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L'Eglise : Vie de l'Eglise

L’eucharistie n’est pas un rite de socialisation

Le cardinal Ennio Antonelli a été le président du Conseil pontifical pour la famille et c’est lui qui a été chargé de l’organisation des deux Rencontres mondiales des familles qui ont précédé celle qui va avoir lieu prochainement à Philadelphie : celle de Mexico en 2009 et celle de Milan en 2012. Il a été archevêque d’abord de Pérouse et ensuite de Florence, ainsi que, pendant six ans, secrétaire de la conférence des évêques d’Italie. Il fait partie du mouvement des Focolari.

Il participe activement à la discussion qui a lieu actuellement autour du synode et vient de publier un ouvrage. Extraits :

E"[…] Il est vrai que l’eucharistie est nécessaire pour le salut, mais cela ne veut pas dire que seuls ceux qui reçoivent ce sacrement sont effectivement sauvés. Un chrétien non catholique – ou même un croyant d’une autre religion qui n’est pas baptisé – pourrait être plus uni spirituellement à Dieu qu’un catholique pratiquant et, malgré cela, il ne peut pas être admis à la communion eucharistique parce qu’il n’est pas en pleine communion visible avec l’Église.

L’eucharistie est le sommet et la source de la communion spirituelle et visible. La visibilité est également essentielle, dans la mesure où l’Église est le sacrement général du salut et le signe public du Christ sauveur du monde. Cependant les divorcés remariés et les autres personnes qui vivent ensemble dans des conditions irrégulières sont, malheureusement, dans une situation objective et publique d’opposition grave vis-à-vis de l’Évangile et de la doctrine de l’Église.

Dans l’actuel contexte culturel de relativisme, l’eucharistie risque d’être banalisée et réduite à l’état de rite de socialisation. Il est déjà arrivé que des personnes qui n’étaient même pas baptisées se soient approchées de la table de communion, parce qu’elles pensaient faire ainsi un geste de courtoisie, ou que des incroyants aient réclamé le droit de communier à l’occasion d’un mariage ou de funérailles, simplement pour manifester leur solidarité envers leurs amis. […]

Admettre les divorcés remariés et les concubins à la table de communion implique une séparation entre la miséricorde et la conversion qui ne paraît pas en harmonie avec l’Évangile. Il s’agirait là de l’unique cas de pardon sans conversion. Dieu accorde toujours son pardon ; mais on ne peut le recevoir que si l’on est humble, si l’on reconnaît que l’on a péché et si l’on s’engage à changer de vie. Au contraire le climat de relativisme et de subjectivisme éthico-religieux qui règne actuellement favorise l’autojustification, en particulier dans le domaine affectif et sexuel. On a tendance à minimiser sa propre responsabilité, en attribuant les éventuels échecs aux conditionnements sociaux. D’autre part il est facile d’attribuer la responsabilité de l’échec à l’autre conjoint et de se proclamer innocent.

Toutefois il ne faut pas dissimuler le fait que, si la responsabilité de l’échec peut dans certains cas incomber à un seul des deux conjoints, au moins la responsabilité de la nouvelle union (illégitime) incombe aux deux partenaires et c’est principalement cette union qui, tant qu’elle dure, empêche l’accès à l’eucharistie. La tendance à porter sur la seconde union un regard positif et à considérer que seule la séparation qui l’a précédée est un péché n’a pas de fondement théologique. Il ne suffit pas de faire pénitence uniquement pour cette séparation. Il faut changer de vie.

Habituellement, les gens qui sont favorables à l’accès des divorcés remariés et des concubins à la communion eucharistique affirment que l’indissolubilité du mariage n’est pas mise en discussion. Cependant, au-delà de leurs intentions, étant donnée l’incohérence doctrinale qui existe entre le fait d’admettre ces personnes à l’eucharistie et l’indissolubilité du mariage, on finira par nier, dans la pratique concrète, ce que l’on continuera à affirmer théoriquement comme un principe, ce qui risquera de réduire le mariage indissoluble à un idéal, beau peut-être, mais réalisable uniquement par quelques personnes chanceuses. […] On peut prévoir que la communion eucharistique des divorcés remariés et des personnes qui vivent en concubinage va, elle aussi, devenir rapidement un fait généralisé. À ce moment-là, parler de l’indissolubilité du mariage n’aura plus beaucoup de sens et la célébration même du sacrement de mariage perdra sa valeur pratique."

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