Jean-Frédéric Poison écrit dans une tribune :
"Dimanche soir 23 avril, la droite et le centre ont payé quelques décennies d'atermoiements, son incapacité à assumer une ligne conservatrice, et le manque de cohérence de son projet politique. Tout cela lui a coûté une place au second tour, que pourtant, chacun lui croyait garantie en novembre dernier.
Comme tout le paysage politique français, la droite est traversée par un clivage marqué entre, d'un côté, ceux qui sont favorables à la domination de l'économie de marché et, de l'autre, ceux qui considèrent que la première valeur à défendre est la dignité humaine et tout ce qui la protège: la famille, la nation, et les corps intermédiaires. Si les Républicains ont tant de mal à tomber d'accord sur un positionnement clair pour l'entre-deux tours, c'est qu'ils n'ont pas souhaité trancher sur une ligne idéologique. Or, dans ce contexte d'affaiblissement généralisé des formations politiques, un parti n'est audible que s'il est capable de défendre une ligne politique claire sur laquelle tout ses membres s'accordent, du moins sur les sujets fondamentaux.
La rapidité avec laquelle des cadres LR se sont jetés dans les bras de Macron provoque un terrible dégoût chez les sympathisants de droite qui ne se reconnaissent plus dans ce parti, dont les primaires avaient déjà souligné le fossé qui sépare les cadres du parti et ses militants. L'explosion en plein vol de la droite à laquelle nous assistons depuis dimanche dernier appelle la constitution d'une force politique résolument de droite. Celle-ci devra assumer son discours conservateur sur le plan social et cesser de courir après la gauche et son culte du progressisme. Mai 68 a créé une forme de "complexe de droite" qui a trop longtemps rendu la droite incapable de remplir son rôle. Ce qu'il s'agit de conserver, ce sont d'abord les solidarités naturelles (famille, communautés locales, associations représentative, nation) car elles sont les garantes de la cohésion sociale et de la protection des plus fragiles.
La droite que nous appelons de nos vœux devra également défendre un modèle de société dans lequel l'économie doit rester soumise à la politique, c'est-à-dire à la vie sociale. Cela implique qu'elle soit une économie de solidarité, ordonnée à la juste répartition des richesses qu'elle crée. Le véritable enjeu de ces prochaines années n'est plus seulement de savoir comment produire suffisamment de richesses, mais de savoir comment les répartir. Enfin, une société ne peut être ni juste ni prospère si elle ne repose pas sur la confiance dans la responsabilité individuelle des acteurs. Cela vaut autant en économie qu'en politique. Cela implique de défendre la liberté et l'initiative personnelle, dans le cadre des exigences de la vie sociale. Cette conception subsidiaire de la société doit aussi être au fondement de la refondation de l'Union européenne. La souveraineté nationale n'est pas négociable.
C'est sur ces points fondamentaux que j'ai fondé mon programme pour les primaires de la droite et du centre et c'est le projet que j'ai défendu dans l'hémicycle, quelles que soient les consignes de vote ou les pressions partisanes. L'heure est désormais à la clarification idéologique et à la recomposition de l'échiquier politique. Il faudra trouver les moyens d'occuper cet espace politique avec une formation politique résolument ancrée sur le côté droit de l'échiquier. C'est à quoi je m'emploie. Cet espace politique existe et je m'engage à prendre ma part de responsabilité dans la création de cette formation."
Cette formation devra clairement envisager des alliances locales, voire nationales, avec le Front National.