Les évêques de France ont manifesté leur soutien à leur président, Mgr Ricard, pour mener "dans la vérité et la charité" une réconciliation avec les intégristes, en soulignant qu’ils attendent de ceux-ci "un geste d’assentiment sans équivoque" à l’Eglise. Dans un message inhabituel au cardinal Jean-Pierre Ricard, l’assemblée plénière des évêques "exprime sa fraternelle confiance" à Mgr Ricard et "redit au Saint–Siège la volonté des évêques de France d’oeuvrer pour la réconciliation dans la vérité et la charité".
Les 110 évêques "tiennent à exprimer leur communion avec le pape". Ils soulignent qu’"avec lui, ils reconnaissent les richesses de l’enseignement du concile Vatican II", souhaitent poursuivre l’accueil des fidèles "attachés aux formes liturgiques antérieures à ce concile" et "partagent le désir de la réconciliation des prêtres et des laïcs qui se sont séparés de la communion ecclésiale après ce concile".
Dans Le Figaro, Guillaume Tabard estime que :
"Le Pape sait que plus les années passeront, plus la réconciliation sera impossible, il y a urgence. D’une certaine façon, Benoît XVI est dans la position du père de la célèbre parabole de l’enfant prodigue : en « tuant le veau gras » pour le fils qui s’est rebellé, il s’attire les foudres du fils qui est resté fidèle.
On peut s’étonner par ailleurs de trouver les plus hostiles à l’égard de ces catholiques séparés de Rome […] parmi les plus ouverts au dialogue avec les autres confessions chrétiennes et les autres religions. Il est également paradoxal que ceux qui s’inquiètent de la coexistence de deux missels et défendent mordicus l’unité liturgique au sein de l’Église ne se soient pas émus jusqu’à présent de l’extrême diversité née des libertés prises au nom de la « créativité »."
Addendum : lire les conclusions de la conférence épiscopale (pdf).
Nono
Cet article du Figaro est le premier que je lis dans la presse “grand public” qui soit honnête et sans erreur manifeste sur cette question.
Le parallèle avec la parabole du fils prodigue est même particulièrement intéressante.
Carthage
Nono,
Vous avez parfaitement raison.
Pour connaître Guillaume Tabard, je puis vous dire qu’il s’agit de quelqu’un d’exceptionnel.
jean-françois
C’est un peu dur pour les catholiques attachés à l’ambiance habituelle de les comparer au fils fidèle, jaloux du fils prodigue.
Le fils aîné, ne veut pas participer à la fête, car il reproche au père de ne pas punir et non seulement de ne pas punir, mais encore de faire la fête, alors que lui n’a jamais été fêté et n’a jamais pu faire la fête avec ses amis. Lui, il “ne veut pas entrer” (Luc XV) dans la salle du festin. Il boude.
Hormis cette réserve diplomatique, car l’argument risque de blesser, l’article est particulièrement pertinent.
Nono
@Jean-françois
Je suis “du côté du fils aîné”, catholique diocésain. Pourtant je me réjouis de ce que l’on puisse envisager une réunion de la famille. C’est celà ma joie.
La comparaison est rude, mais juste. Elle est faite par un journaliste, pas par le fils prodigue lui-même. En cela je pense qu’elle risque moins de choquer – Guillaume Tabard ne revendique rien pour lui-même – mais peut inviter “à un déplacement” ou “un changement de regard” (pour emprunter un vocabulaire cher à nos pasteurs) pour adopter une attitude plus évangélique vis à vis des “intégristes”.
Noel
Concernant la déclaration finale des évêques, on peut se réjouir de leur volonté d’être en communion avec le pape et d’accueillir des fidèles traditionnalistes dans leur diocèse. Toutefois, sur la question de la liturgie, on n’a l’impression d’un statu quo. L’accent est mis sur la régulation et sur l’unité. En d’autres termes, le mode de célébration serait toujours soumis à une autorisation ponctuelle de l’Evêque. Or, si j’ai bien compris, Rome souhaiterait que ces célébrations soient d’office autorisées dans tous les diocèses. Soit je n’ai rien compris (je connais mal ce dossier), soit cela veut dire que le dialogue entre les évêques de France et le pape doit encore se poursuivre. Tout ce que j’espère, c’est que cela se passera d’une façon discrète et paisible.
henri
On pourrai peut-être commencer par arrêter de les appeler “intégristes”!
