Lettre ouverte à Monseigneur Roland, Evêque de Belley-Ars, sur les restrictions apportées à la célébration de la messe selon le rite traditionnel dans son diocèse
le 4 août 2023
Monseigneur,
Vous avez publié le 11 octobre 2022 une « Note d’information » par laquelle vous avez édicté qu’il « n’est plus possible d’utiliser les livres liturgiques édités avant le concile Vatican II pour la célébration des sacrements dans les paroisses et les chapelles du diocèse de Belley-Ars. »
Vous avez également décidé de mettre fin à compter de 2025 à la seule célébration de la messe selon le missel de 1962 qui subsiste avec des restrictions dans l’église Saint Martin de Coligny.
Enfin, vous avez supprimé toute tolérance s’appliquant à la célébration de la messe dans le rite traditionnel dans le sanctuaire d’Ars, pourtant fréquenté chaque année par des milliers de prêtres, en n’accordant qu’une exception pour les messes « sans peuple avec le missel de 1962, exclusivement dans la crypte de l’église basilique » et ce jusqu’au 31 décembre 2023 uniquement.
Le Journal de Saône-et-Loire, dans son édition du 2 août 2023, nous apprend que la bonne observance de ces mesures restrictives vous hante. Alors que vous êtes à Lisbonne pour les Journées Mondiales de la Jeunesse, vous avez rappelé les normes décidées par vous à l’attention des quelques 400 prêtres qui vont se succéder au sanctuaire d’Ars à l’occasion de la Fête de Saint Jean-Marie Vianney à compter d’aujourd’hui. Mais que craignez-vous donc ?
Craignez-vous l’absence de docilité des prêtres désireux de sanctifier leur âme par la célébration selon l’ancien rite, ou pire, de prêtres soucieux du bien des âmes des fidèles qui souhaitent se sanctifier par ce même trésor liturgique de l’Eglise ?
Dans ce cas, votre priorité serait, malgré la distance de Lisbonne à Ars, de pouvoir continuer à surveiller, interdire et punir ? Votre conception du ministère d’Evêque serait-elle celle du cléricalisme tant fustigé par le Pape François ?
Craignez-vous que le succès du Pèlerinage de Chartres à la dernière Pentecôte, avec 16.000 pèlerins venus marcher, prier et célébrer dans la forme liturgique ancienne, ne contamine votre diocèse ?
Craignez-vous que des jeunes – qui sait, peut-être même des jeunes de votre diocèse – ne rejoignent ceux que vous qualifiez avec un brin de mépris de « personnes qui ont besoin d’encore un peu de temps » pour abandonner le rite multiséculaire de l’Eglise romaine ? Dans ce cas, que faites-vous de cette définition de l’Eglise synodale donnée par le Pape François : « un lieu ouvert où chacun se sent chez lui et peut participer » ? L’Eglise synodale serait-elle pour vous l’Eglise de l’exclusion de la minorité ?
Enfin, pourquoi craignez-vous que l’offrande rédemptrice du corps et du sang du Christ puisse être célébrée dans le rite qui en restitue le mieux toute la profondeur sacrificielle d’une manière immuable ? Quel sens aura alors cette phrase célèbre du saint Curé d’Ars :
« Toutes les bonnes œuvres réunies n’équivalent pas au sacrifice de la messe, parce qu’elles sont les œuvres des hommes, et la sainte messe est l’œuvre de Dieu. » ?
Monseigneur, nous vous en prions, laissez à vos fidèles et aux pèlerins d’Ars la grâce de pouvoir assister à « l’œuvre de Dieu » dans le rite qui se célébrait à l’époque de Saint Jean-Marie Vianney. Vous verrez : vous n’avez rien à craindre.