Lors de sa présentation des nouveaux forfaits Free Mobile, Xavier Niel a pointé les dérives de ses concurrents. Sur Atlantico, Emmanuel Combe déclare :
"Nous pouvons considérer qu’il y a deux pans de l’économie qui cohabitent en France. D’un côté, une industrie et des services aux entreprises qui sont largement ouverts aux vents de la concurrence, en particulier internationale, avec beaucoup de nouveaux venus qui viennent en permanence défier les leaders historiques. De l’autre côté, nous avons une partie du secteur des services à la personne qui est encore abritée des vents salutaires de la concurrence et où il y aurait sans doute beaucoup à faire. […] Prenez l’exemple des taxis parisiens : voilà un marché qui n’a quasiment pas bougé depuis 70 ans. Nous avons 16500 taxis aujourd’hui, il y en avait 25000 en 1925, est-ce bien normal ? […] Mais il est quasi impossible de réformer ce secteur, compte tenu du prix élevé des licences ; à moins de les racheter au prix fort, ce qui est délicat dans un contexte de tension budgétaire.
Autre sujet, assez tabou en France, celui des pharmacies. Le groupe Leclerc s’est d’ailleurs battu dans le passé pour pouvoir ouvrir une chaine de pharmacies mais il n’a jamais réussi à lever l’obstacle juridique. En France, les chaines de pharmacie sont toujours interdites, alors qu’il s’agirait d’un moyen efficace de rationnaliser les coûts et l’offre. Il y a aussi l’éternel débat sur les médicaments sans ordonnance et les contours de la parapharmacie. Est-il normal que l’aspirine ou les tests de grossesse ne puissent être vendus en dehors des officines pharmaceutiques ? Vous noterez qu’il ne s’agit pas ici d’ouvrir à la concurrence le segment des médicaments avec ordonnance, pour lesquels le rôle du pharmacien doit rester central. […]
En France, nous n’avons pas de problèmes d’entrepreneurs ou de création d’entreprises. De nombreuses personnes entreprennent tous les jours, osent des projets. Le problème de la France c’est que nous avons très peu d’entreprises dont la taille augmente vite : les petits restent petits et les leaders sont souvent les mêmes depuis des décennies. C’est une différence essentielle avec les Etats-Unis. Or, seule des entreprises suffisamment grandes et en croissance peuvent venir défier les opérateurs historiques car elles ont les moyens de prendre des risques et les reins solides pour livrer une bataille de prix. Les petits n’en ont pas vraiment les moyens et sont condamnés à faire de la figuration. D’ailleurs, regardez qui est venu défier Air France dans notre pays : une firme comme Easyjet, qui avait les ressources suffisantes pour tenter sa chance ; regardez qui a challengé la grande distribution alimentaire au cours des années 2000 : des firmes allemandes comme Lidl et Aldi, qui sont aussi des nouveaux géants. […]
Selon moi, il y a en France des gisements inexploités de pouvoir d’achat et surtout d’emploi dans les services à la personne. Pour faire jaillir ces gisements, cela suppose d’abord une volonté politique d’ouverture des marchés. Il ne faut pas oublier que Free a pu rentrer dans le marché de la téléphonie grâce à une décision politique forte : l’octroi d’une quatrième licence en 2009."
Arnaud
Pour ce qui concerne le cas Free, se souvenir que Sarkozy a tout fait pour bloquer l’arrivée d’un 4e opérateur mobile dans la mesure ou les patrons des trois opérateurs historiques sont de ses amis. en tout cas pour ce qui concerne Bouygues et Vivendi.
Il y a en France un échange de bon procédé entre politiques et quelques industrieux qui sont dans la place et ont fermement l’intention d’y rester.
On a très tardivement dénoncé les collusions du pouvoir tunisien mais je ne susi pas certain que la france soit nécessairement beaucoup plus vertueuse.
HV
Sans oublier l’instruction scolaire. Comme Free l’a fait avec les tarifs excessifs de ses concurrents, il est temps qu’une vraie concurrence revele qu’il n’y a aucune raison que l’instruction d’un lyceen coute 1000 euros/mois, comme c’est le cas dans l’EdNat.
Machin
Ce genre de blocage rappelle l’ancienne exclusivité des pharmacies pour la vente des eaux minérales.
