«Les émeutes ont montré, entre autres, l’échec des politiques de grands frères», estime-t-on aux renseignements généraux. Selon les policiers, les médiateurs, ont «plus souvent un profil d’agresseurs que d’éducateurs». Le dispositif apparu au milieu des années 80 à titre expérimental, pour répondre aux violences urbaines, a mal résisté à son institutionnalisation. Le système se généralise dans le cadre des emplois-jeunes en 1997-1998. Les collectivités et les mairies embauchent à peu de frais des jeunes qu’elles «espèrent ainsi mieux contrôler». Peu encadrés, trop souvent choisis sur des critères ethniques, les «médiateurs ont renforcé le communautarisme, avec l’idée qu’il faut être de la même couleur pour se comprendre. Ils ont conforté un esprit de territoire», regrette Lucienne Bui-Trong, commissaire.
Les grands frères ont le rôle de ramener la paix sociale. La population, comme les policiers, les ont souvent assimilés aux voyous qu’ils étaient censés amadouer. A Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), l’un d’eux n’est pas intervenu, alors qu’une bande délestait un policier de son arme devant lui. Par la suite, le médiateur a récupéré le pistolet pour le rendre à la police. Une façon détournée «d’affirmer leur pouvoir propre, plutôt que de conforter l’ordre public», assure Lucienne Bui-Trong, qui adresse le même reproche aux associations musulmanes. «L’autorité des grands frères repose sur un rapport de forces et pas sur la transmission de consignes ou de savoir», assure un policier d’Argenteuil. «L’ériger en système sape la chaîne éducative».
«Acheter la paix sociale ne marche pas», selon Mohamed Fofana, ancien élu chargé de la sécurité à la mairie de Sarcelles de 1995 à 2001. A l’époque, l’équipe de Dominique Strauss-Kahn décide de recruter comme emplois-jeunes certaines têtes brûlées des quartiers sensibles. Il convient aujourd’hui que «c’était la prime aux casseurs. On embauchait les plus nocifs pour en faire des grands frères. Nous avons dépensé des millions sans aucun résultat». Des emplois-jeunes sont interpellés au cours d’affrontements avec la police. D’autres roulent à bord de belles voitures, étonnantes pour leurs modestes émoluments. «A force de trouver des circonstances atténuantes aux voyous, s’insurge Fofana, au point de leur assurer une rente, nous avons contribué à l’aggravation de la délinquance.»
«Sur la ville, il y a 300 délinquants. Ce sont des prédateurs qui s’approprient des ressources publiques, tout en crachant sur la France», regrette un fils d’ouvrier algérien, cadet d’une famille de dix enfants. «Pendant des années, ces pères de famille se sont tus. Mais ils ne supportent plus aujourd’hui de voir l’attention publique et celle de la mairie se concentrer sur ceux qui leur empoisonnent la vie. Pour les voyous, il ne devrait y avoir que la répression.»
Tintoun
Eh oui, il faut être dans la profession pour savoir ces choses là !
Lors des émeutes, un gendarme mobile s’est retrouvé face à une bande qui voulait lui faire la peau. Les grands frères étaient là. Ils n’ont fait que retarder l’issue fatale… qui n’arriva pas car les autres gendarmes arrivèrent en renfort…
Ils ne firent que repousser l’issue fatale ! … Mais en aucun cas ne s’y opposèrent.
Sans doute des prières sont-elles exaucées dans ces cas là.