D’Alliance pour la France :
Monsieur le Président,
Dans votre adresse aux Français du 12 juillet 2021, vous avez donné à votre mandat une tournure inattendue qui a littéralement pétrifié une partie de la population et contribué à une colère que, de mémoire, j’ai rarement vue ou ressentie en France. Cette colère, je m’en suis fait l’écho dans mes écrits et je ne vous ai pas épargné. Les Français vous l’ont exprimée dans la rue, ce samedi 17 juillet, avec une force que vous ne pouvez ignorer. Je ne quitterai, dans la présente lettre, ni le ton du respect dû à votre fonction, ni la courtoisie inhérente au savoir vivre français et à la politesse que des siècles ont contribué à forger. Néanmoins, votre allocution du 12 juillet, par la rupture historique qu’elle introduit dans notre citoyenneté, dans notre culture juridique, dans notre mode d’être français, appelle – c’est un devoir – une réponse.
Vous avez annoncé, non une vaccination obligatoire, mais l’obligation de présenter un Pass sanitaire dans de nombreux lieux recevant du public, des lieux de loisirs aux lieux d’approvisionnement alimentaire, ce dernier point constituant un précédent. Ce Pass sanitaire est constitué soit d’un document prouvant l’administration d’une deuxième injection, soit d’un test PCR, soit d’une attestation d’immunité pour ceux qui auraient contracté le Covid-19.
Or, la décision que vous avez prise n’est aucunement motivée par une létalité forte et globale du virus – motif qui serait médicalement tout à fait recevable et pourrait justifier des mesures d’exception. Le motif invoqué est de nature technique et gestionnaire : il s’agit d’éviter, de façon prévisionnelle, l’engorgement des services d’urgence pour un patient atteint du Covid-19 et qui présenterait une détresse respiratoire. Si la préoccupation est tout à fait louable et médicalement nécessaire, on ne peut qu’observer une disproportion flagrante entre les moyens et les fins. Vous acceptez de mettre en balance la restriction de libertés publiques fondamentales et les défauts d’organisation de services. A bien y réfléchir, le fondement de votre décision est non seulement constitutif d’une erreur manifeste d’appréciation – le taux d’occupation des lits en service d’urgence est, au moment où j’écris ces lignes, de 18% – mais relève surtout d’une disproportion coupable entre l’action publique et les fins poursuivies. Vous me semblez pris dans le cercle vicieux d’une hybris technocratique qui n’envisage la problématique – foncièrement médicale – du Covid-19 que sous l’angle gestionnaire et organisationnel. Ainsi, ce qui frappe et heurte le bon sens de nombreux médecins dans cette crise, est l’occultation manifeste de l’approche médicale (la qualité du diagnostic, la connaissance de la maladie, la stratégie, non de vaccination, mais de traitement) au profit d’une approche technocratique, qui se condamne elle-même à l’échec.
La vertu cardinale d’un chef d’Etat est la prudence et, conséquemment, la juste proportion entre les moyens et les fins. Force est de constater, Monsieur le Président, que vous avez perdu la boussole. Sur la base d’un diagnostic faux, vous engagez les Français dans la voie d’un traitement politique qui crée, que vous le souhaitiez ou non, une double citoyenneté, un double droit. L’indivisibilité de la République et l’unité du peuple français, que vous devriez pourtant défendre, sont en souffrance. Vous blessez le socle sur lequel repose la Nation. Je me retrouve dans une situation paradoxale et assez savoureuse : défendre des principes républicains auxquels je ne crois pas et que vous foulez aux pieds dans l’indifférence voire l’approbation aveugle de la plupart de nos concitoyens, y compris et surtout, ceux qui vous ont donné leurs suffrages.