Je propose catholiques traditionalistes!
lala
Oui, merci Seigneur, merci au Saint esprit d’avoir guidé ces évêques.
Il faut que la foi et la spiritualité chrétiennes redeviennent celles qu’avaient les apôtres de Jésus.
Ainsi l’Eglise sera forte, grande, universelle.
amdg
@henri
Justement, ce qui me plaît bien dans le bel article de G.Tabard, c’est qu’il met “intégristes” entre guillemets, et qu’il parle, lui, de traditionalistes. C’est un bon point, venant de la part d’un journal rallié ces dernières années de plus en plus au politiquement-religieusement-socialement-historiquement correct.
La résolution des évêques est une “divine” surprise, car les déclarations agressives de certains (ceux de l’Est) laissaient craindre le pire.
Nos multiples chapelets, pèlerinages, blogs, pétitions, courriels sur divers sites et même vers les courriels du Vatican n’auront pas été inutiles. Il me semble que la mobilisation a été très forte pour soutenir Benoît XVI, et la conférence des évêques n’a pas pu l’ignorer.
Enfin, je recommande sur tt ce sujet l’excellent, et même exceptionnel, dernier n° d’Objections (n°7) où l’Abbé de Tanouarn a fait un travail remarquable d’intelligence et de charité (oui, de vraie charité et de bienveillance) pour répondre aux détracteurs de la messe de saint Pie V et de la main tendue aux tradis.
Le Loup
Je pense que la clé qui résoudra ce passage délicat de notre temps sera de trois ordres…
– L’Humilité pour chacun d’accepter ce qui nous sera donné par Benoit XVI, humilité de l’accepter si cela va à l’encontre de ces préférences personnelles, et humilité de ne pas crier victoire pour ceux qui attendent ce changement…
Le charité pour vivre ce renouveau du missel de Saint Pie V avec une volonté d’union de tous les catholiques et non comme une revanche sur tels ou tels personnes, évêques, ou laïcs…
La foi pour que chacun se remette en face du Christ, et cesse de regarder son frère comme un ennemi…
Le tiercé est gagnant, dnas un ordre qui nous est donné tout simplement :
La Foi, l’Espérance, et la Charité… Clé de voûte de toute vie spirituelle individuelle et de communauté…
Les évêques nous montrent le chemin après avoir vu certains manifestes, et autres déclarations… Retrouvons nous autour du successeur de Saint Pierre pour évangéliser le monde, allumer le feu de la foi à l’heure où les seuls feux médiatisés sont les bus, et être le Sel de la Terre…
et que nos actes ne se fassent qu’à la plus grande gloire de Dieu !
Sancenay
Henri a parfaitement raison cette appellation “d’intégriste”, d’origine médiatique appartient pour le moins à des idéologues peu préoccupés de charité.On peut aussi se demander qui aux yeux du Ciel serait dans cette affaire “le fils prodigue” ? Est-ce nécessairement ceux qui ont souhaité prévenir la dérive dévastatrice en s’accrochant fidèlement à la liturgie traditionnelle ou les tenants d’un “modernisme” échevelé .Celui-ci comme l’a parfaitement annalysé Jacques Ploncard’Assac dans “Les clefs de Saint-Pierre”, est allé, dans l’application de Vatican II, très largement au-delà de la volonté du Pape Paul VI qui a conclut sur le sujet: “les fumées de Satan sont entrées au vatican”. Dans le cas où la charité écclésiale aura été absente des explications rigoureuse qui ont eut lieu par la suite entre elles, nécessairement les deux parties ont pu fauter , mais il ne paraît pas indispensable d’en désigner à priori plutôt l’une que l’ autre si l’on veut réellement se placer dans une démarche réelle de réconciliation.
