Hier soir sur France 2, Philippe de Villiers a souhaité que soit ouvert en France le débat sur l’euro, avant d’ajouter qu’à son avis, la monnaie unique est condamnée.
L’hebdomadaire allemand Stern a brisé le tabou en révélant qu’une réunion de travail entre le ministre des Finances Hans Eichel et des cadres de la Bundesbank aurait eu pour thème l’abandon de l’euro. La une du Stern du 2 juin montre l’aigle germanique en train de s’étouffer en avalant un euro : on nous avait promis la croissance, le plein emploi et la stabilité des prix ; nous avons la stagnation, le chômage et la vie chère. Les Allemands ont même créé un mot : “Teuro”, contraction de “teuer” (cher) et d’“euro”. La semaine dernière, un sondage donnait 56 % des Allemands favorables au retour du deutschemark.
Le mouvement de contestation de l’euro a gagné l’Italie : deux ministres ont vivement critiqué la monnaie européenne, Roberto Calderoli, appelant à la création d’une nouvelle lire liée au dollar et, pourquoi pas, circulant concurremment avec la monnaie européenne. Son collègue Roberto Maroni demande carrément un référendum sur le retour à la lire.
La réaction de l’establishment monétaire européen vise à empêcher tout débat : l’abandon de l’euro est une hypothèse "absurde" selon Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, et Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, suggestion démagogique et "largement déplacée" pour Otmar Issing, économiste en chef de la BCE.
Une constatation s’impose : ni le Royaume-Uni, ni le Danemark, ni la Suède ne participent à l’Union monétaire. Le taux de chômage y est pourtant moitié moins élevé qu’en zone euro. Le Danemark et la Suède sont en excédent budgétaire, et le Royaume-Uni peut se permettre un déficit supérieur à 3% du PIB, car son endettement n’est que de 45 % du PIB. Il dépasse 65% chez nous. Ces trois pays connaissent un niveau de vie supérieur à celui de la France, de l’Allemagne et de l’Italie, les trois grandes économies de la zone euro.
Le débat est désormais ouvert en France. Il aura évidemment une incidence déterminante dans la conduite de la politique intérieure.