La décision que vous avez prise est disruptive à n’en pas douter. Vous avez fondé les principes de votre mandat sur la méthode agile appliquée à la politique, la disruption permanente, la destruction créatrice, le chaos dont doit émerger un ordre nouveau. Ces principes sont ceux développés par Klaus Schwab dans le Great Reset. Lors de votre intervention, j’ai trouvé frappante la proximité voire l’effet de miroir entre votre allocution et les principes défendus par le Président du Forum Economique Mondial. Je ne puis m’empêcher de trouver, dans les mesures que vous avez dernièrement prises, un alignement sur des modèles étrangers en particulier le modèle chinois et notamment la stratégie du « tester – tracer – isoler » dont certains de vos soutiens ont donné des formulations caricaturales voire grotesques. Or, chaque nation – qui est mieux placé que vous pour le savoir ? – a son génie. La France, ce n’est pas la Chine et son destin ne se décide pas en dehors de ses murs. Le Chef de l’Etat a une mission inaliénable : celle de défendre corps et âme l’indépendance de la France. Les mesures que vous venez de prendre sont une course effrénée pour nous soumettre à un ordre qui n’est pas le nôtre. Cette politique sanitaire montre, avec une terrible évidence, que vous ne croyez plus en la France. Vous la videz de sa substance. Vous en animez, sans conviction, le corps mourant pour le livrer à des vautours qui ne veulent que sa disparition afin d’y substituer une humanité nouvelle, unifiée et standardisée. Vous vous soumettez au contrat social mondialiste, défendu par Klaus Schwab, qui ne veut pas ou plus – c’est frappant dans son livre – la disparition des nations mais leur soumission intégrale à un ordre confédéral animé par les experts, la « science » et une technocratie décisionnelle et, pour tout dire, tyrannique. Monsieur le Président, remettons, je vous en conjure, chacun à sa place. Les experts sont consultés, écoutés, parfois suivis, mais en aucun cas ils ne font la politique de la France. Vous êtes le Président de la République française. Certes, d’une certaine manière ce n’est déjà plus la France mais vous avez entre vos mains le destin d’un pays qui a traversé glorieusement l’histoire. Elle ne serait plus que la main d’un cerveau qui est ailleurs ? Mais quel homme politique – si ce terme politique a encore aujourd’hui un sens – accepterait cet état de fait ? Que cherchez-vous dans cette « séquence » sanitaire ? A être le bon élève de Davos ? A gravir les échelons du tableau d’honneur des soumis ? Ressaisissez-vous et ressaisissez-nous car vous lâchez la France et son peuple !
Monsieur le Président, vous vous êtes adressé, lundi 12 juillet, au peuple français comme on s’adresse à un enfant. J’en ai personnellement ressenti – comme beaucoup de compatriotes – une profonde humiliation. Je sais bien que la méthode employée est celle de la peur, du saisissement initial et collectif pour susciter la réaction souhaitée : c’est la fabrique du consentement qui devient malheureusement constitutif de tout l’agir politique dans les démocraties modernes. Le Demos est pour vous un in-fans qu’il faut intimider, domestiquer. Vous en avez fait, ce lundi, la démonstration la plus détestable de cette grossière méthode coercitive. Vos collaborateurs ont de surcroît fait état d’une satisfaction cynique lors des inscriptions fiévreuses à la vaccination, le lundi 12 juillet et le mardi 13 juillet, suggérant de ce fait que le bâton avait frappé juste. Vous prenez le peuple français pour ce qu’il n’est pas. Il n’est pas le fils de Louis-Philippe, de la IIIème République, de Vincent Auriol, de Jean Monnet ou même de de Gaulle. Il va puiser la force de son génie dans l’Empire Romain, dans les Rois qui ont fait sa fierté et sa grandeur. Il est le peuple qui se lève lorsque sa liberté et son indépendance sont en danger. Il est aussi, quand les circonstances historiques le permettent, le peuple qui conquiert, sûr de sa force et du génie de ses pères. Comment avez-vous osé ainsi parler à ce peuple ? Vous donnez l’impression de rater l’essence du génie français. Vous n’avez pas compris ce qui s’est joué avec les Gilets Jaunes lors des premiers mois, en novembre et décembre 2018. Le peuple français ne peut accepter sa mise à mort programmée par une immigration incontrôlée, par une mondialisation qui liquide tout son patrimoine et sa culture, par des mesures iniques qui le repoussent à la périphérie de sa Patrie alors qu’il est le cœur de cette âme vibrante de la France.
Parce que vous êtes, non seulement le Président de la République, mais parce que vous avez entre vos mains, aujourd’hui, le destin de la France et de son peuple, je vous demande de profundis de suspendre les mesures relatives au Pass sanitaire, de renoncer à une politique qui rabaisse la France aux yeux du monde, car le monde entier voit aujourd’hui l’humiliation du peuple français et la déplore, à n’en pas douter.
En espérant que vous saurez entendre l’inquiétude sincère d’un simple citoyen quant au destin de la France et de son peuple, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.