Voici la suite de l’épître publiée en plusieurs parties sur le Salon Beige. Commencée pour l’Ascension, la lettre à un frère (prêtre) orthodoxe s’est achevée le jour de la Fête-Dieu. Le moine précise : « J’ai laissé jaillir, tout en suivant quelques documents anciens. C’est une contemplation de l’œuvre de Dieu, que les divisions venant des hommes ne peuvent atteindre en elle-même ni ne doivent faire oublier… »
Origène
Le sang des martyrs, les souffrances des confesseurs, les victimes des hérésies, les prières des Eglises ont accompagné ce lever de la vraie Lumière. La prudence des docteurs n’a pas manqué et aussi l’humour du Saint Esprit. Contentons-nous d’un seul exemple : Origène a illustré l’Eglise par son génie mis au service de la Parole de Dieu, de sa diffusion et de ses commentaires. Quelques erreurs doctrinales ont provoqué sa condamnation et celle de ses disciples. Beaucoup de livres ont été perdus. Mais certains ont été sauvés car ils ont été attribués à d’autres auteurs, au-dessus de tout soupçon. Il a fallu attendre le vingtième siècle et l’édition du Père Irénée Hausher pour que le « Traité de la prière » attribué à Saint Nil soit restitué à son véritable auteur : Evagre ! Grande leçon : la vérité, comme les trésors, est parfois cachée …mais elle montre son visage à ceux qui la cherche, en Orient comme en Occident, et c’est elle qui unifie nos intelligences.
Le Schisme
Avec le IVème concile de Constantinople (870) s’ouvre une période de fortes tensions entre l’Eglise de Constantinople et l’Eglise de Rome qui aboutira au schisme de 1054.
Le mot « schisme », mot grec, signifie déchirement. Il se comprend bien par rapport au mystère de l’unité de l’Eglise comparée à la Tunique sans couture du Christ.
L’Unité de l’Eglise, invisible et sans couture
Ecoutons Saint Cyprien qui dans son traité sur « l’Unité de l’Eglise » (7, 1-14), nous met en face d’une vérité révélée par Dieu : « Ce mystère de l’Unité, ce lien d’une concorde à la cohésion infrangible, se trouve manifesté lorsque dans l’Evangile la tunique du Seigneur Jésus-Christ n’est pas du tout partagée ni déchirée, mais que le tirage au sort de son vêtement décide qui doit de préférence revêtir le Christ ; ainsi le bénéficiaire reçoit cet habit intact et possède la tunique sans qu’elle ait été endommagée ni partagée. L’Ecriture divine s’exprime en ces termes : ‘Quant à sa tunique, parce qu’elle était faite depuis le haut non de morceaux cousus mais d’un tissu d’une seule pièce, ils se dirent les uns aux autres : Ne la déchirons pas mais tirons au sort qui de nous doit l’avoir’ (Jn 19, 23-24) »
Plus loin Cyprien ajoute : « Qui donc est assez criminel et sans foi, ou rendu assez fou par la fureur de la discorde, pour croire que peuvent être déchirés, et pour avoir l’audace de déchirer l’unité de Dieu, le vêtement du Seigneur, l’Eglise du Christ ? » (81, 3) Cyprien nous met dans la vérité sur l’unité de l’Eglise qui est œuvre de Dieu, qui vient d’en Haut et se maintient par l’action du Christ. La déchirure, le schisme ne viennent pas de Dieu, ils sont inspirés par Satan mais réalisés par des hommes. Laissons aux historiens le soin d’analyser les causes humaines de cette déchirure au niveau de l’Eglise visible.
Pierre l’Hagiorite
Une belle figure de Saint, du dixième siècle, témoigne, encore au dixième siècle, de l’unité invisible venant de l’Unique Esprit qui sanctifie : Pierre l’Hagiorite rappelle par son nom même l’unité entre Latins et Grecs : Pierre, car il passe des années à Rome ; l’Hagiorite car il vit ensuite comme moine à l’Athos. Il est saint pour tous !
Neuf siècles de séparation visible mais de communion invisible
Neuf siècles sont passés après la déchirure visible entre les quatre grands patriarcats orientaux auxquels il faut joindre les communautés nestoriennes, nées après le concile d’Ephèse, les communautés monophysites, nées après le concile de Chalcédoine, sans oublier les autres patriarcats plus récents mais importants entre ces Eglises sœurs et Rome, considérée comme le cinquième patriarcat de la « pentarchie » antique.