Dès lors si , au-delà de très consistantes réserves qu’ont émis nos évêques dans leur conclusions (article 6) ils ont TOUS, ce qui est loin d’être certain, réellement l’intention d’accueillir leurs frères en église, ce qui serait évidemment une grande joie et une situation innovante, il serait souhaitable qu’ils s’adressent à eux autrement qu’en des termes en “istes” reconnus comme parfaitement péjoratifs , pas seulementd’ailleurs pour ceux qui pratiquent le latin.Avant que de réclamer haut et fort des gestes “d’assentiment sans équivoque” il ne serait pas mal venu que nos évêques en fassent eux-même de manière exemplaire sans demander de contre-partie , précaution qui tendrait à ressembler à un étrange marchandage que n’exige en rien la charité.Concrètement ils pourraient donner aux fidèles de bonne volonté de tous bords qui les attendent, des signes tangibles immédiatement réalisables ici et là .Je pense en particulier à la mise au point, voire à la sanction qui s’impose vis à vis de cette position scandaleuse de la responsable de la catéchèse du diocèse de Bayeux-Lisieux évoquée sur le Salon beige, du traitement , cet autre scandale écclésiale, asurément non isolé,à l’égard de tel frère diocésain “trop attachés à l’eucharistie” ou qui aurait commis le crime de lèse-aïcisme d’accompagner les défunts et leurs familles au cimetière.
Ils pourraient, pourquoi pas signer avec de nombreux prêtres et laïcs qui l’ont déjà fait signer la pétition de soutien à Sa Sainteté Benoît XVI que propose le fidèle journal l’Homme Nouveau.
Je le dis gravement quitte à décevoir quelques sentimentalistes trop pressés : nombre d’Evêques retenus parfois par de réelles considérations matérielles n’ont pas osé affronter le Magistère davantage qu’ils ne l’ont fait jusqu’alors ouvertement et en coulisse, ce qui est dèjà bien trop; ils n’ont pas davantage osé mesurer le degré d’impopularité de leur désobéissance, en particulier auprès des jeunes générations de plus en plus attirées par la rectitude de Rome.Mais de là à déduire qu’ils ont fait leur acte de contrition sur leurs écrasantes responsabilités dans la situation de l’Eglise dans leurs diocèses respectifs serait faire preuve du plus grand manque de prudence et de charitable vigilance.
On ne balaye pas ainsi d’un revers de main des années d’impéritie et de domination d’idéologies extra-ecclésiales.Il faut désormais prier d’avantage pour que l’humilité et la charité soient les préceptes incontournables qui guident tous les acteurs de cette nécessaire réconciliation et s’efforcer d’éclairer et d’aider nos évêques pour peu qu’ils en manifestent l’envie.
papy-jack
Juste un petit mot, pour vous signaler ma colère quand j’entends prononcer le mot “intégristes” concernant la communauté Sait Pie X – Pour moi, ce sont des traditionnalistes ni plus ni moins !
Il ne faut pas tout confondre car il est aisé pour certains justement de faire passer ces Chrétiens au même titre que les musulmans intégristes ! Attention aux jeux de mots !!!!
anne- marie
amdg a raison de souligner que les évêques n’ont sans doute pas été insensibles à notre mobilisation Pourquoi ne pas leur écrire maintenant pour leur faire part de notre satisfaction ? ([email protected])
pierre
A papy-jack : le fait est tout de même que ces catholiques ont suivi la ligne de Mgr Lefebvre et ont eu une mauvaise réaction par rapport au Concile Vatican II.
Je suis membre d’une communauté du Renouveau charismatique et pourtant je me considère comme “tradi” dans le sens de fidèle à la Tradition de l’Eglise.
En ce qui concerne tous les catholiques qui ont suivi Mgr Lefebvre, il y a un fossé.
Benoît XVI essaie de tendre la main pour une réconciliation. J’espère que cela ira dans les deux sens. La messe en latin et le dos tourné au peuple ne me dérange pas. Mais si c’est pour entendre les fidèles de Mgr Lefebvre tenir les mêmes discours qu’il y a 20 ans, ce n’est pas la peine.
S’ils acceptent le Concile Vatican II, on peut déjà faire communion à mon avis.
