Après Barroso se déclarant contre une "pensée unique européenne", Hubert Védrine dit vouloir "sortir du dogme européiste." Dans une remarquable tribune du Monde d’hier, l’ancien ministre socialiste des affaires étrangères torpille les dogmes qui ont conduit l’Europe dans le mur :
(…) (I)l est urgent d’abandonner explicitement la logomachie déresponsabilisante et anxiogène de l’intégration européenne sans fin. C’est-à-dire, comme la métaphore de la bicyclette qui doit toujours avancer faute de tomber, l’annonce permanente d’un nouveau traité, les "ce n’est qu’une étape", le mythe des "Etats-Unis d’Europe" qui seraient seuls à même de faire le poids…
(…) Il faut mettre un terme à une autre source d’inquiétude : l’élargissement sans fin. L’Europe est géographique autant que politique. Elle doit avoir des limites. (…) Un peu de bon sens ! Cela sera dur pour ceux qui ont fait de la fuite en avant dans l’intégration européenne la dernière idéologie de substitution. Mais voilà : il y a des peuples, qui ne se laissent pas dissoudre. Il faut libérer le projet européen du dogme européiste.
Un autre fruit bénéfique du "non" ? Le commissaire européen Günter Verheugen a déclaré à un journal polonais qu’ "après le fiasco des référendums constitutionnels en France et aux Pays-Bas, il n’y a pas le climat politique pour poursuivre l’élargissement. La fenêtre d’opportunité pour les nouveaux entrants est fermée."
De quoi rassurer ceux qui, à droite, craignaient que le "non" fasse plus de mal que de bien : l’adhésion turque n’est plus très à la mode, et l’européisme irrationnel est enfin dénoncé. "L’Europe ne sera plus jugée sur sa rhétorique, mais sur ses résultats" disait le Times : si cette prédiction se réalise, elle valait bien un "non" !