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France : Politique en France

L’Etat français, premier producteur de morale

L’Etat français, premier producteur de morale

De Philippe Mesnard dans Politique Magazine :

[…] Éliminons les discours de haine des réseaux sociaux ! réclame Mounir Mahjoubi, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances et du ministre de l’Action et des Comptes publics chargé du Numérique (et son titre seul fait reculer la haine), moins d’un an après qu’Édouard Philippe avait déclaré : « La France va “se battre” pour un projet législatif au niveau européen contraignant les opérateurs du Net, et notamment les réseaux sociaux, à retirer très rapidement le “torrent de boue” des contenus “haineux, racistes ou antisémites” ».

Et comme Mounir, SEMEFMACPCN, est un homme méthodique, il a mis au plan un plan inséré dans un canevas exhaustif, qui est en gros un instrument de torture sémantique, mais laissons-le en parler avec bonheur : « c’est pour cette raison que nous avons souhaité organiser le plan d’action au sein d’un canevas exhaustif de toutes les questions auxquelles nous devons apporter une solution ».

Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes et à la lutte contre les discriminations (ou, plus familièrement, SEEEFHLCD), et Mounir Mahjoubi, SEMEFMACPCN, justes et justiciers s’il en fut, réclament surtout le concours actif des citoyens pour faire régner la vertu : justice par tous ! Mounir a planifié dans son canevas que « toutes les plateformes ou sites mettant à disposition des espaces de discussion ou de partage de contenu proposent des outils de signalement facilement identifiables et mobilisables en quelques secondes par un utilisateur », le ministère se proposant de tester l’ergonomie des outils de signalement. En 2019, Anastasie est fonctionnaire et ses ciseaux, certifiés par l’Afnor, sont en acier équitable.

Quant à Marlène, elle est fière que la France réprime désormais le harcèlement en meute, voté en août dernier mais pousse un cri d’alarme : « C’est une loi très importante, mais pour qu’elle vive, il faut que chacun s’en saisisse, que des signalements soient faits, que des plaintes soient déposées… Il y en a encore trop peu. Et il faut que les services de police et de justice soient le plus réactifs possibles. » Dénoncez, les enfants ! comme dirait Macron. Soyez citoyens, surveillez-vous les uns les autres comme je vous surveille !

Soyez vigilants, repoussez toujours plus loin les bornes de la vertu indignée et de l’amour blessé. Vous n’arrivez pas à faire condamner tous les antisémites ? Criminalisez l’antisionisme. La manœuvre paraît quand même un peu compliquée car cela ferait un délit d’opinion de plus (« L’antisionisme […] c’est autre chose [que l’antisémitisme] puisqu’il s’agit d’un positionnement politique consistant à critiquer la politique d’Israël », comme dit Laurent Nuñez) ? Laissez tomber l’antisionisme mais redéfinissez l’antisémitisme. Les députés du groupe d’étude sur l’antisémitisme soumettront donc à l’Assemblée nationale une résolution, à la portée non contraignante, déjà proclamée par Macron,  (un peu comme Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières), qui proposera une nouvelle définition de l’antisémitisme intégrant une forme d’antisionisme. « Il s’agit de faire avancer la reconnaissance de ce qu’est l’antisémitisme au XXIe siècle », explique Sylvain Maillard, député LREM et président du groupe. […]

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1 commentaire

  1. Le problème dans cette lutte contre les discours de “haine” c’est: comment dès lors critiquer les faits haïssables? Pour prendre un exemple dans les Républiques de l’Antiquité-Athènes et Rome-, les discours qui ont laissés les traces littéraires et historiques les plus marquantes, comme les Philippiques de Démosthène, séries de discours contre les intrigues de Philippe de Macédoine, contre la liberté athénienne ou les Catilinaires de Cicéron-diatribes contre les complots de Catilina contre la République Romaine-, étaient des discours de haine au sens moderne du terme. C’étaient d’ailleurs leur finalité afin de dénoncer des crimes contre l’état. A partir du moment où à Athénes, par exemple, les sycophantes, littéralement les “dénonciateurs de voleurs de figues” firent de la délation leur fonds de commerce en exerçant des chantages contre ceux qui osaient s’exprimer et où à Rome les seuls discours autorisés furent les éloges de l’Empereur au Sénat, c’en était fini de la liberté républicaine. C’est la voie de la décadence politique que suivent nos sociétés!

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