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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Lever les yeux : Viri Galilaei (Chant grégorien)

Lever les yeux : Viri Galilaei (Chant grégorien)

D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:

Autrefois, le chant liturgique avait une fonction si importante et si précise que les dimanches étaient désignés par le nom de l’introït correspondant. Autrement dit, le chant liturgique était si distinctif qu’il permettait de distinguer un dimanche d’un autre. Il y avait, par exemple, le dimanche Laetare pendant le Carême ou le dimanche Gaudete pendant l’Avent. Pour la fête de l’Ascension, l’introït est Viri Galilaei : « Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous à regarder le ciel ? Ce Jésus, qui vous a été enlevé et est monté au ciel, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’élever au ciel. Alléluia » (Actes 1,11). La mélodie grégorienne de cet introït est qualifiée par le bienheureux Alfredo Ildefonso Schuster de « l’une des plus sublimes du répertoire grégorien » (Liber Sacramentorum). Il est certain que la mélodie, avec son début ascendant, semble presque nous permettre de suivre l’ascension de Notre-Seigneur vers les cieux. Il faut noter que le texte de l’introït, dans le vetus ordo, est également utilisé pour l’offertoire, mais avec une mélodie différente. Revenant à l’introït, nous observons comment la belle mélodie en mode septième nous conduit à contempler cette montée vers le ciel, non seulement dans l’ouverture célèbre, mais aussi dans l’Alleluia final. Malheureusement, dans la forme ordinaire, il est rare que nous ayons l’occasion d’entendre ces joyaux — et cela constitue sans doute une grande perte.
Commentant ces paroles de l’introït pour la fête de l’Ascension, dom Prosper Guéranger, dans L’Année liturgique, écrivait :
« Les disciples tenaient encore les yeux fixés au ciel, lorsque soudain deux Anges vêtus de blanc se présentèrent à eux et leur dirent : “Hommes de Galilée, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus qui vous a quittés pour s’élever au ciel reviendra un jour en la même manière que vous l’avez vu monter.”
Ainsi, le Sauveur est remonté, et le Juge doit un jour redescendre : toute la destinée de l’Église est comprise entre ces deux termes.
Nous vivons donc présentement sous le régime du Sauveur ; car notre Emmanuel nous a dit que “le Fils de l’homme n’est pas venu pour juger le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui” ; et c’est dans ce but miséricordieux que les disciples viennent de recevoir la mission d’aller par toute la terre et de convier les hommes au salut, pendant qu’il en est temps encore.
Quelle tâche immense Jésus leur a confiée ! Et au moment où il s’agit pour eux de s’y livrer, il les quitte !
Il leur faut descendre seuls cette montagne des Oliviers d’où il est parti pour le ciel. Leur cœur cependant n’est pas triste ; ils ont Marie avec eux, et la générosité de cette Mère incomparable se communique à leurs âmes.
Ils aiment leur Maître ; leur bonheur est désormais de penser qu’il est entré dans son repos. Les disciples rentrèrent dans Jérusalem, “remplis d’une vive allégresse”, nous dit saint Luc (Lc 24,52), exprimant par ce seul mot l’un des caractères de cette ineffable fête de l’Ascension, de cette fête empreinte d’une si douce mélancolie, mais qui respire en même temps, plus qu’aucune autre, la joie et le triomphe.
Durant son Octave, nous essayerons d’en pénétrer les mystères et de la montrer dans toute sa magnificence ; aujourd’hui nous nous bornerons à dire que cette solennité est le complément de tous les mystères de notre divin Rédempteur, qu’elle est du nombre de celles qui ont été instituées par les Apôtres eux-mêmes ; enfin, qu’elle a rendu sacré pour jamais le jeudi de chaque semaine, jour rendu déjà si auguste par l’institution de la divine Eucharistie. »
Jésus ne nous laisse pas seuls, car il sera avec nous jusqu’à la fin des temps et nous confie aux soins de sa Mère.
N’avons-nous pas parfois l’impression que le Fondateur abandonne son Église ? Il est vrai que nous sommes souvent saisis de découragement en voyant l’Église suivre une direction qui nous semble contraire à sa mission. Pourquoi ne la quittons-nous pas ? Parfois, la tentation est bien réelle.
Mais nous devons croire qu’avec Jésus, nous aussi pouvons monter vers les hauteurs célestes, malgré tant d’indignité dans l’Église.
Souvent, il ne nous reste qu’à fermer les yeux et à croire à sa promesse infaillible.

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