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Religions : Eglise orthodoxe

Lettre à un frère (prêtre) orthodoxe de la part d’un ami moine bénédictin (9)

Lettre à un frère (prêtre) orthodoxe de la part d’un ami moine bénédictin (9)

Voici la suite de l’épître publiée en plusieurs parties sur le Salon Beige. Commencée pour l’Ascension, la lettre à un frère (prêtre) orthodoxe s’est achevée le jour de la Fête-Dieu. Le moine précise : « J’ai laissé jaillir, tout en suivant quelques documents anciens. C’est une contemplation de l’œuvre de Dieu, que les divisions venant des hommes ne peuvent atteindre en elle-même ni ne doivent faire oublier… »

L’attrait du retour à l’unité

Le Saint Esprit a mis dans les cœurs le désir de retrouver l’unité extérieure : les conciles y ont travaillé – concile œcuménique de Latran IV (1215) et surtout Lyon II (1274) – mais le rapprochement n’a été définitif qu’avec quelques églises particulières qui sont unies à Rome tout en gardant leurs rites traditionnels. Ceci manifeste bien que l’unité de l’Eglise ne s’exprime pas par l’uniformité mais par la multiplicité des formes liturgiques ou juridiques, riches de vie spirituelle, fruits de l’unique Esprit, âme de l’Eglise.

Les mêmes défis

L’Eglise en Orient comme en Occident a rencontré d’autres croyants, à commencer par les musulmans. En Terre Sainte, Jean Damascène a été l’un des premiers théologiens à connaître l’Islam ; plus tard Thomas d’Aquin écrira le « Contra Gentiles » à leur intention, les moines de Cluny participeront à la « reconquête » de l’Espagne musulmane. La réforme de Luther divisera l’Occident mais elle s’étendra aussi en Orient, en particulier dans les pays baltes. Enfin, le totalitarisme athée installé en URSS persécutera les croyants de toutes les Eglises. Nombreux seront les martyrs et les exilés. Oui, nos Eglises ont bel et bien rencontrés les mêmes défis !

Jusqu’aux extrémités de la Terre

Nos Eglises ont porté le saint Evangile jusqu’aux extrémités de la terre, comme le Christ le leur a ordonné : de Constantinople, les missionnaires ont évangélisé la Russie dont la hiérarchie s’est organisée et dont le monachisme a poussé des racines profondes, d’abord en s’exilant à l’Athos puis en s’établissant plus au nord. Les Saints feront rayonner une profonde spiritualité : saint Séraphim de Sarov a attiré beaucoup de croyants à la vie intérieure d’union à l’Esprit Saint.

« La prière de Jésus »

Le « récit d’un pèlerin russe » traduit en nos langues occidentales anime et entretient la « prière de Jésus ». Déjà l’union entre nous se construit : chaque respiration spirituelle faite par l‘invocation de Jésus Sauveur, Fils de Dieu, attire sa pitié : c’est une prière suppliante qui édifie l’unique temple. La division comme celle de Babel, est venue d’une élévation du cœur, d’une prétention à construire par nous-même une unité à part, en réalité sans Dieu. Dieu est fidèle, il a continué à soutenir les patriarches qui annoncent sa Parole, donnent ses sacrements et sont les pasteurs de son troupeau. Dieu le Père bénit toujours, mais les anathèmes du 16 juillet 1054 ont rendu inefficace beaucoup de grâces (2 Co 6, 1) jusqu’au temps où, par l’invocation commune du nom de Jésus, la pitié du Seigneur Tout-Puissant, Pantocrator, se penche sur nous pécheurs pour nous pardonner. En vérité, il s’agit pour nous de nous humilier ; seul l’Esprit-Saint, en continuité avec le souffle de la Pentecôte, peut nous remplir, dès que nous cessons de nous élever, sans lui, les uns contre les autres. Nous retrouvons, pleins d’espérance en Lui seul, l’humilité de Jésus, le regard de la Theotokos qui nous enveloppe tous. L’icône nous rend présent cet amour éternel qui nous attend, vous et nous, avec quelle patience, les siècles ne comptent pas ; l’Eternel ne se rencontre que dans le présent. Paul nous redit : « Voici maintenant le moment favorable, voici maintenant le jour du salut » (2 Co 6,2). Le verset suivant dessine pour nous et pour vous la juste disposition de notre cœur : « Ne donnons absolument aucune occasion de chute pour que notre service ne soit pas décrié, mais en tout recommandons-nous nous-même comme serviteurs de Dieu. » (2 Co 6, 3-4) Ensuite, Paul énumère tout ce que l’Esprit-Saint a accompli dans son ministère, tout ce qu’il veut faire dans le nôtre aujourd’hui (cf. 2 Co 6, 4-10).

Un souffle nouveau s’est levé depuis que le Patriarche Athénagoras et le Pape Paul VI se sont embrassés. Depuis, les rencontres se sont multipliées. Depuis, la tunique visible est recousue, maille par maille. Cette lettre est une maille : que l’Esprit Saint en fasse un point d’unité dans l’humilité de nos cœurs. La Passion du Christ nous conduit au pied de la Croix avec Jean. Debout, ensemble, nous implorons la pitié du Sauveur. « Il sait tout, Il peut tout, Il nous aime. » Il pardonne, nous nous pardonnons ce qui a été cause de séparation dans le passé et la Theotokos nous remet la tunique sans couture qu’elle ne cesse de confectionner pour le Corps de son Fils qui est l’Unique Eglise, la sienne. Un moine de l’abbaye Solesmes, théologien, a fait une thèse de doctorat sur les relations entre l’Eglise catholique et l’Orthodoxie. Ce gros livre savant réunit tous les documents importants concernant ces relations à partir du concile Vatican II. Il demanderait à être complété, puisque sa parution date d’il y a quelques années.

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