Extrait d'un article du père Edouard-Marie Gallez, à propos des attentats, de l'islam et de l'immigration :
"[…] D’abord, le principe d’équité a été bafoué. On ne traite pas de la même façon un père de famille réfugié avec femme et enfants, et un célibataire qui s’est fait faire des faux papiers en Turquie pour se faire passer pour un Syrien – ce qui est un cas fréquent. La non-discrimination est un principe contraire à la justice quand il s’agit de s’accorder sur un projet d’avenir commun. L’absence de discrimination, c’est la caractéristique de la bombe atomique et de la mort : tout le monde meurt. Si chacun a droit à ses convictions personnelles, la société civile a le droit de demander aux demandeurs d’asile quelles sont leurs intentions par rapport à elle et de les traiter en conséquence. On admet que les sociétés privées sondent les intentions et actions passées des candidats à l’embauche (ce qui est l’exemple même de discriminations) ; pourquoi la société civile ne devrait-elle pas le faire ? Il ne s’agit pas de refouler, ce qui est illusoire, mais de prévoir différents types ou degrés d’accueil, selon les situations. Et dans des lieux différents.
Mais voilà : l’exercice d’une telle équité suppose des valeurs de référence, que la sphère politico-médiatique au pouvoir s’acharne à détruire depuis des décennies. Une autre cause de paralysie est le respect obséquieux qui y règne à l’égard de l’islam ; mais il n’est souvent que le reflet inversé de la haine de ces valeurs qui permettent à toute civilisation d’émerger et de se maintenir – et dont témoignent les diverses civilisations chrétiennes de l’histoire. Ajoutons-y le facteur de la corruption. Et voilà la société civile en péril. Elle fonctionne d’ailleurs de moins en moins.
Le flot des migrants était prévisible. Ce fut une aberration que de l’envoyer, sans aucun tri équitable au préalable, dans nos villes et bourgades comme si chacune d’entre elles avait la capacité de gérer un tel problème – les lois ne leur en donnent même pas les moyens. Nos gouvernants ont refusé d’organiser un accueil juste, humain et surtout équitable, impliquant des choix et des aiguillages. On ne laisse pas des réfugiés chrétiens au milieu d’hommes musulmans, et ceci vaut aussi pour les femmes et les filles qui subissent des violences sexuelles dans les centres de transit ou même d’accueil. Au reste, ce qui s’est passé à Cologne et dans d’autres villes allemandes la nuit de la Saint-Sylvestre reflète le quotidien de ces centres (mais les nouveaux immigrés ne furent pas les seuls impliqués). On peut y voir aussi un pendant des viols qui ont lieu en Suède depuis des années mais que les médias ont longtemps occulté, la Suède étant l’exemple même du pays qui a reçu des immigrés sans discernement ni engagements de leur part.
Il est possible d’avoir un accueil juste, humain et équitable. Mais aucun décideur ne s’attaquera jamais à ce problème s’il n’est pas soutenu. C’est ici que l’Eglise d’Occident endosse une grosse responsabilité face à la société civile.
L’éclairage de la société civile et le rêve « pluraliste »
Même si beaucoup d’ecclésiastiques ne le croient plus, les chrétiens sont la lumière du monde (Matthieu 5,14) : quel autre groupe humain pourrait l’être et se soucier du bien d’autrui ? Le G20 ? La grande finance ? La franc-maçonnerie ? Des multinationales ? Des sectes ? L’Arabie saoudite ? Il ne faut pas rêver.
Rêver est justement devenu un travers occidental – au sens de rêveries à la traîne des idéologies du moment. Oubliant que Notre Seigneur est le seul sauveur du monde (et qu’il doit venir encore dans la gloire pour le jugement de ce monde), même des chrétiens ont été séduits en nombre par ceux qui prétendaient apporter au monde un salut. […] Enfin – et nous y sommes –, il y a la séduction des rêveries interreligieuses pour lesquelles la vérité est partout et multiforme, tous les phénomènes « religieux » étant déclarés bons en soi et l’important étant de croire en quelque chose. Ce type d’idéologie « mystique », qui, sous le nom de « pluralisme », relativise toute valeur et conforte donc l’argent comme valeur unique, correspond parfaitement aux grands intérêts financiers ; et, au sens de la formule de Karl Marx, son spiritualisme désincarné qui dit apporter la paix au monde grâce à la convergence « des religions » est effectivement un opium du peuple. […]
La recherche de vérité est ce qu’il y a de plus urgent avec des musulmans – et il n’est même plus temps d’imaginer une « réforme » de l’Islam, d’ailleurs illusoire. Beaucoup se rendent bien compte que le paradis qu’on leur promet sur la terre depuis 14 siècles est toujours remis à demain et ressemble plutôt à un enfer (que l’on fuit vers l’Occident). Beaucoup comprennent aussi que la guerre faite au reste de l’humanité, selon l’expression du Président égyptien Sissi, doit avoir une autre explication que la supposée volonté divine. Est-ce ainsi que le monde pourrait être sauvé, s’il faut croire que ce dernier doive l’être comme le disent les chrétiens et les musulmans ? Telles sont les questions à aborder ensemble. À condition, côté chrétien, de connaître ce que Jésus et les Apôtres ont dit sur ces sujets, évidemment. Pour reprendre différentes paroles de Jésus lui-même, les islamistes espèrent que Satan ne sera pas toujours le « Prince de ce monde », lui qui est « le père du mensonge et de l’homicide ». Il est effectivement juste de croire que le monde sera un jour libéré de l’emprise du mal. Mais comment le sera-t-il ? Voilà le nœud. […]
Sans dialogue urgent en vérité et axé sur le combat commun contre le Mal, les populations musulmanes seront laissées à elles-mêmes c’est-à-dire à la merci des pires endoctrinements et des groupes islamistes (tous plus ou moins manipulés par divers intérêts), et l’Europe va connaître des campagnes de terreur, et bientôt des foyers de guerre civile – comme on en voit dans d’autres parties du monde. 2016 est peut-être la dernière année (de Miséricorde) qui est donnée à l’Eglise institutionnelle qui est en Europe pour renouer avec une espérance fondée et jouer un rôle positif face à son propre délitement et à celui du continent. […]"