais également l’un des plus fidèles compagnons de François Mitterrand.
    Ce jour-là, dans le bureau du chef de l’Etat, le directeur de la DST, Jacques Fournet, fait part de cette incroyable découverte au président. Celui-ci sursaute. «Après Pelat, Hernu…», murmure-t-il, abattu par cette nouvelle révélation sur l’un de ses proches, décédé deux ans auparavant. Mais la méfiance viscérale de François Mitterrand à l’égard des services spéciaux reprend le dessus. Est-on vraiment sûr qu’il ne s’agit pas d’une manoeuvre d’intoxication? En réponse, le responsable du contre-espionnage lui livre quelques extraits des rapports venus de l’Est et, en particulier, le détail des sommes touchées par Charles Hernu. Il confie ensuite que les vérifications très poussées réalisées par les spécialistes de la DST confirment la véracité de ces documents. Encore sous le choc, le président de la République évoque quelques souvenirs de son incorrigible ami. Puis il conclut fermement: «Nous n’allons pas refaire l’Histoire. Considérez, monsieur le Directeur, qu’il s’agit d’un secret d’Etat.»
    L’ordre est sans appel: ce dossier doit retourner dans un coffre pour ne plus jamais en sortir. Au sommet de l’Etat et du contre-espionnage, seuls une poignée d’initiés partageront ce secret et auront connaissance de la réaction de François Mitterrand. Il demeurera avec le nouveau pouvoir: Charles Pasqua et Edouard Balladur, puis leurs successeurs, informés, adapteront la même attitude que François Mitterrand.
    Au terme d’une enquête de plusieurs mois, tant en France que dans les pays de l’Est, L’Express est en mesure de lever le voile sur cette affaire d’Etat: un futur ministre français de la Défense a été – pendant au moins dix ans – rémunéré par des agents de Moscou. C’est l’incroyable vérité que contenaient les documents venus du froid.
    Le recrutement du 13 mars 1953
    En 1953, Charles Hernu, 29 ans, jeune turc de la politique aux amitiés franc-maçonniques, vient de créer le Club des jacobins, un groupe d’agitateurs d’idées proches de la gauche radicale. Il incarne l’aile moderniste du radicalisme, qui souhaite porter Pierre Mendès France au pouvoir. C’est alors un personnage fantasque et séduisant, aimant la bonne chère et les jolies femmes. Il a aussi des difficultés à joindre les deux bouts, tant pour ses activités politiques que dans sa vie privée. Hernu est alors salarié du Centre national du commerce extérieur (CNCE). Cette personnalité remuante, intelligente et prometteuse attire donc, en raison de ces faiblesses, l’attention des services de l’Est.
    C’est très exactement le 13 mars 1953 que le nom de Charles Hernu apparaît pour la première fois dans un rapport des services secrets bulgares, le KDS. Le jeune diplomate bulgare qu’il rencontre se présente sous le nom de Vinogradov. Il s’agirait en fait de Raïko Nikolov, officiellement troisième secrétaire de l’ambassade de Bulgarie à Paris depuis 1951, en réalité agent secret. Ce contact avec Charles Hernu s’inscrit dans la stratégie des services spéciaux de l’Est de l’époque. Ils cherchent, en effet, à recruter des Français, à des postes clefs, pouvant leur fournir des informations confidentielles, mais parient aussi sur de jeunes espoirs, susceptibles de jouer un rôle politique dans l’avenir. Les diplomates espions, qui fourmillent alors à Paris, repèrent et séduisent des responsables de la France de demain dans les domaines les plus divers. Avec Charles Hernu, Raïko Nikolov met dans le mille…
    Après ce premier contact, il faut «ferrer le poisson». Pour cela, «Vinogradov» va demander à son «ami» Charles de lui rédiger de petites notes, en apparence anodines, sur la situation politique française. Hernu lui remettra ainsi régulièrement des synthèses – notamment sur le Club des jacobins. Il adressera aussi des portraits de Gaston Defferre, de François Mitterrand, etc.
