Sur 38 églises liées par la communion anglicane à travers le monde, 14 avaient déjà franchi ce pas dans la rupture avec la tradition apostolique. C’est maintenant la "maison-mère" qui le franchit. C’est la suite d’une série d’étapes depuis les premières ordinations de femmes "prêtres."
– En 1975 et 1976, les branches américaine et canadienne de la communion anglicane ont autorisé l’ordination de femmes. La conférence de Lambeth de 1978 a entériné le droit des églises nationales à l’autoriser ou pas, tout en déconseillant la consécration de femmes évêques.
– En 1988, une nouvelle conférence de Lambeth a accepté la consécration de femmes évêques par les églises membres de la communion.
– A la conférence de 1998, de plus en plus de voix se sont élevées pour mettre fin à la tolérance dont bénéficiaient les opposants à l’ordination des femmes.
A chacune de ces étapes, comme quand des églises de la communion ordonnent des prêtres et évêques homosexuels, on parle du retour au bercail catholique des pans les plus traditionnels de ces églises, voire de schisme d’églises nationales. Mais ces mouvements massifs ne se concrétisent jamais : la culture du compromis qui règne chez les Anglicans a jusqu’ici permis, à chaque étape de la descente aux abîmes de cette église, de trouver un accomodement qui retienne les effarouchés.
Les paroisses les plus traditionnelles dans les pays riches se voient promettre qu’elles pourront continuer à fonctionner comme avant, en ne se voyant pas imposer de femme prêtre. Elles se font toutefois progressivement marginaliser (comment un prêtre opposé au sacerdoce des femmes pourrait-il devenir évêque ?), ce qui prépare l’étape suivante dans la subversion.
La situation des églises africaines est plus poignante : ce sont elles les plus opposées aux ruptures avec l’enseignement traditionnel et la tradition apostolique. Mais elles dépendent financièrement des églises les plus "progressistes" (Etats-Unis, Canada) et ne vont jamais jusqu’au schisme : si elles rompaient, pourraient-elles maintenir tel hôpital, telle école, qui ne vivent que grâce aux dons des fidèles d’outre-Atlantique ?
Enfin, il faut avouer une réticence, de la part de la hiérarchie catholique, à encourager des ralliements trop massifs ou spectaculaires.