Freud est attaqué – et attaqué de la gauche – dans le Livre Noir de la Psychanalyse : ma première réaction, a été de trouver cela très délectable. Roland Hureaux, dans Liberté politique, suggère de ne pas se réjouir trop vite : l’offensive anti-Freud a pour base première "le lobby homosexuel, dont la plupart des prétentions sont disqualifiées par les théories freudiennes."
L’auteur plaide la convergence entre l’anthropologie freudienne et la notre. Son argumentation repose surtout sur le fait que beaucoup de ceux qui critiquent Freud sont encore plus éloignés de l’antropologie chrétienne que ce dernier : ils portent leurs attaques contre la loi naturelle dans des directions que Freud n’avait pas poursuivies.
C’est sûrement vrai, mais c’est là la nature même du processus dialectique de la subversion : chaque étape vise à être dépassée par l’attaque suivante. On peut donc défendre Freud contre ses critiques, mais on risquerait bientôt de défendre ces critiques contre plus subversif encore. C’est la situation inconfortable de ceux qui essayent de s’appuyer sur la contraception pour combattre l’avortement, ou sur le PACS pour combattre le mariage homosexuel.
Non, il y a trop peu de bonnes nouvelles pour bouder son plaisir : que la statue de Freud tombe ! Après tout, cela fait des années que les catholiques l’attendaient. En 1999, le Père capucin Raniero Cantalamessa avait d’ailleurs mis en lumière devant Jean-Paul II, lors d’un des prêches de carême qu’il donnait tous les ans devant la Curie, la responsabilité énorme de Freud, "maître du soupçon", dans la défiance de tant de nos contemporains vis-à-vis de la religion.