    Le piège ainsi se met en place: pour prix de ses «travaux», Charles Hernu reçoit mensuellement, entre 1954 et 1956, d’abord 25 000 anciens francs (ce qui ferait 2 750 francs aujourd’hui), puis, pour certaines notes plus détaillées, de 40 000 à 50 000 francs (de 4 400 à 5 500 francs actuels).
    Dans les comptes rendus des services bulgares, Hernu est identifié sous le pseudonyme d’ «André». Un nom de code qui «officialise» son statut d’agent. L’engrenage est d’autant plus dangereux que les services bulgares, depuis les débuts de la guerre froide, sont le bras armé du KGB. En réalité, Raïko Nikolov sert d’agent recruteur pour le grand frère soviétique.
    Voilà donc Charles Hernu adopté par l’ambassade soviétique à Paris
    Charles Hernu confirme rapidement tous les espoirs placés en lui. Le 2 janvier 1956, sa carrière politique prend son envol: il est élu député du 6e secteur de la Seine (Aubervilliers, Saint-Denis, Montreuil, Vincennes), sous l’étiquette Front républicain. Selon Jean Guisnel, auteur d’une biographie de Charles Hernu (Fayard), les moyens mis en œuvre par le candidat étaient déjà considérables, «disproportionnés», même, au dire de ses amis jacobins. La plus grande partie de la campagne aurait été financée, d’après Hernu, par une providentielle et généreuse mécène avec qui il vivait à l’époque.
    La réussite législative de Charles Hernu a, cependant, une conséquence immédiate: les notes que le nouveau député de la Seine fait parvenir à ses «amis» bulgares prennent de la valeur. A partir de son élection à l’Assemblée nationale, il reçoit «périodiquement» de 100 000 à 150 000 anciens francs (de 10 000 à 15 000 francs actuels). Mais, en novembre 1956, son agent traitant, Raïko Nikolov, est rappelé dans son pays. Soucieux de continuer à suivre la carrière de ce politicien prolixe, un «diplomate» soviétique prendra alors le relais des Bulgares. Ce conseiller de l’ambassade de l’URSS à Paris, identifié comme Vladimir Ivanovitch Erofeev, est une grande pointure de l’espionnage soviétique en France. Très actif, ce diplomate fréquentait notamment les milieux intellectuels parisiens. Certains ont même cru voir sa main derrière la fameuse affaire des fuites (qui défraya la chronique en 1954): les experts estiment qu’il aurait pu jouer un rôle dans l’ombre du directeur du Libération de l’époque, Emmanuel d’Astier de La Vigerie.
    Voilà donc Charles Hernu adopté par l’ambassade soviétique à Paris. Il est vrai que, politiquement, il est alors plutôt partisan d’une alliance avec les communistes. Quelques mois auparavant, d’ailleurs, en mai 1956, il part avec une délégation du Conseil mondial de la paix, un mouvement cryptocommuniste, pour Moscou, afin de rencontrer Nikita Khrouchtchev. Ce voyage donnera lieu à une scène relatée par Jean Guisnel, qui montre, pour le moins, l’étonnant comportement de l’impétueux député: il disparaît mystérieusement un soir dans un taxi devant l’hôtel Rossia, à deux pas de la place Rouge, sous les yeux inquiets du chef de la délégation française, d’Astier de La Vigerie. Il ne réapparaîtra qu’à 4 heures du matin, cette seule excuse à la bouche: «A Moscou, les prostituées racolent en taxi…»
    A Paris, sous la houlette des Soviétiques, répondant toujours au pseudonyme d’«André», Charles Hernu continue de percevoir des versements de 100 000 à 150 000 anciens francs. La stratégie des services de l’Est est en effet toujours la même: remettre des sommes qui permettent de «tenir» leurs interlocuteurs, créer un besoin, mais ne jamais donner trop, ce qui pourrait attirer l’attention.