L’édit d’Henri IV, de 1605, réglementant pour la première fois la protection des eaux minérales, avait eu bien le temps de perdre de sa nécessité dans les années 1950-70 :)
Petit résumé historique, passant même par les pharmaciens vendeurs-prospecteurs du XIXe !
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_2004_num_92_344_5717
RL
N’oublions pas le monopole public des assurances santé et retraite qui gagneraient largement à s’inspirer du modèle privé des mutuelles professionnelles d’avant guerre.
François
Il pourrait ajouter que le fondateur de Free a pu également rentrer dans ce marché grace à l’argent gagné dans les sites pornographiques!
PG
Ceci posé, réclamer la création de grands réseaux de distribution pour créer de la concurrence est assez illusoire : les 3 opérateurs de téléphonie mobile français ont été condamnés plusieurs fois à des amendes de plusieurs centaines de millions d’Euros records pour entente illégale, mais leurs dirigeants savent bien que leurs marges couvrent les amendes, et que leurs infractions ne leur vaudra même pas une peine de prison avec sursis. Idem pour les banques françaises condamnées pour oligopole et entente sur les tarifs des frais bancaires, les plus élevés d’€urope
Ce qui ouvre à la concurrence c’est l’accès de concurrents aux réseaux existants, téléphoniques, informatiques, électriques, ferrés, télévisuels, etc…., car c’est nous consommateurs qui les avons payés, et il serait logique qu’on nous permette de choisir vraiment celui qui peut les utiliser et pour le profit réel et social de chacun de nous et non les marges de qq actionnaires, abusant de leur situation.
En France ce qu’on appelle libéralisme économique n’est qu’un capitalisme d’Etat : les monopoles de fait de qq lobbys ou entreprises qui ne vivent que grâce à la protection de l’Etat. Pour justifier l’anti économisme de la gauche il n’y a rien de mieux : mais au pouvoir, la gauche ne fait rien, car tous les politiques savent qu’en France, quasiment aucun grand groupe ne dépend pas de l’Etat, soit directement soit par le financement bancaire, autre chasse gardée de moins en moins concurrentielle.
Supprimer les officines privées de pharmacie ne résoudra que les problèmes logistiques des grands groupes : ils supprimeront toutes les pharmacies, comme cela est déjà le cas de l’alimentaire et de ses métiers, des librairies bientôt et des disquaires déjà. En quoi et sur quoi le consommateur y gagne t il ?
Une société de liberté économique est celle où un grand groupe peut être concurrencé, voire anéanti économiquement par de petits concurrents, et non le contraire.
Car ce qui fait la liberté, ce n’est pas le seul argument du prix : mais précisément la liberté de choix et la transparence qui en est une des conditions.
Voir la DSE.
François
Bien sûr. Et quand nous n’aurons plus que trois ou quatre distributeurs pharmaceutiques géants, ils ne seront évidemment pas tentés de s’entendre avec les grands laboratoires qui eux ne seront pas tentés de les contôler et tout ça pour le plus grand bien des consommmateurs. Les prix seront fixés dans la plus grande transparence, sans marge arrière par exemple. Quant au personnel qui ne sera pas sous-payé, il sera beaucoup plus souriant et motivé que celui des grandes surfaces. Enfin, le gouvernement ne se sentira pas obligé de légiférer tout les quatre matins pour prévenir des magouilles qui n’existeront pas. Bref, que du bonheur!
Faites entrer le loup dans la bergerie et les petits moutons seront contents, je vous en fait le pari.
Gilles
100% d’accord avec François
F.A
Vu sur Wikipédia :
” … … …
Il teste le potentiel du minitel dès 1983, alors qu’il est lycéen[réf. nécessaire]. Il débute son parcours professionnel en 1984 en créant des services de minitel rose5, des peep-shows et sex-shops6. En 1987, il arrête sa classe préparatoire scientifique pour se lancer à plein temps dans une entreprise de services par minitel7. Il rachète en 1991 Fermic Multimedia, un éditeur de services de minitel rose créé dans les années 1980, et le rebaptise Iliad8. Il en restera actionnaire majoritaire (66,5 % du capital en 2008).
… … … ”
Papon
La revolution française a eu pour seul effet, comme le prophetisait Marat, de substituer une aristocratie de l’argent à l’aristocratie de la noblesse; nous n’avons pas gagné au change, il n’est que de regarder la vulgarité affligeante de nos “princes”.