Les chrétiens “de base” ont peur d’un retour en arrière. Moi non. Je chemine vers l’espérance ; cette espérance qu’en contre-partie de la main tendue de Benoît XVI, les catholiques dits “intégristes” (même si le terme n’est peut-être pas beau)fassent également un geste en retour vers notre Saint-Père.
Si nous faisons l’unité dans la charité alors il n’y aura aucun retour en arrière.
Beaujeux
Très bonne explication sur le blog de greg sur tout ce qui concerne la liturgie : il explique la grande similitude entre la messe en latin de Paul VI et la messe dite de St Pie V, allez voir… La conclusion est bien qu’il faudra beaucoup d’humilité et d’obéissance pour progresser sur un chemin de sainteté sans que chacun tire gloire des faits, des écrits ou des silences du pape !
provence
Tant pis pour cette bataille de terme… Intégristes ou tradis, ils ont surtout le respect de la tradition de l’Eglise !Ayant eu un jour à notre table un prêtre de la fraternité Saint Pierre et un ancien séminariste d’Ecône, nous avons bien compris durant la conversation que nous étions hors-jeu avec mon mari, le débat s’élève bien au-delà d’une simple acceptation du concile Vatican et ce n’est pas moi, simple fidèle qui jugerai les uns ou les autres : je n’ai aucune formation pour, comme quasiment tous les laïcs devraient le reconnaître. En revanche, je fais confiance à NSP le pape qui fera les choses en son temps, avec sa sagesse ! Que nos évèques soient près à nous accueillir et à donner à cette messe sa place est un grand bienfait dont nous les remercions, nos prières ont été entendues, nous espérons un aboutissement à toutes ces démarches.
Anonyme
Bon, je n’ai pas tout lu, car certaines notes sont assez prolixes (et je suis poli) Mais quelque chose me gène. Je tiens les “catho” de naissance pour des gens intelligents, mais on les dit aussi souvent naïfs. J’ai envie de dire ici : “mais vous le faîtes exprés ou quoi ?” Moi qui ne suis pratiquant que depuis 12 ans, et méfiant de nature, je note (je peux me tromper, mais…)
– “mener “dans la vérité et la charité” une réconciliation avec les intégristes” Ca, ça ressemble bcp à une formule désarmante, un peu comme “pour votre sécurité vous êtes sous ASSISTANCE -) vidéo” ou bien “Merci de votre compréhension” Autrement dit : si vous n’êtes pas content, vous êtes soit stupide, soit caractèriel. Donc en général vous acceptez et vous ne la ramenez pas. “Vérité et charité” : ils ont déjà raison, et ils veulent bien des intégristes, les méchants, par charité.
– ils attendent de ceux-ci “un geste d’assentiment sans équivoque” à l’Eglise : voilà, eux ils sont dans l’Eglise et pas nous, c’est d’avance nous qui sommes en tord.
– “Mgr Ricard et “redit au Saint-Siège … blablabla, confirmation : EUX sont avec le Pape. On peut aussi se demander s’il ne s’agit pas aussi d’une pression ou d’une menace (un peu comme on l’a vu récemment) en direction du Pape
– “…réconciliation des prêtres et des laïcs qui se sont séparés de la communion ecclésiale après ce concile…” genre “vous irez en enfer, vous êtes des hérétiques, revenez”
On voit encore ce genre de symbole partout dans ce texte : “réconciliation”, “leur communion avec le pape”, en fait c’est tout le texte que je devrais recopier
En fait, la question que je me pose, c’est que sachant que les catholiques ayant par eux-mêmes provoqué la situation dans laquelle nous sommes (ils sont gentils et tolérants les catho) les derniers catho cesseront-ils de tout accepter, tenant compte des leçons et de l’expérience qu’il est pourtant facile d’en tirer ?
Polemikon
L’article de Guillaume Tabard est effectivement le premier, sinon le seul, qui présente l’ensemble de la question, sans aucune approximation, ni erreur, ni concession.
Il est significatif, je pense, du niveau du Figaro et de la presse en général, qu’il soit publié en page Opinions, rubrique “Analyse”, et non pas comme un article standard…
tite
Tout à fait d’accord désintégrons le mot “intégriste”.