Marianne nous apprend que les révoltés des cités n’ont pas tous choisi leurs cibles au hasard. A Aulnay-sous-Bois, la municipalité a reçu, avant l’incendie dans la ville, un message anonyme l’informant que les activités économiques seraient visées. Le garage Renault incendié faisait de l’ombre au trafic de pièces détachées, qui constitue l’une des principales sources de revenus de quelques délinquants. Et, dans le feu de l’action, un entrepôt d’écrans plats a été pillé. Ailleurs, dans des zones franches, ont été incendiées des entreprises accusées de ne pas engager du personnel local. A Evreux, dans un quartier où tout a été mis à sac, ont été épargnés des commerces tenus par des musulmans. Des gamins virés de leur école ont convaincu leurs copains de les venger en y mettant le feu.
Pour les délinquants, les rénovations ou les rondes de police constituent une atteinte insoutenable à l’économie souterraine. Un digicode installé à la porte d’un immeuble, une grille protégeant les voitures, et c’est une partie de leur territoire (halls, parkings, caves) qui est neutralisé. Selon Jean-Christophe Lagarde, maire de Drancy, les premières émeutes étaient inorganisées. Mais, par la suite, les jeunes ont voulu marquer leur territoire.