    300 000 francs pour «André»
    Après le retour du général de Gaulle et la dissolution de l’Assemblée nationale, en 1958, Charles Hernu se présente aux législatives à Noisy-le-Sec. Les services de l’Est vont faire, à cette occasion, un gros investissement sur «André»: en novembre, ils lui remettent 3 millions d’anciens francs (soit l’équivalent de 300 000 francs aujourd’hui), pour aider au financement de sa campagne. Une somme considérable à l’époque. Le candidat Hernu bourre les boîtes aux lettres de ses électeurs de photos le représentant, avec le slogan «Votez Hernu, vous serez défendu!». Mais c’est un fiasco: balayé, comme François Mitterrand et Pierre Mendès France, par le raz de marée gaulliste, il recueille 5,3% des voix.
    Un autre événement va distendre les liens entre «André» et son agent traitant soviétique. Dans la nuit du 26 au 27 juillet 1961, l’OAS dépose une bombe dans la cage d’escalier de son domicile, rue de Ponthieu, à deux pas des Champs-Elysées. Il échappe de peu à l’attentat. Mais, conséquence inattendue, il va bénéficier dès lors d’une protection policière et va donc demander aux Soviétiques de cesser tout contact. Difficile en effet de rencontrer un espion sous surveillance rapprochée!
    La main passe à la Securitate
    Mais les agents de l’Est ne lâchent pas si facilement prise. C’est ainsi que la route d’Hernu va recroiser, «par hasard», celle d’un autre service communiste, particulièrement efficace: la Securitate roumaine, dirigée, en France, depuis décembre 1958, par le redoutable Mihaïl Caraman. Tout d’abord conseiller pour les affaires économiques et financières, puis premier conseiller de l’ambassade de Roumanie à Paris, Caraman s’est rendu célèbre en «retournant» plusieurs fonctionnaires de l’Otan, comme l’ont raconté Pierre Accoce et Daniel Poujet dans Le Réseau Caraman (Fayard, 1972). Son exceptionnelle longévité en France – onze ans – lui a permis de croiser le Tout-Paris, avec d’autant plus de facilité qu’à l’époque Ceausescu apparaissait comme le plus progressiste des chefs d’Etat du bloc de l’Est. Mihaïl Caraman, charmeur et francophile, amateur d’art et maître espion, n’avait pas son pareil pour séduire ses «cibles» en rapprochant l’ «indépendance» roumaine à l’égard de Moscou des positions antiaméricaines du général de Gaulle.
    L’un des agents de Caraman lie donc contact avec le très coopératif, bavard et impécunieux Hernu. Après en avoir averti les Bulgares et toujours sous le contrôle du KGB, omniprésent, les Roumains vont, eux aussi, investir sur Charles Hernu, qui hérite d’un nouveau pseudonyme: «Dinu». Le 14 décembre 1962, il fait l’objet d’une note complète de la Securitate, qui rappelle ses antécédents avec les services de l’Est et préconise de l’utiliser pour le renseignement politique. Là encore, les Roumains ont fait un bon choix: Charles Hernu vient de participer à la fondation du PSU et il est en train de se rapprocher de François Mitterrand. Il accepte à nouveau de rédiger des synthèses politiques sur la situation française, moyennant finances. Le 19 février 1963, il rencontre même l’officier traitant de la Securitate à Paris, qui en rendra compte à Bucarest dans une note datée du 8 mars.
    La production de Charles Hernu est cependant très inégale. L’un de ses rapports s’attirera d’ailleurs cette mention sévère de Mihaïl Caraman, dans un message à la centrale: «Information politique sans intérêt»… D’autres collaborations, en revanche, comme le dossier consacré au PSU (nom de code: «Monaco»), paraissent passionner Bucarest. Mais aussi Moscou. A tel point que, cette même année 1963, le KGB récupère à son profit l’agent «André-Dinu». Le tout-puissant KGB décide dorénavant de se passer des intermédiaires bulgare et roumain: à partir du 29 mars 1963, Charles Hernu est directement traité par la centrale soviétique. Dès lors, les pays satellites ne sauront plus rien de ce qui se passera. Les relations de Charles Hernu avec les Russes ont-elles été interrompues? Ont-elles continué? Si oui, jusqu’à quand? Avec quels résultats? Le fameux dossier remis à la France en 1992 ne le dit pas.
