Lu dans le Minute du 1er août :
"La popularité de Marine Le Pen n’est cependant pas exempte d’ambiguïté. Qui, parmi ceux qui la plébiscitent à droite, connaît vraiment son programme économique ? Combien, au sein des 48 % de sympathisants UMP qui la jugent positivement, savent que, si elle était au pouvoir, elle procéderait… à la nationalisation de Peugeot ? Dans un communiqué du 25 juillet relatif au plan automobile présenté par Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, Marine Le Pen dénonce à juste titre, dans ce plan « inconsistant », une série de « mesurettes et [de] taxes déjà testées cent fois, qui n’apportent aucune réponse solide sur la durée ». Elle réclame la mise en oeuvre d’un « plan efficace de réindustrialisation » en trois points. Parmi ceux-ci, « l’entrée provisoire de l’Etat au capital de PSA pour contrôler les décisions et impulser une dynamique positive ». « Quand la situation sera rétablie, ajoute-t-elle, l’Etat pourra revendre avec profits ses participations. » Jean-Pierre Chevènement n’aurait pas dit autre chose… Outre que cette manoeuvre industrielle ne serait possible qu’en sortant de l’Union européenne – qui interdit cette pratique – et qu’on ne sait pas où l’Etat trouverait l’argent pour « entrer au capital » de PSA, la solution avancée par Marine Le Pen part d’un principe qui reste à démontrer, à savoir que l’Etat serait meilleur gestionnaire et meilleur stratège industriel que le secteur privé. Faire redresser PSA Peugeot- Citroën par l’Etat, c’est en confier la direction à qui ? Un énarque ? Et au nom de quoi déposséder la famille Peugeot, qui possède 25 % du capital et 40 % des droits de vote, d’une entreprise qu’elle a fondée au XIXe siècle ? Parce qu’elle licencie ? Pendant que tout le monde était focalisé sur le plan de suppression de 8 000 postes annoncé par l’entreprise – non pas dans une logique de rentabilité financière, mais tout simplement pour redresser l’entreprise –, le mois de juin a été marqué par l’inscription à Pôle Emploi de 23 700 nouveaux chômeurs. Tant qu’à pousser la logique de Marine Le Pen jusqu’au bout, on nationalise aussi les sociétés qui les ont licenciés ?"