    La tentative roumaine de 1982
    En tout cas, l’«investissement» soviétique sur Charles Hernu, dans les années 60, qu’il ait continué ou non, a été couronné de succès au-delà de tout ce que Moscou pouvait imaginer. Tout au long des années 70, Hernu est le spécialiste de la chose militaire au sein du Parti socialiste, principal parti d’alternance. Il crée en particulier, en avril 1974, le Coran (Convention des officiers de réserve pour l’armée nouvelle), qui fusionnera bientôt avec la commission de la défense du PS. C’est lui qui définira la politique du parti pour les questions militaires et nucléaires.
    Ce qui ne l’empêche pas, surtout après avoir quitté son emploi au Centre national du commerce extérieur, de tirer le diable par la queue. Toujours en quête d’argent, selon ses proches, il sait pourtant se montrer généreux à certaines occasions. En 1971, il frôle une mise en cause judiciaire en raison de ses liens étroits avec Claude Lipsky, escroc de haut vol et principal protagoniste du scandale de la Garantie foncière. Mais, en mars 1977, il trouve enfin un fief électoral: il est élu maire de Villeurbanne, dont il deviendra député l’année suivante.
    Arrive 1981: l’apothéose. Ce vieux grognard du nouveau président de la République devient, tout naturellement, ministre de la Défense. Certains de ses anciens traitants roumains et bulgares assistent avec stupéfaction à la formidable promotion de leur ex-ami «André-Dinu». Charles Hernu, à son nouveau poste, règne sur la politique nucléaire, les services secrets et la défense stratégique de la France. Les services roumains, qui ont transformé leur pays en un terrible Etat policier, comprennent tout le parti qu’ils peuvent tirer d’une telle promotion. Un bilan de l’activité de l’«agent» Hernu est dressé à l’attention de Nicolae Ceausescu le 1er septembre 1982: il rappelle le rôle prépondérant de Charles Hernu dans la composition du gouvernement de Pierre Mauroy et précise que les services spéciaux français auraient lancé une campagne contre la Roumanie. Ne sachant pas ce que le KGB a fait après 1963 avec Charles Hernu, la Securitate songe alors, à la suite de cette note, à renouer contact avec le nouveau ministre français de la Défense. L’agent traitant direct de Charles Hernu dans les années 60 étant décédé, les Roumains envisagent de tenter une approche à partir de Genève. L’opération, jugée trop hasardeuse, est finalement abandonnée.
    Mais les éléments précis, et notamment financiers, contenus dans les archives toujours méticuleusement tenues par les pays de l’Est constituaient une terrible épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête du nouveau responsable de la Défense. D’autant que, généralement, les officiers des pays communistes avaient coutume de demander un reçu à leur «source» lorsqu’ils lui versaient de l’argent. De plus, chaque contact donnait lieu à un compte rendu transmis à Bucarest, à Sofia ou à Moscou. Et les nombreux «travaux pratiques» et analyses de Charles Hernu étaient soigneusement archivés à l’Est. La divulgation publique de ces éléments – même en 1992, lorsque François Mitterrand en prit connaissance – sur l’homme qui, de 1981 à 1985 (jusqu’à sa démission après l’affaire Greenpeace), fut responsable de la défense nationale française aurait déclenché une crise internationale. A ce poste, Charles Hernu a eu en effet à gérer, notamment, la crise des missiles SS 20 avec l’URSS…
    Aujourd’hui encore, la question reste donc ouverte: les Russes ont-ils fait jouer cette arme secrète contre Charles Hernu après 1981? La réponse se trouve enfouie dans les archives les plus secrètes du KGB, à Moscou. Alors que nombre de dossiers de l’espionnage soviétique sont apparus depuis la chute du mur de Berlin, le «dossier moscovite de Charles Hernu» demeure invisible. Les années qui ont précédé la prise en charge exclusive de l’agent Charles Hernu par le KGB le rendent évidemment capital.

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